Regardez de l’intérieur la piquante tête chercheuse du moustique en quête de sang (Vidéos)
D’incroyables séquences vidéos de la trompe d’un moustique cherchant une veine, réalisées à l’aide d’un microscope de pointe par Valérie Choumet et ses collègues de l’Institut Pasteur à Paris, révèlent comment un moustique pique et suce le sang d’une souris anesthésiée. Les chercheurs voulaient savoir si les moustiques porteurs du parasite du paludisme se comportaient différemment quand ils piquaient des animaux immunisés de leur salive.
Le couteau suisse du moustique
Les vidéos révèlent, entre autres, les pièces buccales incroyablement flexibles du moustique, qui peuvent se plier à angle droit.
Il semble que, lorsqu’il pique, le petit vampire ne trouve pas la veine de suite. Avant de prélever du sang, il devra sonder sous la peau pour trouver un vaisseau sanguin. Cela lui prend habituellement plusieurs minutes, mais cela lui évite de ressortir son aiguille pour repiquer ailleurs. Le moustique subit de nombreux échecs dans sa recherche d’une veine et il repart souvent le ventre vide, même si il a piqué.
Ce n’est donc pas un simple tube, c’est un ensemble complexe d’instruments, une boite à outils contenue dans un fourreau appelé le labium. Vous ne pouvez pas le voir dans les vidéos, car il se replie lorsque l’insecte pique, permettant à ses 6 pièces buccales de glisser sous la peau de la souris. Quatre d’entre elle, une paire de mandibules et une paire de maxillaes, sont de fins filaments qui aident à percer la peau. Les maxillae se terminent en lames dentées qui s’accrochent à la chair alors qu’ils s’insèrent dans l’hôte. Le moustique peut alors s’appuyer sur ceux-ci pour conduire plus profondément ses autres pièces buccales.
La grande aiguille centrale dans la vidéo est en faite deux tubes parallèles, l’hypopharynx, qui envoie la salive qui empêche le sang de coaguler, les vaisseaux de rétrécir et l’inflammation, et le labrum, qui pompe le sang. Quand un moustique trouve un hôte, c’est cette sonde qui devra trouver la veine.
Les moustiques suceurs de sang pompent pendant, en moyenne, quatre minutes. A l’aide de la microcopie intravitale, une technique utilisée pour observer des systèmes biologiques vivants, Valerie Choumet pouvait voir les globules rouges se précipitant vers leurs pièces buccales. Ces vampires gloutons aspirent si fort que les vaisseaux sanguins peuvent s’effondrer sur eux même.
Certaines des cellules de la paroi du vaisseau peuvent se rompre pour laisser couler le sang dans les espaces environnants. Les scientifiques ont remarqué que, lorsque cela se produit, les moustiques se précipitent souvent pour aspirer la mare de sang ainsi créé.
Contre le paludisme
Après le repas du moustique, des poches de salive restent dans les couches inférieures de la peau. Le plasmodium, le parasite responsable du paludisme, semble rester au même endroit. Peut-être travaille-t-il de concert avec les produits chimiques des glandes salivaires pour supprimer le système immunitaire. Il a été démontré que les moustiques porteurs du paludisme passent plus de temps à sonder les vaisseaux sanguins, ce qui suggère que le plasmodium pourrait contrôler le système nerveux de l’insecte.
Comme votre Guru vous l’indiquait dans son introduction, les chercheurs voulaient savoir si les moustiques se comportaient différemment quand ils piquaient des animaux que les chercheurs avaient préalablement immunisés à leur salive à l’aide d’anticorps spécifique. Mme Choumet a découvert que des touffes blanches se formaient à l’extrémité des sondes du moustique, ce qui indique que les anticorps avaient réagi avec la salive de l’insecte au cours d’une morsure. Même si les petits vaisseaux lui étaient rendus inaccessibles, cela n’a pas empêché les moustiques de prélever du sang en prenant plus de temps pour cibler de plus gros vaisseaux sanguins.
Ces vidéos pourraient aider de futures recherches visant à mieux comprendre le processus de piqure du moustique et ainsi tenter de prévenir la propagation du paludisme.
L’étude et les vidéos qui l’accompagnent publiées sur PLoS ONE : Visualizing Non Infectious and Infectious Anopheles gambiae Blood Feedings in Naive and Saliva-Immunized Mice. Via l’interview du National Geographic.