Une alternative à la 9e planète pour expliquer les étranges orbites d’objets éloignés aux confins de notre système solaire
Quelque part aux confins du système solaire, au-delà de l’orbite de Neptune, il se passe quelque chose d’étrange. Quelques objets ont une orbite qui est bien différente de tout le reste et nous ne savons pas pourquoi. L’hypothèse populaire est qu’un objet invisible appelé Planète Neuf pourrait influencer ces orbites et les astronomes sont à la recherche de cette planète.
Image d’entête : représentation de la 9e planète. (Caltech/R. Hurt (IPAC))
Votre Guru l’a déjà largement évoqué dans ses articles (du plus ancien au plus récent) :
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Une neuvième planète dans notre système solaire pour oublier la perte de Pluton
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Une nouvelle preuve de la présence d’une 9e planète dans notre système solaire
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Si elle existe, à quoi ressemblerait la 9e planète de notre système solaire ? (+MAJ 11.04)
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Et si l’hypothétique Planète 9 était une exoplanète subtilisée par notre système solaire ?
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La 9e planète du système solaire serait la super-Terre qui lui manque
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Et si l’hypothétique 9e planète de notre système solaire n’était qu’un amas de roche
Récemment, des physiciens ont trouvé une explication alternative qu’ils pensent plus plausible.
Cette nouvelle étude suggère que les orbites groupées bizarrement de certains corps lointains de notre système solaire peuvent être expliquées sans invoquer une grande « 9e Planète » non encore découverte.
L’attraction gravitationnelle pourrait provenir de nombreux autres objets transneptuniens (OTN) plutôt que d’un seul monde massif, selon les chercheurs.
Selon l’auteur principal de l’étude Antranik Sefilian, du Département de mathématiques appliquées et de physique théorique à l’université de Cambridge University, en Angleterre :
Si vous retirez la planète Neuf du modèle, et que vous autorisez plutôt un grand nombre de petits objets dispersés sur une vaste zone, les attractions collectives entre ces objets pourraient tout aussi bien expliquer les orbites excentriques que nous voyons dans certains OTN.
La traque à la Planète Neuf ou, comme certains préfèrent l’appeler, Planète X, a véritablement commencé en 2014. Cette année-là, les astronomes Chad Trujillo et Scott Sheppard ont proposé l’existence d’un grand « perturbateur » invisible au-delà de Neptune, dont l’influence gravitationnelle pourrait expliquer les bizarreries des orbites d’objets distants comme les planètes naines Sedna et 2012 VP113.
L’orbite des 6 objets transneptuniens de la ceinture de Kuiper et celle de la 9e planète (Caltech/R. Hurt (IPAC))
En janvier 2016, Konstantin Batygin et Mike Brown ont apporté d’autres preuves, annonçant que d’autres OTN semblaient également porter cette empreinte gravitationnelle. Batygin et Brown ont estimé que le perturbeur est peut-être 10 fois plus massif que la Terre et se trouve à environ 600 unités astronomiques (UA) du Soleil en moyenne. (Une UA est la distance Terre-Soleil, environ 150 millions de kilomètres.)
Depuis, le dossier n’a cessé de s’étoffer, les astronomes ayant trouvé de plus en plus d’OTN » en grappes/ amas « , on en est à une trentaine à l’heure actuelle.
Mais l’existence de la Planète Neuf ne constitue pas une véritable certitude : Certains astronomes pensent que le “remorqueur orbital” provient plus probablement de nombreux petits corps. La nouvelle étude, que Sefilian a menée avec Jihad Touma de l’université américaine de Beyrouth, explore ce dernier scénario.
Les travaux de modélisation du duo suggèrent que l’explication de la force en nombre fonctionne effectivement, si la masse de la ceinture de Kuiper, l’anneau des corps au-delà de Neptune, est de quelques à 10 fois celle de la Terre. Il s’agit d’un » si » assez important, étant donné que la plupart des estimations évaluent la masse de la ceinture de Kuiper à moins de 10 % de celle de la Terre (et une étude récente a estimé ce chiffre à 0,02 masse terrestre).
Mais d’autres systèmes solaires sont connus pour abriter des disques massifs de matière dans leur périphérie, ont noté Sefilian et Touma. Et notre incapacité à en repérer un autour de notre propre soleil ne signifie pas qu’il n’existe pas, ont-ils souligné.
Selon Sefilian :
Le problème, c’est que lorsque vous observez le disque de l’intérieur du système, il est presque impossible de tout voir d’un coup. Bien que nous n’ayons pas de preuves d’observation directe pour le disque, nous n’en avons pas non plus pour la planète Neuf, c’est pourquoi nous étudions d’autres possibilités.
Il est également possible que les deux choses soient vraies – il pourrait y avoir un disque massif et une neuvième planète. Avec la découverte de chaque nouvelle TNO, nous rassemblons plus de preuves qui pourraient aider à expliquer leur comportement.
L’étude publiée dans The Astronomical Journal : Shepherding in a Self-Gravitating Disk of Trans-Neptunian Objects et présentée sur le site de l’université de Cambridge : Mystery orbits in outermost reaches of solar system not caused by ‘Planet Nine’, say researchers.