S’il y a des extraterrestres autour de l’étoile de Tabby, ils ne communiquent pas avec des lasers
Votre Guru a commencé la description de cette étude (publiée le 27 décembre 2018) début janvier 2019, pour l’oublier et finalement la retrouvée récemment (Alzheimer, quand tu nous tiens…). Mieux vaut tard que jamais, surtout sur ce sujet largement abordé par votre serviteur.
Dans un coup porté aux chasseurs d’extra-terrestres, une grande équipe d’astronomes utilisant des données à haute résolution recueillies par un télescope spécialisé de l’Observatoire Lick, en Californie, n’a trouvé aucune preuve que des extraterrestres utilisent des lasers près d’une étoile à 1468 années-lumière de la Terre.
(Image d’entête : AdamBurn/ Deviant Art)
Les résultats de ces recherches, menées par des chercheurs dirigés par David Lipman de l’université de Californie à Berkeley, représentent sans doute la fin du dernier espoir que des preuves d’une mégastructure construite par des extraterrestres aient été découvertes.
Ces preuves, interprétées de façon provisoirement favorable aux extraterrestres par les chercheurs Jason Wright et Steinn Sigurdsson de l’université d’État de Pennsylvanie en 2016, concernent l’étoile de Tabby (ou étoile de Boyajian) désignée KIC 8462852 et située dans la constellation du Cygne.
L’étoile, nommée d’après l’auteur principal du premier article qui l’a décrite, Tabetha Boyajian de l’université d’État de Louisiane, aux États-Unis, est largement considérée comme la chose la plus étrange trouvée jusqu’ici dans l’univers. C’est principalement parce qu’on a observé qu’elle subissait des baisses de luminosité apparemment aléatoires et rapides, allant de petites à énormes, jusqu’à perdre 22% de sa luminosité, en 2013.
L’absence d’un modèle ou d’une périodicité de ces fluctuations a sollicité l’imagination et l’ensemble des données des astronomes pendant de nombreuses années, et plusieurs explications ont été avancées.
Votre Guru a consacré une série d’articles la concernant, depuis 2015 (du plus ancien au plus récent) :
La plupart des théories n’invoquent pas l’influence de civilisations extraterrestres, qui est vraiment la dernière hypothèse possible. Il s’agit notamment d’une collection de petites planètes se déplaçant devant l’étoile (par rapport à un point d’observation terrestre), d’un essaim de comètes ou d’un énorme nuage de poussière interstellaire.
D’autres astronomes et astrobiologistes, dont Wright, ont noté que les données sur l’étoile de Tabby n’excluent pas l’existence d’une mégastructure extraterrestre quelconque. La représentation la plus courante d’une telle structure est ce qu’on appelle une sphère de Dyson, une structure hypothétique imaginée dans les années 1960 par le physicien Freeman Dyson. De telles sphères comprendraient un grand nombre de capteurs solaires disposés en anneau, ou en globe, autour d’une étoile, servant de capteurs d’énergie pour alimenter une forme quelconque de technologie.
Comme pour l’image d’entête, exemple d’une sphère de Dyson.
Dans une étude publiée en 2015, Wright et ses collègues ont noté que non seulement les données disponibles sur l’étoile de Tabby/ Boyajian n’étaient pas incompatibles avec l’idée d’une mégastructure partiellement obscurcissante, mais que des protocoles de collecte d’informations étaient établis de telle sorte qu’une telle structure ne pouvait être détectée directement. Ils ont suggéré 10 façons de trouver des signes révélateurs d’une installation extraterrestre de production d’énergie dans le cadre de futurs relevés astronomiques.
L’une d’entre elles consistait à vérifier la présence de laser, en se fondant sur le fait que toute structure suffisamment grande pour envelopper une étoile, Tabby fait presque une fois et demie la masse du soleil, aurait un système de communication interne, et que le laser en serait le meilleur moyen.
Dans les dernières recherches, Lipman et ses collègues ont décidé de tester l’idée. Ils ont analysé 177 spectres à haute résolution de l’étoile, recueillis par le télescope Automated Planet Finder de l’Observatoire Lick dans le cadre du projet Breakthrough Listen.
Ils ont estimé que les données étaient si détaillées que des lasers d’une puissance supérieure à 24 mégawatts devraient apparaître. Pour les trouver, les chercheurs ont développé un algorithme d’analyse pixel par pixel de chaque spectre afin d’identifier » les lignes d’émission non résolues dans l’espace qui répondent aux critères d’un signal laser artificiel « .
La bonne nouvelle, c’est qu’ils en ont trouvé plusieurs. La mauvaise nouvelle, c’est qu’une analyse secondaire en plusieurs étapes conçue pour déceler les faux positifs les a tous ignorés.
Les chercheurs de conclure :
Les meilleurs candidats de l’analyse peuvent tous s’expliquer par des rayons cosmiques, des lignes d’émission stellaires ou des lignes d’émission de lueur dans l’air atmosphérique.
Lipman et ses collègues notent également que la technologie actuelle ne peut pas capter les émissions laser d’une puissance inférieure à 24 mégawatts et que les lasers utilisés pour la communication ne seraient, par définition, utilisés que de façon intermittente, il est donc toujours possible qu’ils aient manqué quelque chose…
L’étude en prépublication dans ArXiv : The Breakthrough Listen Search for Intelligent Life: Searching Boyajian’s Star for Laser Line Emission et présentée sur le site de l’université de Berkeley : High School Student Searches for ET.