Un champignon pousse des mouches mâles en bonne santé à s’accoupler avec des cadavres de femelles
Une équipe de scientifiques a annoncé qu’un champignon connu pousse les mouches mâles à s’accoupler avec le corps de femelles mortes. Cette stratégie permet d’assurer la survie du champignon, car il se propage des femelles aux mâles.
Image d’entête : une mouche mâle tente de s’accoupler avec un cadavre de femelle maintenu sur place par un peu de vaseline. Le champignon s’est développé à partir du segment arrière du corps et il est visible sous forme de grandes taches blanches d’où sont éjectées les spores. (Filippo Castelucci)
Pour cette étude, les chercheurs de l’université de Copenhague et de l’université suédoise des sciences agricoles ont observé des populations de mouches domestiques (Musca domestica) dont les femelles avaient été infectées par un champignon parasite appelé Entomophthora muscae.
Il a été déterminé qu’environ six jours après l’infection initiale, le champignon a pris le contrôle du comportement des femelles, les amenant à grimper sur le point le plus élevé dans leur voisinage immédiat. Les mouches sont mortes peu après, et le champignon a alors commencé à libérer des signaux chimiques appelés sesquiterpènes.
Ces signaux auraient agi comme des phéromones, attirant les mouches mâles qui se sont mises à copuler avec les cadavres. Ce faisant, les spores fongiques se sont propagées des femelles mortes aux mâles vivants, les infectant à leur tour.
Pour rendre les choses encore plus… dégoûtantes, les mâles préféraient s’accoupler avec des femelles mortes depuis un certain temps. Plus précisément, on a constaté que 73 % des mâles préféraient copuler avec les cadavres de femelles mortes depuis 25 à 30 heures, tandis que 15 % seulement préféraient les femelles mortes depuis 3 à 8 heures.
Selon le professeur adjoint Henrik H. De Fine Licht, de l’université de Copenhague :
Nous constatons que plus une mouche femelle est morte depuis longtemps, plus elle est attirante pour les mâles. Cela s’explique par le fait que le nombre de spores fongiques augmente avec le temps, ce qui renforce les fragrances attractives.
Ce n’est pas le premier cas connu d’un champignon contrôlant le comportement d’un insecte hôte. L’Ophiocordyceps unilateralis (alias le champignon de la fourmi zombie) pousse les fourmis infectées à se déplacer vers la face inférieure d’une feuille et à s’y accrocher avec leurs mandibules, après quoi elles meurent et fournissent un environnement de croissance optimal pour le champignon.
L’étude publiée dans The ISME Journal : Pathogenic fungus uses volatiles to entice male flies into fatal matings with infected female cadavers et présentée sur le site de l’Université de Copenhagen : Zombie fly fungus lures healthy male flies to mate with female corpses.