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Coucou geai-corbeau

Dans une relation parasitaire, une espèce tire, d’une certaine façon, des bénéfices sur le dos d’une autre espèce. Les coucous ont longtemps été considérés comme des parasites de couvée, car ils pondent leurs œufs dans les nids d’autres oiseaux. Quand le poussin du coucou ne se débarrasse pas du voisin légitime, en l’éjectant du nid (ce qui arrive assez souvent), il rentre alors en compétition pour la nourriture avec la progéniture légitime de l’hôte.

Les différentes espèces de volatile, qui sont les victimes de ces squatteurs, ne sont pas rester sans rien faire face à cette menace : certaines ont inventé un système antifraude qu’elles ont appliqué à leurs œufs, tandis que d’autre leur ont appris une identité sonore secrète pour éviter les impostures du coucou. Celui-ci aussi, a dû s’adapter car certains parents trompés ont donc appris à reconnaitre l’imposteur. Ainsi une espèce de coucou trompe par le surnombre l’espèce parasitée afin qu’elle prenne en charge ses œufs. Enfin bref, il y a autant d’interactions différentes qu’il y a d’espèces de coucou et de victimes de celui-ci.

Cependant, de nouvelles recherches remettent en cause notre compréhension de cette relation plutôt tendue.

Daniela Canestrari et son équipe de l’université d’Oviedo, en Espagne, ont étudié les nids de corbeaux, à la fois avec et sans une espèce de coucous. Ils ont constaté que les nids contenant les deux espèces survivaient bien mieux, parce que le poussin coucou défend le nid contre les prédateurs, stimulant ainsi la population de corbeau.

Image d’entête : un petit coucou geai (premier plan) squattant le nid d’un petit corbeau (second plan).

Les données de cette étude ont été recueillies au cours de 16 années. L’équipe de Canestrari a fait la découverte en étudiant les comportements sociaux des corbeaux. Ils ont découvert que cette population était parasitée par le Coucou geai (Clamator glandarius, en image ci-dessous).
Clamator_glandarius
Alors qu’ils surveillaient le nids de corbeaux, ils ont compté les œufs, le nombre d’éclos et le nombre de poussins qui ont pris leur envol et quitté le nid. Ils ont constaté, par hasard, que les nids parasités étaient plus susceptibles de survivre. L’analyse de leurs données a confirmé leurs précédentes conclusions.

Les coucous qui viennent d’éclore libèrent une sécrétion nocive quand ils sont menacés(photo ci-dessous). Les chercheurs pensent que cela profite à tous les nouveau-nés qui partagent le nid, les petits corbeaux et les coucous eux-même, en dissuadant les prédateurs.

Un poussin coucou geai libérant sa nauséabonde substance :poussin-Coucou geai-sécrétion

Les chercheurs savent qu’il y a des prédateurs dans la région comme les chats et les oiseaux de proie, mais ils ne sont pas surs qui représente la plus grande menace pour les corbeaux qui, en plus, peuvent se piquer leur nid entre eux. Cela pourrait être une direction pour poursuivre les recherches, avec l’aide de technologie d’enregistrement en continu. La sécrétion mérite également une étude plus approfondie. Cette substance, qui est un mélange d’acides, d’indoles (composé aromatique à la forte odeur fécale), de phénols (toxiques pour l’humain) et de composés contenant du soufre, n’est produite que par les poussins du coucou.

Bien sûr, les résultats ne disent pas il n’y a pas de mauvais parasites. Cette situation ne concerne qu’une espèce de coucou et les corbeaux. De plus, dans ce cas en particulier, le bénéfice pourrait être perdu si les nids n’étaient pas menacés par des prédateurs, cela représente quand même une autre bouche à nourrir. Ainsi, le résultat de l’interaction pourrait changer au fil du temps.

Pour Daniela Canestrari, Il sera intéressant de voir si cette constatation va inspirer d’autres écologistes pour réévaluer d’autres interactions parasites.

Ce que nous avons conclu de cette étude est que la classification de ces interactions comme étant du parasitisme ou du mutualisme est peut-être incorrect, parce que parfois, ces interactions peuvent être complexes.

L’étude publiée sur Science : From Parasitism to Mutualism: Unexpected Interactions Between a Cuckoo and Its Host.

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