Sonde japonaise Hakuto-R : le premier alunissage privé se solde par un échec
Ispace, une société spatiale privée basée au Japon (à ne pas confondre avec la société chinoise de fabrication de fusée, i-space), a perdu le contact avec sa sonde Hakuto-R alors qu’elle tentait de devenir la première mission privée à se poser sur la Lune ce matin.
Image d’entête : représentation de la sonde spatiale Hakuto sur la surface de la lune avec la Terre en arrière-plan. (iSpace)
Selon Takeshi Hakamada, PDG et fondateur d’iSpace, lors d’une retransmission en direct :
Nous devons supposer que nous n’avons pas pu terminer l’atterrissage sur la surface lunaire. Nos ingénieurs vont continuer à enquêter sur la situation, et nous vous donnerons de plus amples informations lorsque nous aurons terminé l’enquête.
Hakuto-R a été lancé par une fusée Falcon 9 de SpaceX en décembre dernier. Il a emprunté une longue, mais très efficace trajectoire, faisant une boucle au-delà de la lune avant d’utiliser plusieurs ajustements orbitaux et la gravité de la Terre, de la lune et du soleil pour entrer dans l’orbite lunaire le mois dernier. Le 13 avril, après quelques derniers ajustements, elle s’est placée sur une orbite circulaire à 100 km au-dessus de la surface lunaire.
Photo de la Terre lors d’une éclipse lunaire, prise depuis la lune par la sonde Hakuto-R. (ispace)
Au début de sa tentative d’atterrissage, la sonde a plongé derrière la lune, rendant les communications impossibles. L’équipe a rétabli le contact lorsqu’elle a contourné l’horizon lunaire et entamé sa descente. Pendant la retransmission en direct, iSpace a montré une simulation de l’atterrissage. Le trajet vers la surface a commencé par une combustion de décélération et une série d’ajustements d’attitude, qui ont infléchi la trajectoire de la sonde vers la surface et l’ont orientée différemment.
Mais alors qu’elle s’approchait de son site d’atterrissage au cratère Atlas , l’équipe a perdu toute communication. Comme ils avaient été en contact auparavant, Hakamada a déclaré que la cause présumée était un atterrissage brutal sur la surface. Hakuto-R est la deuxième tentative d’atterrissage sur la lune par une entreprise privée. L’atterrisseur Beresheet de SpaceIL s’est écrasé en 2019 lorsque son moteur principal est tombé en panne.
Les visages de l’équipe d’iSpace en disaient long. Ce fut un résultat extrêmement décevant. Toutefois, selon Hakamada, grâce au contact avec la sonde spatiale jusqu’à ses derniers instants, l’équipe a pu recueillir de précieuses données qui seront utilisées lors de futures missions. iSpace a atteint huit des dix étapes de sa mission, démontrant ainsi sa capacité à se rendre sur la lune et à se placer sur une orbite stable. Comme le montrent les récentes tentatives de lancements de Starship de SpaceX et de la fusée Terran 1 de Relativity Space, le développement de nouveaux systèmes spatiaux comporte des risques et, souvent, des échecs.
Image extraite de la rediffusion sur le web d’ispace montre l’atterrisseur Hakuto-R en train de descendre sous le regard de l’équipe de la mission. (ispace)
Selon Hakamada :
Nous continuerons à avancer. Nous n’abandonnerons jamais notre quête.
La société a déjà prévu une deuxième mission pour 2024. Si cet atterrisseur réussit là où Hakuto-R a échoué, l’équipe prévoit d’augmenter la fréquence des voyages sur la Lune. L’entreprise transportera et exploitera des charges utiles scientifiques et gouvernementales et, à plus long terme, elle espère développer et vendre des ressources lunaires. À la fin de l’année dernière, le Japon a accordé une licence à iSpace pour vendre de la poussière lunaire à la NASA, à titre d’essai pour de futures transactions.
Pour Sanae Takaichi, ministre d’État japonais à la politique spatiale :
Si iSpace transfère la propriété des ressources lunaires à la NASA conformément à son plan, il s’agira du premier cas au monde de transaction commerciale de ressources spatiales sur la lune par un opérateur privé. Il s’agit d’un premier pas innovant vers la mise en place d’une exploration commerciale de l’espace par des opérateurs privés.
iSpace fait partie d’une nouvelle vague d’entreprises spatiales qui travaillent en orbite terrestre basse et au-delà. Les fusées réutilisables Falcon 9 de SpaceX ont déjà permis de réduire le coût de l’accès à l’espace, et l’entreprise espère faire un nouveau bond en avant avec sa fusée Starship. SpaceX et d’autres entreprises construisent des infrastructures en orbite, notamment des réseaux d’observation de la Terre et de télécommunications. Parallèlement, la NASA s’associe à des entreprises privées pour développer des stations spatiales commerciales susceptibles de succéder à l’ISS et finance la fusée Starship de SpaceX dans l’espoir qu’elle puisse faire atterrir des astronautes d’Artemis sur la lune.
Si tout se passe comme prévu, la tentative d’alunissage d’iSpace ne sera pas la dernière. Et avec un peu de chance, ce qu’ils ont appris au cours du processus augmentera leurs chances de succès la prochaine fois.
La retransmission de la tentative d’atterrissage. (ispace)
Sur le site de la société ispace : Status Update on ispace HAKUTO-R Mission 1 Lunar Lander.