Le plus gros iceberg est en passe de se détacher de l’Antarctique
La plate-forme de glace du Larsen C, de la barrière de Larsen en Antarctique, se rapproche de la rupture et, lorsque ce sera le cas, elle devrait former l’un des plus grands icebergs jamais enregistrés. Le satellite CryoSat de l’ESA le surveille de l’espace et les scientifiques de la mission ont maintenant estimé les dimensions de cet iceberg en devenir et où il pourrait dériver.
En image d’entête représentation du futur iceberg du larsen C (Université d’Edinburgh–N. Gourmelen/ ESA)
Ci-dessous, entourée, la barrière de Larsen en Antarctique avec indiquée par une flèche la plate-forme de glace du Larsen C. (NASA)
Au cours des derniers mois, la fissure entre le Larsen C et la partie continentale de l’Antarctique s’est agrandie d’environ 10 m par jour et elle s’accélère. La fissure s’étend maintenant sur environ 200 km à travers la glace, à seulement 5 km entre elle et l’océan. Lorsqu’il se détachera, l’iceberg résultant aura une superficie d’environ 6 000 km2.
Plusieurs satellites ont les yeux rivés sur la glace, comme les satellites Sentinel-1 qui suivent le développement de la fissure, tandis que le CryoSat surveille la hauteur et l’épaisseur changeantes de la glace à l’aide d’un altimètre radar, dans le but d’étudier comment le climat affecte le volume de glace de notre planète.
Représentation du CryoSat. (ESA)
Selon Noel Gourmelen, chercheur sur le projet :
En utilisant les informations du CryoSat, nous avons cartographié l’élévation de la glace au-dessus de l’océan et établi que l’iceberg éventuel aura une épaisseur d’environ 190 m et contiendra environ 1 155 km3 de glace. Nous avons également estimé que la profondeur au-dessous du niveau de la mer pourrait atteindre 210 m.
Un iceberg de cette taille pourrait engendrer de gros problèmes s’il dérive dans les voies maritimes ou vers les sites de recherche, de sorte que le Sentinel-1 et le CryoSat continueront à le surveiller après son décrochage. Il y a quelques années, un vaste iceberg de la barrière de Brunt a un peu angoissé les scientifiques de la base antarctique Halley. Il y a eu aussi celui du glacier de l’île du Pin.
Selon Anna Hogg, chercheuse à l’université de Leeds (Angleterre) :
Les mesures du CryoSat ont montré que l’iceberg de Brunt faisait environ 390 m, donc trop épais pour se rapprocher du rivage puisque la mer est peu profonde ici. En ce qui concerne ce nouvel iceberg du Larsen C, nous ne sommes pas sûrs de ce qui se passera. Il pourrait, en fait, même se mettre en morceaux ou se briser peu de temps après. En entier ou en morceaux, les courants océaniques pourraient le traîner vers le nord, même jusqu’aux îles Falkland. Dans l’affirmative, cela pourrait constituer un danger pour les navires du passage de Drake. Ce qui est certain, c’est que nous continuerons à utiliser le CryoSat pour garder un contrôle sur sa progression.
La surveillance continue a aidé les scientifiques à développer une estimation générale de l’endroit où les icebergs ont tendance à dériver, ce qui peut aider à fournir un système d’alerte préventif pour tous les dangers potentiels que cela comporte.
Selon Mark Drinkwater, de l’ESA :
Notre effort historique pour suivre de grands icebergs montre que ceux de la mer de Weddell occidentale se retrouvent dans le courant circumpolaire de l’Antarctique ou dans l’Atlantique Sud. Il semble que seuls les icebergs de la barrière de Ross restent dans le courant côtier Ouest et s’approchent de la barrière de Brunt.
Et comme votre Guru l’écrivait en 2015, pour le Larsen B :
Ces barrières de glace agissent comme des gardiens des glaciers découlant de l’Antarctique et se dirigeant vers la mer. Sans ces plateaux de glace, entravant leurs progressions, les glaciers pénètreront l’océan plus rapidement et accélèreront la vitesse de l’élévation du niveau de la mer. Après l’effondrement du Larsen B en 2002, l’accélération des glaciers derrière le segment a été multipliée par 8.
Une vidéo de février 2017 par le British Antarctic Survey présentait la fissure du Larsen C :
Sur le site de l’ESA : Giant iceberg in the making.