Des scientifiques russes trouvent les premiers fossiles d’oiseaux géants en Europe
Un énorme fémur trouvé dans une grotte de Crimée appartient à un oiseau éteint qui ne pouvait pas voler et qui pesait 10 fois le poids d’un émeu. Avec une masse estimée à environ 450 kilogrammes (près d’une demi-tonne), une autruche adulte de 150 kilogrammes (le plus grand oiseau vivant au monde actuellement) ressemblerait à un canari.
Image d’entête : reconstitution artistique de l’oiseau géant trouvé en Crimée. (Andrey Atuchin)
C’est l’un des plus grands volatiles à avoir habité la planète, et le premier à être trouvé dans l’hémisphère nord, d’après sa description publiée cette semaine (lien plus bas).
Selon Nikita Zelenkov, de l’Académie russe des sciences, qui a dirigé l’étude :
Aucun oiseau de cette taille n’a jamais été signalé en Europe.
L’os de cuisse, de l’espèce préhistorique Pachystruthio dmanisensis, a été extrait de la grotte de Taurida récemment découverte dans la péninsule de Crimée, qui se jette dans la mer Noire par le nord.
A partir de l’étude : carte montrant la répartition des restes osseux des espèces géantes de Pachystruthio (grandes silhouettes d’autruches) et de Struthio (petites silhouettes d’autruches) dans la région de la mer Noire dans le Pliocène (5,3-2,6 Ma ; bleu), Gelasian (2,6-1,8 Ma ; vert) et Calabrian (1,8-0,8 Ma ; brun). Pachystruthio de Hongrie. (Zelenkov et col./ Journal of Vertebrate Paleontology)
En se basant sur la taille de l’os de 40 centimètres de long, Zelenkov et son équipe ont calculé que son propriétaire pesait environ 450 kilogrammes et mesurait 3,5 mètres de haut.
Les fémurs de Pachystruthio dmanisensis, un oiseau géant disparu (A, C, E, F) et une autruche commune moderne (Struthio camelus) (B, D). (Zelenkov et col./ Journal of Vertebrate Paleontology)
Les oiseaux gigantesques n’étaient pas rares à la préhistoire. La plus grande espèce de Moa éteinte de Nouvelle-Zélande mesurait 3,6 mètres de haut et pesait 230 kilogrammes, soit environ la moitié du poids du Pachystruthio. Les oiseaux-éléphants de Madagascar (précédemment décrit ci-dessous), quant à eux, pesaient 730 kilogrammes, ce qui en fait les plus grands qui aient jamais existé.
Il y a avait aussi le Dromornis australien qui mesurait 3 mètres de haut et pesait une demi-tonne.
Malgré son poids, les dimensions de l’os de la cuisse indiquent que le Pachystruthio était une créature capable de courir vite.
Avec l’os de la cuisse, les paléontologues ont également trouvé des fossiles provenant de nombreux prédateurs, dont des guépards géants, des hyènes géantes et des tigres à dents de sabre.
Des ossements fossilisés de bisons sur le site indiquent que les restes ont entre 1,5 et 1,8 million d’années.
L’éventail des animaux trouvés n’est pas sans rappeler les découvertes faites sur le site de Dmanissi à l’est de la mer Noire, à 55 kilomètres au sud-ouest de Tbilissi, la capitale de la Géorgie. Mais ce site, qui date d’il y a 1,7 à 1,8 million d’années, est important pour d’autres raisons. Les premiers restes humains de Dmanisi sont les premiers témoignages de la présence de nos ancêtres en dehors de l’Afrique. Il est fort probable que les Hommes de Dmanisi ou plus tard les espèces Homo arrivant dans la région en provenance d’Afrique aient pu partager le paysage avec le géant à plumes.
L’étude publiée dans The Journal of Vertebrate Paleontology : A giant early Pleistocene bird from eastern Europe: unexpected component of terrestrial faunas at the time of early Homo arrival.