Cocktails de pesticides, parasites et la faim : les abeilles en plus mauvaise posture qu’on ne l’avait estimé
Petit rappel, au vu des mauvaises nouvelles sur l’état de la Terre et ses habitants actuellement, le Guru ne fait pas partie d’un mouvement écologiste ou d’un mouvement quelconque pour la préservation de la nature, même s’il a parfaitement conscience de leur importance. Il se contente de relayer et vulgariser l’information scientifique qui a son importance. À dire vrai, il essaye même de limiter ses publications concernant toutes les répercussions que l’humain a sur son environnement actuellement… Le Guru pourrait très facilement créer un site déprimant avec autant de publications scientifiques uniquement sur ce sujet. Ce n’était, à l’origine, pas vraiment l’objectif de GuruMeditation, mais vu que pratiquement aucun domaine scientifique n’est épargné pas ses changements. On serait susceptible de croire que le Guru en fait trop… bien au contraire.
Selon de nouvelles recherches, les abeilles (et les insectes hyménoptères de la famille des Apidae, comme les bourdons) tombent comme des mouches, et cela semble lié à notre utilisation de “cocktails de pesticides”.
Image d’entête : un bourdon des champs (Bombus pascuorum) butine. (Emily Bailes/ Royal Holloway – Université de Londres)
En tant qu’espèce, nous sommes presque entièrement dépendants des abeilles et des autres insectes pollinisateurs, sans lesquels nous ne pourrions pas mettre de la nourriture sur la table. Une nouvelle méta-analyse, qui a passé en revue des dizaines d’études publiées au cours des 20 dernières années, indique que l’utilisation de cocktails de pesticides dans l’agriculture augmente considérablement la mortalité des abeilles, davantage que les substances prises individuellement. Ce phénomène est encore exacerbé par les effets combinés des produits agrochimiques, des parasites et de la malnutrition sur le comportement et la santé des abeilles.
L’équipe conclut que les évaluations actuelles des risques sous-estiment considérablement la pression à laquelle sont soumis les abeilles et les autres pollinisateurs. La chute brutale du nombre de pollinisateurs observée dans les zones cultivées et sauvages témoigne de ces pressions, avec des conséquences potentiellement désastreuses pour les écosystèmes du monde entier et notre sécurité alimentaire.
Selon les conclusions de l’étude :
Si l’on n’y remédie pas et que l’on continue d’exposer les abeilles à de multiples facteurs de stress anthropiques (d’origines humaine) dans l’agriculture, le déclin des abeilles et de leurs services de pollinisation se poursuivra, au détriment de la santé humaine et des écosystèmes.
Les pollinisateurs, y compris les abeilles, sont les piliers méconnus de notre agriculture, mais aussi de la vie végétale sauvage. Étant donné que les populations d’insectes sont en déclin dans le monde entier, cela soulève naturellement des inquiétudes quant à la santé des pollinisateurs à l’avenir et à la question de savoir s’ils peuvent continuer à jouer leur rôle écologique ou non. Environ 75 % des cultures mondiales produisant des fruits et des graines pour la consommation humaine, notamment le cacao, le café, les amandes et les cerises, dépendent des pollinisateurs.
Ces préoccupations ont été le point de départ de l’étude actuelle. Les auteurs expliquent que si les abeilles semblent être capables de résister aux différents facteurs de stress qui les affectent aujourd’hui, prises individuellement, elles souffrent de leur poids lorsqu’elles sont réunies. La pression combinée des produits agrochimiques, des parasites et de la malnutrition fait payer un lourd tribut à l’espèce, augmentant considérablement la probabilité de décès des abeilles et des ruches dans leur ensemble.
L’agriculture intensive repose sur l’utilisation de composés tels que les fongicides ou les pesticides pour protéger les cultures et assurer de gros rendements.
Selon le coauteur Harry Siviter, de l’université du Texas à Austin (Etats-Unis) :
Les interactions entre plusieurs produits agrochimiques augmentent considérablement la mortalité des abeilles. En outre, l’utilisation à l’échelle industrielle d’abeilles domestiques (pour produire du miel) accroît l’exposition de l’espèce aux parasites et aux maladies, ce qui la met encore plus à l’épreuve.
Dans un commentaire accompagnant l’étude, Adam Vanbergen, de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE/ France), a déclaré que les insectes pollinisateurs sont menacés par l’agriculture intensive, notamment par des produits chimiques tels que les fongicides et les pesticides, ainsi que par la réduction du pollen et du nectar des fleurs sauvages.
L’effet de facteurs de stress multiples sur les abeilles : L’intensification de l’agriculture a mis les pollinisateurs sous pression. (a), Les pratiques associées à l’agriculture intensive réduisent la disponibilité de nourriture pour les pollinisateurs. (b), La gestion de colonies d’abeilles à haute densité pour la pollinisation des cultures est associée à un risque de maladie et d’infection parasitaire pour ces pollinisateurs2. Cela pose un risque de propagation de la maladie aux abeilles sauvages. c, L’exposition à une variété de pesticides pose un autre risque pour les pollinisateurs. (d), Siviter et col. présentent une méta-analyse qui présente les conséquences pour les abeilles des combinaisons (quelques exemples présentés) de ces défis. (Nature)
Le rétrécissement continu des zones où poussent des plantes et des fleurs sauvages se traduit par des sources de pollen et de nectar moins diversifiées pour les abeilles et, sans doute, par une diminution de la quantité globale de nourriture à laquelle elles ont accès.
Bien que de précédentes recherches aient examiné ces facteurs indépendamment les uns des autres, notamment l’effet de différents produits agrochimiques sur les abeilles, la méta-étude est la première à examiner leurs effets dans leur ensemble. Selon l’équipe, les résultats suggèrent fortement « que le processus réglementaire dans sa forme actuelle ne protège pas les abeilles des conséquences indésirables d’une exposition complexe aux produits agrochimiques ». Bien que l’analyse actuelle se soit concentrée sur les abeilles domestiques, car la plupart des publications sur le sujet se concentrent sur elles, davantage de recherches sont nécessaires sur d’autres pollinisateurs, explique l’équipe, car ils pourraient réagir différemment aux facteurs de stress constatés ici.
En 2019 (puis en 2020), les chercheurs attiraient l’attention sur le fait que près de la moitié des espèces d’insectes dans le monde étaient en déclin, et qu’un tiers d’entre elles risquaient réellement de disparaître d’ici la fin du siècle.
En 2019 :
En 2020 :
Les principales causes de ce déclin sont l’utilisation de pesticides et la destruction des habitats. Dans ce contexte, les avertissements de cette méta-étude sont d’autant plus probants.
L’étude publiée dans Nature : Agrochemicals interact synergistically to increase bee mortality et présentée sur le site du Royal Holloway (université de Londres) : Exposure to multiple pesticides increases bee mortality.