Europe : l’une des meilleures candidates à la vie extraterrestre dans le système solaire présente des signes d’eau liquide
Des chercheurs ont révélé de nouvelles informations sur la géologie d’Europe, la lune de Jupiter, décrite par la NASA comme l’un des endroits les plus prometteurs de notre système solaire pour la présence actuelle de vie extraterrestre.
Image d’entête : représentation artistique de doubles crêtes à la surface d’Europe, qui peuvent se former sur des poches d’eau peu profondes et recongelées dans la coquille de glace. (Justice Blaine Wainwright)
Les scientifiques soupçonnent fortement qu’Europe, l’une des 79 lunes en orbite autour de la planète Jupiter, abrite de l’eau liquide sous la forme d’un vaste océan d’eau salée, sous une croûte glacée. L’épaisseur de la « coquille » de glace d’Europe est estimée à 20-30 kilomètres.
Dans une étude publiée cette semaine (lien plus bas), une équipe de recherche dirigée par Riley Culberg de l’Université de Stanford, aux États-Unis, présente des preuves que de l’eau liquide superficielle existe également beaucoup plus près de la surface d’Europe, à l’intérieur de la coquille de glace.
Cette dernière est couverte de reliefs appelés « doubles crêtes » (double ridges), consistant en deux crêtes de glace presque symétriques de part et d’autre d’un creux peu profond, pouvant atteindre des centaines de kilomètres de long.
Reconstruction 3D d’une double crête d’Europe, à partir de données d’imagerie Galileo. (NASA/ JPL/ DLR)
Dans cette nouvelle étude, les chercheurs se sont penchés sur une double crête trouvée sur Terre dans la calotte glaciaire du nord-ouest du Groenland. La forme de cette double crête est très similaire à celles que l’on trouve sur Europe.
A partir de l’étude : comparaison des images de surface d’une double crête sur Europe et sur la Terre. a, Double crête d’Europan dans une image panchromatique de la mission Galileo (image PIA00589). La distance d’échantillonnage au sol est de 20 m/pixel. b, Double crête du Groenland dans une image panchromatique orthorectifiée du satellite WorldView-3 prise en juillet 2018. (Culberg et col./ Nature Communications)
En utilisant des données d’élévation de surface et de sondage radar, l’équipe a découvert que la double crête du Groenland a probablement été formée par de l’eau liquide peu profonde à l’intérieur de la couche de glace qui a progressivement regelé, s’est pressurisée et a finalement fracturé la glace.
A partir de l’étude : mécanisme de formation de la double crête. (Culberg et col./ Nature Communications)
Cette découverte implique qu’un mécanisme similaire pourrait également être à l’origine des doubles dorsales d’Europe, bien qu’il y ait quelques différences. Au Groenland, les zones d’eau liquide peu profonde sont formées par le drainage des eaux de fonte de la surface. Sur Europe, l’eau liquide pourrait au contraire être injectée à partir du dessous, depuis l’océan souterrain de la lune.
L’étude suggère que l’eau liquide peu profonde pourrait jouer un rôle plus important dans la formation de la surface d’Europe que ce qui avait été reconnu auparavant.
Selon Culberg et ses collègues :
Si ce mécanisme contrôle la formation de doubles crêtes sur Europe, l’omniprésence de doubles crêtes à la surface implique que l’eau liquide est et a été une caractéristique omniprésente dans le couvercle fragile de la coquille de glace.
La mission Europa Clipper de la NASA devant être lancée en octobre 2024, nous en apprendrons sans doute beaucoup plus dans les décennies à venir sur la géologie de cette lune intrigante et sur son potentiel à abriter la vie.
L’étude publiée dans Nature Communications : Double ridge formation over shallow water sills on Jupiter’s moon Europa et présentée sur le site de l’Université Stanford : Stanford researchers’ explanation for formation of abundant features on Europa bodes well for search for extraterrestrial life.