L’activité humaine entraine la disparition rapide des insectes ce qui devrait engendrer un "effondrement catastrophique" des écosystèmes
Votre Guru revient sur les évènements scientifiques marquants de la semaine dernière, alors qu’il était absent…
La chute spectaculaire du nombre d’insectes dans le monde a été mise en évidence par un nouveau rapport qui met en garde contre un effondrement « catastrophique » des écosystèmes naturels.
Un examen publié la semaine dernière de 73 rapports sur le déclin des insectes dans le monde a révélé que plus de 40 % des espèces sont menacées d’extinction. À titre de comparaison, ce taux d’extinction des espèces locales est 8 fois plus rapide que celui observé chez les vertébrés comme les mammifères, les oiseaux et les reptiles.
Les insectes jouent un rôle crucial dans la chaîne alimentaire animale, ainsi que dans la pollinisation des plantes et le recyclage des nutriments dans l’environnement. S’ils disparaissent, ils entrainent d’autres animaux avec eux, et c’est un problème majeur pour maintenir un monde dans lequel nous devons tous vivre.
Selon les auteurs de l’étude, Francisco Sánchez-Bayo de l’université de Sydney et Kris Wyckhuys de l’université du Queensland (Australie) :
Nos travaux révèlent des taux de déclin dramatiques qui pourraient conduire à l’extinction de 40 % des espèces d’insectes dans le monde au cours des prochaines décennies.
Selon les chercheurs, le principal facteur de ce déclin massif est la perte d’habitat due à nos pratiques agricoles de plus en plus intensives, comprenant l’utilisation généralisée de pesticides.
En s’appuyant sur les données de 73 rapports, provenant principalement d’Europe et d’Amérique du Nord, les chercheurs ont constaté que la biodiversité des insectes est menacée dans le monde entier et ils écrivent :
Si nous ne changeons pas nos modes de production alimentaire, les insectes dans leur ensemble s’engageront sur la voie de l’extinction dans quelques décennies. Les répercussions que cela aura sur les écosystèmes de la planète sont pour le moins catastrophiques.
Comme les terres sont cultivées de façon plus agressive, les chercheurs notent que les habitats des insectes ont été détruits, les champs dénudés remplaçant des zones de végétation. L’équipe souligne également que l’urbanisation accrue, le changement climatique, la pollution et l’augmentation des espèces envahissantes qui s’attaquent aux insectes sont des facteurs contributifs supplémentaires.
En ce qui concerne plus spécifiquement la contribution du changement climatique, les chercheurs notent que le réchauffement dans les régions tempérées pourrait profiter à certaines espèces, mais que dans les régions tropicales, les insectes tolèrent peu la chaleur et seraient donc plus touchés.
Le réchauffement de la planète a augmenté les populations de certains papillons en Europe du Nord, étendu leur répartition géographique et provoqué des changements d’altitude chez certaines espèces, mais les populations de la moitié des insectes de la planète diminuent à l’inverse de cette tendance.
L’analyse a révélé que les papillons de jour comme de nuit comptent parmi les populations les plus touchées, les animaux qui se nourrissent d’insectes sont vraisemblablement les premiers impactés comme les oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons et autres.
Bien qu’il y ait des lacunes dans la recherche en termes de chiffres pour certains types d’insectes, les auteurs de l’étude expliquent qu’il n’y a aucune raison de croire que les espèces d’insectes sont à contre-courant de la tendance générale. Cependant, un petit nombre d’espèces peuvent finir par prospérer à mesure que leurs insectes ennemis disparaissent, en particulier des créatures comme les blattes et les mouches domestiques.
les insectes sont au cœur de chaque chaîne alimentaire, ils pollinisent la grande majorité des espèces végétales, assainissent les sols, recyclent les éléments nutritifs, luttent contre les ravageurs, et bien plus encore. Aimez-les ou détestez-les, les humains ne pourront pas survivre sans les insectes.
Nous avons déjà entendu des mises en garde à ce sujet : un rapport publié l’an dernier a révélé que le nombre d’insectes avait chuté dans plusieurs régions du monde.
Maintenant, il est clair qu’il s’agit d’un problème très répandu qui doit être réglé d’urgence.
En fait, cette évolution alarmante fait partie de ce que les scientifiques appellent une extinction massive moderne : une baisse substantielle du nombre d’espèces de toutes sortes d’animaux et de plantes.
Alors que les précédentes extinctions massives ont été causées par des périodes glaciaires et des éruptions volcaniques, celle-ci sera largement due à l’activité humaine, affirment les scientifiques, et nous pouvons inclure les insectes dans cette évaluation.
Si nous ne commençons pas à limiter sérieusement notre impact sur la planète, l’avenir s’annonce très sombre. Les chercheurs réclament un changement radical dans nos pratiques agricoles avant qu’il ne soit trop tard.
L’étude publiée dans Biological Conservation : Worldwide decline of the entomofauna: A review of its drivers et présentée sur le site de l’université de Sydney : Insect population faces ‘catastrophic’ collapse: Sydney research.
Le plus triste dans tout cela est de savoir pertinemment que rien ne sera fait à temps.
Va falloir envisager sérieusement de passer a la vitesse supérieure en terme d’actions citoyennes, les changements radicaux requis ne seront pris que grâce à une forte coercition, et pour l’instant nos états en sont incapables et n’en ont pas la volonté politique…