Les antidépresseurs sont au moins plus efficace qu’un placebo
Le débat sur l’efficacité des antidépresseurs fait rage depuis des années avec un torrent d’études, souvent très convaincantes, affirmant que ces médicaments ne valent pas mieux qu’un placebo, et les recherches pointant vers le contraire sont inévitablement entachées de parti pris pharmaceutique. Une nouvelle méta-analyse de plus de 500 essais, couvrant le plus grand ensemble de données évalué à ce jour, a conclu que les antidépresseurs sont nettement plus efficaces qu’un placebo.
La nouvelle étude de l’université d’Oxford a recueilli des données provenant de 522 essais totalisant plus de 116 000 participants. Afin de minimiser les biais dans les données, les auteurs de l’étude ont contacté les sociétés pharmaceutiques et les chercheurs à l’origine ces essais pour inclure une vaste gamme de données non publiées dans les calculs. Vingt et un antidépresseurs couramment utilisés ont été inclus dans l’étude et, bien que les résultats suggèrent que tous les antidépresseurs étaient plus efficaces qu’un placebo, certains étaient beaucoup plus efficaces que d’autres. Ces derniers étaient l’agomélatine, l’amitriptyline, l’escitalopram, la mirtazapine, la paroxétine, la venlafaxine et la vortioxétine, tandis que les médicaments les moins efficaces étaient la fluoxétine, la fluvoxamine, la réboxétine et la trazodone.
Selon le professeur John Ioannidis :
En rassemblant des données publiées et non publiées provenant de plus de 500 essais contrôlés randomisés en double aveugle, cette étude représente la meilleure base de données actuellement disponible pour guider le choix du traitement pharmacologique chez les adultes souffrant de dépression aiguë. La grande quantité de données a permis des inférences plus concluantes et elle a également permis d’explorer de potentiels biais.
Bien sûr, cette étude n’établit pas que les antidépresseurs sont nécessairement efficaces d’une autre perspective que par rapport au placebo. Andrea Cipriani, responsable de l’étude, note que ces médicaments sont toujours inefficaces chez environ un tiers des patients, «il est donc clair qu’il faut encore améliorer les traitements».
Aucune étude n’est absolue ni définitive et si cela ne peut objectivement nous indiquer que les antidépresseurs fonctionneront pour tout le monde, l’ampleur de la recherche suggère tout au moins que plusieurs des principaux médicaments analysés offrent des taux de réussite plus élevés que les placebos. Toute autre conclusion repousserait les limites de l’étude, car aucun détail en termes d’efficacité liée à l’âge, au sexe ou à la sévérité des symptômes n’a pu être analysé.
Cette recherche élimine, espérons-le, tout stigmate associé à l’utilisation d’antidépresseurs et indique aux patients que ces médicaments peuvent effectivement avoir une valeur clinique dans certaines circonstances.
Selon les chercheurs :
Les antidépresseurs peuvent être un outil efficace pour traiter la dépression majeure, mais cela ne signifie pas nécessairement que les antidépresseurs doivent toujours être la première ligne de traitement, les médicaments doivent toujours être considérés avec d’autres options, comme les thérapies psychologiques.
L’étude publiée dans The Lancet : Comparative efficacy and acceptability of 21 antidepressant drugs for the acute treatment of adults with major depressive disorder: a systematic review and network meta-analysis.
Cette étude rassemble uniquement les résultats des antidépresseurs à court terme, soit 8 semaines environ. Si vous prenez de l’héroïne pendant 8 semaines seulement, il est probable qu’elle aura elle aussi un effet antidépresseur très efficace. Il suffit juste de fermer les yeux sur ce qui va se passer après ces 8 semaines, dans un ou deux ans par exemple. Or justement la majorité des consommateurs d’antidépresseur en prennent pendant plus de 2 ans. C’est ballot qu’on ne parle pas des résultats au-delà de 2 ans, n’est-ce pas? Or la recherche scientifique à ce sujet est claire: les antidépresseurs aggravent la dépression sévère à long terme, et lourdement.
https://psychiatriedroit.wordpress.com/2017/10/31/comme-prevu-les-antidepresseurs-aggravent-la-depression-a-long-terme/
En fait, Andrea Cipriani a commit une fraude scientifique qui consiste à extraire les données qui correspondaient aux objectifs marketing de ses maîtres, et à ignorer les autres données. Il s’est d’abord demandé: « les données scientifiques appuient-elles l’utilisation des antidépresseurs après deux ans? — Non, répond la recherche. — Sur un an? — Non. — Sur 6 mois? — Non. — Sur deux mois? — Peut-être… Donc je vais faire ma méta-analyse sur 8 semaines, et rejeter tout le reste. » Voilà une belle façon de faire de la science!
Évidemment que lorsque vous vous intéressez à la consommation de stupéfiants — qu’ils soient légaux ou illégaux — vous devez vous intéresser aux conséquences à long terme, d’autant plus que l’usage courant des substances psychotropes, notamment les antidépresseurs, est à long terme (à cause de l’accoutumance et du syndrome de sevrage qui ruinent tous les prétendus « avantages » de la toxicomanie!). Et cela justement, les études pro-drogue ne le font jamais.
http://cepuk.org/2018/02/22/antidepressants-work-new-research-proves-nothing-new/
Bonjour,
En general j’aime assez la facon dont vous traitez l’information scientifique et assez souvent, vous trouvez des infos super interessante, bluffantes et pourtant sans trop de putaclic.
Sauf que la, c’est assez dommage, vous sortez les poncifs classiques qui me font justement eviter le milieu scientifique que j’abhore autant que j’aime la science.
Pour le fond de ma critique, le commentaire precedent est bien plus construit que ce que je ne pourrais faire.