Les vers de Terre peuvent survivre et se reproduire dans un environnement martien simulé
Bonne nouvelle pour les futurs agriculteurs martiens : la composition du sol de Mars ne devrait pas empêcher la reproduction des vers de terre, si les expériences ici sur Terre reflètent bien ce à quoi ils pourraient s’attendre sur la planète rouge.
En utilisant des sols martiens simulés (Mars soil simulant) mis au point par la NASA, les chercheurs y ont ajouté des plants de roquettes, un peu de terreau/ fumier et des vers de terre. Ils ont découvert que non seulement les vers se développaient, mais qu’ils produisaient leur première progéniture.
Selon Wieger Wamelink, chercheur principal et biologiste à l’université de Wageningue aux Pays-Bas :
Il est clair que le fumier a stimulé la croissance, en particulier dans le simulant de sol martien, et nous avons vu que les vers étaient actifs.
Cependant, la meilleure surprise est apparue à la fin de l’expérience quand nous avons trouvé deux jeunes vers dans le simulant du sol de Mars.
L’un des vers nés dans le simulant de sol martien. (Wieger Wamelink/ Université de Wageningen)
Ce « Mars soil simulant » est un outil très important dans la recherche pour de futures missions sur Mars. Il a été développé par la NASA sur la base des données obtenues par les astromobiles et les orbiteurs martiens, et sa composition est aussi proche que possible de celle de Mars sur la base des informations disponibles.
Ici sur Terre, il serait techniquement incorrect de l’appeler sol, puisque celui-ci contient des matières organiques, mais les scientifiques planétaires emploient ce mot pour distinguer le matériel plus fin dans le régolithe martien, des roches et du gravier.
Ce simulant de sol peut également être utilisé pour comprendre comment le sol et la poussière sur Mars affecteront les robots mobiles, l’équipement minier et les combinaisons spatiales. Au cours des dernières années, les chercheurs ont également cherché à savoir si les plantes pouvaient être amenées à vivre dans cet environnement.
Nous devons le savoir, car une fois que des humains seront envoyés sur Mars, comme la NASA prévoit de le faire dans les années 2030, ce sera peut être les prémices d’une colonisation martienne et il faudra qu’il s’auto suffise pour se nourrir.
Comme Wamelink et son équipe l’ont démontré en 2016, les légumes peuvent en effet être cultivés dans le sol martien. Pas aussi bien qu’en terre et c’est pourquoi l’équipe essaie maintenant de nouvelles techniques, comme l’ajout de fumier et de vers de terre, qui digèrent les matières végétales en décomposition et les transforment en nutriments, tout en aérant le sol dans lequel elles creusent.
Taux de métaux lourds et de simulant dans les sols de la Terre, la Lune et Mars (université de Wageningen – page Facebook)
Cependant, la météorisation (vieillissement climatique) de Mars est limitée par rapport à la Terre, ce qui signifie que les grains du sol pourraient avoir des arêtes assez vives qui pourraient endommager les voies digestives des vers de terre.
Pour déterminer l’efficacité de leur mélange, l’équipe a préparé une variété de pots plantés de roquette. Ils ont comparé le sol martien au sable argenté, un sable à base de quartz utilisé dans le jardinage pour l’aération du sol. De la roquette a été plantée dans des pots, puis du fumier y a été ajouté et enfin les vers.
(Wieger Wamelink/ Université de Wageningen)
Selon Wamelink :
L’effet positif de l’ajout de fumier ne fut pas inattendu, mais nous avons été surpris qu’il rende le simulant du sol de Mars plus performant que le sable d’argent de la Terre.
Cependant, il existe d’autres obstacles importants à la culture de plantes sur Mars. Ils auraient besoin d’un environnement tempéré pour les empêcher de geler dans le froid rigoureux de Mars et leur permettre d’avoir de l’eau liquide, ainsi que d’une sorte de protection/ bouclier pour les protéger des radiations qui touchent la surface de Mars en raison de l’absence de champ magnétique global.
Ces problèmes pourraient être surmontés avec une serre, mais l’autre gros problème, c’est la lumière. Mars reçoit environ 60% de la quantité de lumière terrestre, ce qui signifie que les plantes sur Mars se développeraient à environ 60% du taux de croissance des plantes terrestres.
Sur le sujet, un concept intéressant : Popeye sur Mars ou comment préparer des épinards pour nos futurs colons.
Pour résoudre ce problème, des chercheurs de l’université d’État de l’Utah ont travaillé avec la NASA au développement de systèmes à fibres optiques pour fournir de la lumière aux plantes en croissance… et des salades qui ont poussé dans l’espace ont déjà été grignotées par des astronautes .
Pendant ce temps, le travail de Wamelink avec des simulateurs de sol continue. Il a déjà déterminé que les légumes cultivés dans le simulant riche en métaux lourds sont comestibles.
À l’avenir, il souhaite effectuer des tests pour déterminer l’effet des niveaux élevés de perchlorate de Mars sur les légumes, un composé qui pourrait être toxique pour les humains.
L’équipe n’a pas encore publié ses recherches. En attendant, vous pouvez vous renseigner sur leur projet et leur financement participatif sur le site : Worms for Mars.