Une nouvelle théorie sur la formation de notre Lune redéfinit également les premiers jours de la Terre
Une nouvelle théorie sur la façon dont la lune s’est formée pourrait aussi modifier ce que nous savons du début de la vie sur Terre.
La présence d’or et de platine, dans le manteau de la Terre, est supposée être le résultat d’une forte averse de météorites tombant sur une Terre primitive, mais une nouvelle recherche suggère une autre source, un impact énorme avec un objet qui a percuté notre planète pour créer la Lune.
Selon les géophysiciens, il y a environ 4 milliards d’années, la Terre était soumise à de constantes pluies d’astéroïdes et de météores pendant environ 100 millions d’années, une période appelée le grand bombardement tardif. À ce moment-là, toute vie sur notre planète était constamment en péril.
Ce fait n’a pas été déterminé par les cratères laissés par ces impacts, l’érosion et la tectonique des plaques en ont effacé toutes traces, mais à cause de la présence de certains métaux dans le manteau de la Terre. La surface grêlée de la lune, qui n’a pas d’activité tectonique, contribue également à renforcer cette théorie.
Mais la nouvelle recherche suggère que le bombardement a peut-être été plus tranquille que prévu, car les métaux présents dans le manteau de la Terre pourraient plutôt provenir d’un très gros impact à l’origine de la Lune, environ 500 millions d’années plus tôt.
Au début du système solaire, un monde en formation, baptisé Théia par les scientifiques, est entré en collision avec notre jeune Terre. L’impact violent a liquéfié les couches externes de la Terre et pulvérisé Théia, créant un anneau de débris qui s’est mis à tourbillonner autour de notre monde balafré. Le fer du noyau de Théia s’est réuni (coalescence) pour former le cœur de la lune. Le matériel lourd restant est retombé sur la terre et la gravité s’est chargée de réunir des composants plus légers pour créer la lune.
(Précédemment : Seraient-ce les traces de la protoplanète Théia détectées dans des roches lunaires ?)
Mais la nouvelle recherche suggère qu’une certaine quantité du fer est peut-être restée dans la croute terrestre, pour ensuite être déplacée dans le manteau par la tectonique des plaques. Des éléments tels que l’or et le platine, pourraient avoir été déplacés dans le manteau avec ce dernier. Ces éléments sont rares dans le manteau lunaire, sans doute parce que la totalité du fer livré à la lune a créé son noyau alors que le noyau originel de la Terre n’a pas été affecté par la collision.
Ainsi, si le noyau de Théia a apporté du fer qui a attiré des éléments rares, la pluie d’astéroïdes et les météores auraient pu ne pas être aussi violents qu’il avait été précédemment estimé.
Pour Norman Sleep, un géophysicien à l’université de Stanford qui a enquêté sur l’idée que Théia aurait pu apporter du platine et des éléments similaires au manteau de la Terre, en la comparant avec les précédentes suggestions (que des météores auraient livré le matériel) :
La Terre n’aura pas été complètement inhabitable pendant une longue période parce que le bombardement est relativement bénin.
Dans une récente analyse, il a constaté que Théia aurait pu présenter assez d’éléments sensibles/ attirés par le fer pour suggérer que le bombardement tardif était plus léger qu’il ne l’a été estimé.
Ce ne fut certainement pas quelque chose à laquelle nous aurions pu survivre, mais nous avons affaire à des microbes.
Cependant, sans un lourd bombardement de météorites, un nouveau problème se pose. La collision entre Théia et la jeune Terre aurait vaporisé l’eau de la planète. La théorie dominante sur la façon dont la Terre a récupéré son eau, se base sur des collisions avec des météorites en transportant, mais elles auraient également livré plusieurs éléments avec le fer, laissant plus d’or et de platine qu’il ne l’a été mesuré. Cela signifie que les calculs de Sleep auraient besoin d’un autre phénomène pour amener de l’eau sur notre planète. Mais cela ne brise pas cette nouvelle théorie. L’eau pourrait provenir d’une autre source sans rapport avec Théia.
Pour les chercheurs, tout cela nécessite de retourner sur la Lune pour mieux évaluer l’âge de ses bassins, notamment ceux présent sur sa face cachée comme le bassin Pôle Sud-Aitken, le plus grand et le plus ancien de notre satellite naturel. Ce bassin n’a jamais été échantillonné et devrait donner un aperçu du moment du bombardement, ce qui donnerait des indices sur la quantité de matériel qui est tombé sur la Terre.
L’étude publiée dans la revue Geochemistry, Geophysics, Geosystems : Asteroid bombardment and the core of Theia as possible sources for the Earth’s late veneer component.