Avec quelle force un Tyrannosaurus Rex broyait-il les os de ses malheureuses victimes ?
Peu d’animaux captent l’imagination comme le Tyrannosaurus Rex, même si ce n’était pas le plus grand prédateur sur Terre et qu’il pouvait avoir un air de famille avec les oiseaux. Mais une nouvelle étude montre que ce roi à son époque peut encore mériter sa couronne, grâce à de terrifiantes mâchoires qui pouvaient engendrer l’une des plus puissantes morsures du règne animal. C’est une capacité que le T.Rex a probablement utilisée pour broyer et manger les os de ses malheureuses proies.
Votre Guru a hésité avant de décrire cette étude, car il déteste se répéter… Effectivement, une étude similaire publiée en 2012 par des chercheurs de l’université de Liverpool arrivait à peu près aux mêmes conclusions, mais nous profiterons ici de quelques précisions supplémentaires.
Un groupe de scientifiques de l’université d’État de Floride a commencé par étudier la force de morsure des crocodiles et des alligators, qui sont au sommet de la liste actuelle des animaux dont vous ne voudriez pas vous retrouver entre les dents. En 2012, l’équipe a constaté qu’un crocodile marin produisait une morsure de 16 460 newtons. En comparaison, un humain qui mord vigoureusement dans un steak dépasse à peine les 890 N environ.
En utilisant la musculature de la mâchoire des crocodiles comme point de départ, les chercheurs l’ont comparé avec celle des oiseaux, les plus proches parents modernes des dinosaures, pour créer un modèle du pouvoir de morsure d’un T-rex. Ils ont calculé que le dinosaure pouvait mordre avec une force de 35 586 N, plus de deux fois la force d’un crocodile marin (la précédente étude trouvait de 35 000 à 57 000 N pour les dents du fond). Mais l’équipe souligne que, en termes pratiques, tout ne se résume pas qu’à un chiffre.
Selon le coauteur de l’étude, Gregory Erickson :
Avoir une forte force de morsure ne signifie pas nécessairement qu’un animal peut percer la peau ou broyer les os, la pression des dents est le paramètre biomécaniquement plus pertinent. C’est comme si l’on suppose qu’un moteur de 600 chevaux garantit une vitesse. Dans une Ferrari, bien sûr, mais pas pour un camion à benne basculante.
La pression des dents est déterminée par la façon dont leur forme focalise la pression sur un petit point et les longs crocs en forme de cône du T-rex étaient parfaits pour percer la chair et briser les os.
Morphologie de la dentition d’un T. Rex avec un exemple de pression exercée par une dent. (Erickson/ Science Advances)
Comme pour l’image d’entête, les muscles des mâchoires d’un Tyrannosaurus rex. (Erickson/ Science Advances)
En canalisant la force, une morsure de Tyrannosaure peut atteindre les 30 300 kg par centimètre carré (3 millions de kilopascals (kPa) ou 431 000 livre-force par pouce carré (psi)), ce qui a sans doute aidé l’animal à broyer les os de sa proie pour lui donner un avantage nutritionnel par rapport aux autres prédateurs de son époque. Pour comparer, les crocodiles marins ont été mesurés à 2.5 millions kPa.
Selon Paul Gignac, coauteur de l’étude :
C’est ce savoir-faire en tant que briseur d’os qui a aidé T-rex à exploiter pleinement les carcasses des gros dinosaures à cornes et d’hadrosauridés à bec de canard dont les os, riches en sels minéraux et en moelle osseuse, n’étaient pas disponibles pour des dinosaures carnivores plus petits et moins équipés.
Ce style d’alimentation est très différent des crocodiles modernes, qui mordent pour tuer avant d’intégralement avaler leurs repas. En fonction de leur dentition, ainsi que des marques de morsure trouvées sur les os de Triceratops, les chercheurs suggèrent que le T-rex mangeait en mordant et en mâchant, dans le style des mammifères modernes comme les hyènes et les loups.
Marques de morsures sur le repas fossilisé, un tricératops, d’un ancien T. rex. (Erickson/ Science Advances)
Cela signifie que ce mode d’alimentation est apparu plus tôt que prévu.
L’étude publiée dans Scientific Reports : The Biomechanics Behind Extreme Osteophagy in Tyrannosaurus rex.