Un océan aurait recouvert la planète naine Cérès
Autrefois considérée comme une caractéristique unique de la Terre, il a été prouvé que l’eau existe ou existait autrefois sur la Lune, Vénus, Mars, Pluton, Encelade, Titan, Charon et Cérès. Deux nouvelles études se sont concentrées sur cette dernière, en utilisant les données recueillies par la mission Dawn de la NASA pour déterminer que la croûte salée et glacée de la planète naine pourrait être les restes d’un ancien océan global et qu’il y a encore de l’eau liquide sous sa surface.
Image d’entête : la carte à code couleur (à droite) montre les mesures de gravité de la planète naine Cérès, qui révèle des données sur sa structure interne (NASA/ JPL-Caltech/ UCLA/ MPS/ DLR/ IDA)
Depuis que la sonde spatiale Dawn est entrée dans l’orbite de Cérès, en mars 2015, la sonde a repéré de la glace dans des cratères aux pôles, elle a examiné ses mystérieux points lumineux et elle a clairement détecté des signes de molécules organiques. Maintenant, deux nouvelles études de la composition interne et de la structure de la planète naine suggèrent qu’elle était autrefois couverte d’un océan. Si c’est le cas, l’eau manquante est enfermée dans la croûte terrestre, constituée de glace, de sels et de matières hydratées, tandis que certaines traces peuvent encore exister à l’état liquide plus bas.
Selon Julie Castillo-Rogez, coauteur des deux études :
De plus en plus, nous apprenons que Cérès est un monde complexe et dynamique qui pourrait avoir abrité beaucoup d’eau liquide par le passé, et qui peut encore en avoir sous terre.
La première des nouvelles études visait à déterminer la structure interne et la composition de la planète naine, en utilisant les données de forme et de gravité recueillies par Dawn. Les scientifiques ont comparé les modèles de la gravité de Cérès avec ce que Dawn a observé, et ils ont trouvé des différences sur quatre points de repère majeurs : trois cratères appelés Occator, Kerwan et Yalode, et une grande montagne nommée Ahuna Mons. Cela suggère que ces points de repère sont le résultat d’anomalies de gravité, et donne du poids à l’idée que Cérès est actuellement géologiquement active.
Une précédente Image obtenue en 2015 du cratère Occator et ses taches lumineuses en son centre photographiées par la sonde Dawn. (NASA/JPL-Caltech/UCLA/MPS/DLR/IDA)
En étudiant la croûte de Cérès, l’équipe a découvert quelque chose d’étrange : sa densité est proche de celle de la glace, mais elle est beaucoup trop forte pour que la glace en soit l’élément principal. Et c’est là que la deuxième étude arrive : cette même équipe a modélisé comment la surface de la planète naine aurait changé au fil du temps, pour déterminer de quoi est faite sa croûte.
Selon le modèle, la croûte est probablement un mélange de glace, de sels, de roche et d’hydrates de clathrate, un solide cristallin où des molécules d’eau entourent et piègent des molécules de gaz. Au total, cette combinaison est à peu près aussi dense que de la vieille glace, mais elle peut être jusqu’à 1000 fois plus forte, ce qui explique à la fois la composition de la croûte terrestre et le sort de l’ancien océan.
Le modèle topographique a également révélé que la surface de Cérès était autrefois plus montagneuse, mais ces caractéristiques se sont estompées au cours des derniers milliards d’années. Pour que cela se produise, la croûte doit être posée sur une couche de neige fondue, qui contient probablement de l’eau liquide.
Les deux études publiées dans The Journal of Geophysical Research : Constraints on Ceres’ internal structure and evolution from its shape and gravity measured by the Dawn spacecraft et dans la revue Earth and Planetary Science Letters : The interior structure of Ceres as revealed by surface topography, présentées sur le site du JPL de la NASA : Dawn Finds Possible Ancient Ocean Remnants at Ceres.