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ADN-faciès

Les criminels qui laissent par inadvertance des traces de leur ADN sur les lieux d’un crime ont maintenant quelque chose de plus à redouter. En isolant 24 variants génétiques (diverses formes génétiques d’une même protéine), les chercheurs ont mis au point un programme informatique qui peut construire des modèles 3D, étonnamment précis, des traits du visage.

Les sciences forensiques progressent rapidement ces dernières années en raison d’un certain nombre d’avancées. Les enquêteurs peuvent utiliser des indices ADN pour prédire les cheveux et la couleur des yeux des suspects, utiliser des asticots dans les corps en décomposition pour extraire l’ADN d’une victime dont le corps serait autrement méconnaissable, détecter des visages cachés en zoomant sur les yeux de personnes contenus dans une photo haute résolution.

Mais à la différence des efforts, jusque-là limités, pour cartographier les visages humains en utilisant l’ADN, la nouvelle initiative de l’anthropologue et généticien Mark Shriver de l’université d’État de Pennsylvanie a conduit le processus vers un pallier supérieur. Son équipe a réussi à isoler les variations génétiques les plus critiques, nécessaires à la création de reconstructions faciales précises. Ils ont tout d’abord capturé des images en 3D, à l’aide d’une caméra stéréoscopique, des visages d’environ 600 bénévoles de diverses origines.

Ils ont ensuite superposé un maillage de plus de 7000 points aux images 3D numérisées et enregistré l’emplacement précis de chaque point. Ils ont également développé un modèle statistique pour examiner comment les gènes, le sexe et l’ascendance raciale affectent la position de ces points et donc la forme générale du visage.

Tirée de l’étude, processus d’analyse du faciès en 3D : A) Surface originale, B) coupé pour exclure les parties qui n’appartiennent pas au visage, C) reflété pour en faire l’image miroir, D) masque anthropométrique des points de repère, E) repositionnés sur la carte F) reflétés sur la carte, G) symétrie, H) reconstruit.
Processus-production-scanne-visage-3D
Ensuite les chercheurs ont testé chacun des bénévoles pour détecter 76 variants génétiques dans des gènes qui étaient déjà connus pour provoquer des irrégularités faciales lorsqu’ils sont mutés. Ils ont déterminé que la variation normale des gènes pourrait avoir un effet subtil sur la forme du visage. Après avoir utilisé leur modèle pour contrôler les effets du sexe et de l’ascendance, ils ont trouvé 24 variants dans 20 différents gènes qui semblaient être des prédicteurs utiles de la forme du visage.
Ce processus n’est pas tout à fait prêt à être utilisé sur le terrain, mais avec un peu plus d’échantillonnage et d’affinement, comme en réalisant de plus grandes études sur différentes populations pour confirmer la fiabilité statistique, cette technique pourrait commencer à avoir un impact dans les enquêtes criminelles. Elle pourrait même être utilisée pour reconstruire les visages d’ancêtres disparus depuis longtemps (même néandertaliens), tant que leur ADN est intact (ou reconstitués artificiellement).

L’étude publiée sur PLOS Genetics : Modeling 3D Facial Shape from DNA.

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