Ce n’est officiellement pas une structure extraterrestre qui assombrit l’étoile de Tabby
Et bien nous allons démarrer l’année 2018 avec de bonnes nouvelles sur le front de la santé et la (quasi) résolution d’un mystère, celle de l’étoile qui a collé les chasseurs d’extraterrestres à leurs télescopes au cours des deux dernières années et qui a finalement livré certains de ses secrets.
KIC 8462852 ou ou encore appelée “étoile de Tabby” a intrigué les astronomes depuis sa découverte fin 2015, car elle s’assombrissait (jusqu’à 22%) et se remettait à briller au fil du temps comme aucune autre étoile (ces fluctuations lumineuses observées aujourd’hui, se sont produites il y a 1000 ans, car l’étoile est située à 1000 années-lumière de la Terre…). Ce genre d’obscurcissement est généralement causé par le passage d’une planète devant son étoile (transit), mais dans le cas de KIC 8462852, l’obscurcissement était beaucoup trop extrême et trop erratique pour avoir été causé par le passage d’une planète.
La courbe de luminosité de l’étoile de Tabby comme observée par le télescope spatial Kepler.
Les inhabituelles habitudes d’assombrissement de l’objet stellaire motivèrent des astronomes de tous bords à chercher une explication. Leurs suggestions désignaient les habituels suspects, des exoplanètes et des comètes, jusqu’à la possibilité que l’étoile de Tabby fût entourée d’une mégastructure construite par des extraterrestres (sphère de Dyson) afin de récolter l’énergie de l’étoile.
Exemple d’une hypothétique sphère de Dyson.
Cela a toujours été la toute dernière hypothèse mais, étant donné que l’étoile de Tabby est à plus de 1000 années-lumière, de la vérifier est un peu difficile.
Bien évidemment le Guru en a fait tout un tas d’articles (dans l’ordre chronologique)
En octobre 2017, nous en étions à “l’épisode 8 : technologie extraterrestre ou nuage de poussière ?”. Et bien, comme c’est souvent le cas en astronomie, il s’avère que les extraterrestres ne sont pas en cause mais, selon une étude menée par Tabetha Boyajian, l’astronome qui a donné son nom à l’étoile de Tabby, l’assombrissement inhabituel est probablement engendré par la poussière.
Selon Boyajian :
La poussière est toujours un coupable en astrophysique.
Comme les observations originales du télescope spatial Kepler de la Nasa n’ont été réalisées que dans une gamme limitée de longueurs d’onde, les astronomes ne pouvaient dire si l’obscurcissement était engendré par un corps solide ou par quelque chose de moins dense, comme un nuage de poussière. Bien que la poussière ait toujours été en tête de liste des coupables idéaux, les observations de Kepler ne présentaient pas la signature infrarouge typique que les astronomes s’attendaient à voir d’un nuage de poussière.
(NASA/ JPL-Caltech/ T.Pyle)
Afin de percer le mystère, une équipe de plus de 100 chercheurs, dirigée par Boyajian, a commencé à observer des étoiles à l’aide de télescopes au sol de l’observatoire de Las Cumbres (Californie). Le temps passé sur les télescopes a été financé par une campagne Kickstarter (le logo en image d’entête) qui a permis d’amasser plus de 790 000 euros pour la recherche.
Entre mars et décembre 2017, les chercheurs ont observé quatre épisodes distincts où la lumière de l’étoile a diminué de 2,5%. Une analyse de la signature couleur de ces creux (dans la courbe de luminosité) a montré que l’occultation de l’étoile de Tabby absorbait plus de lumière bleue que de rouge. Cela suggère fortement que c’est une sorte d’énorme nuage de poussière qui continue à passer devant l’étoile et non une planète ou une structure extraterrestre.
A partir de l’étude : courbe de luminosité de l’étoile Tabby en 2016-17. Chaque épisode d’obscurcissement a reçu un nom : Elsie, Celeste, Skara Brae, Angkor. (Tabetha Boyajian et Col./ Astrophysical Journal Letters)
Selon Boyajian :
Si c’était quelque chose de solide comme une planète ou une mégastructure, cela bloquerait toutes ces couleurs de la lumière.
Maintenant, Boyajian et son équipe analysent les données créées par ces télescopes au sol pour vraiment savoir à quoi ressemble le nuage de poussière, si c’est vraiment ce qui bloque la lumière de l’étoile de Tabby et selon Boyajian :
Il y a toujours la possibilité que ce qui se passe soit quelque chose à laquelle nous n’avons pas pensé et que ce n’est pas du tout de la poussière.
L’étude publiée dans The Astrophysical Journal Letters : The First Post-Kepler Brightness Dips of KIC 8462852 et présentée sur le site de l’université PennState : Alien Megastructure not the cause of dimming of the ‘Most Mysterious Star in the Universe’.
A quoi correspond ce grand œil en infographie au début de l’article?
De la campagne Kickstarter du projet de recherche en lien dans l’article.