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Hauve-souris-vampire

Le temps et surtout l’évolution ont conféré à la chauve-souris vampire les outils nécessaires à son effrayant régime alimentaire. Pour les plus visibles, de longues dents à la Dracula qu’elles utilisent pour percer l’épais cuir des vaches ou la tendre chair du jeune manchot. Une longue langue pour lécher le sang qui coule à partir de leurs précédentes perforations et qui comporte deux conduits en forme de paille qui récupère le sang. Cette espèce en particulier (sur les 1200 existantes) peut également se déplacer très rapidement sur le sol pour une approche plus furtive qu’un brutal atterrissage sur sa future victime.

Vidéo (transformé en GIF par votre serviteur) de Dan Riskin, Université Brown.course-chauve-souris@Gurumeditation

Pour ses adaptations invisibles et utilisées pour trouver leurs victimes, elles emploient un sens aigu de l’odorat, une ouïe fine, l’écholocation ainsi que des creux dans leurs nez, qui sont sensibles à la chaleur et qu’elles appliquent sur la peau de leur victime lorsqu’ils crapahutent dessus. Cela leur permet de trouver les capillaires remplis de sang chaud près de la surface.

Mais ici le sujet d’une nouvelle étude au titre prometteur : “Les enfants de Dracula : évolution moléculaire du venin de la chauve-souris Vampire” (lien plus bas), se concentre sur la salive, le venin que dépose dans la plaie la chauve-souris et qui empêche le sang de coaguler pour profiter sans interruption d’une Happy Hour sanguinolentes.

Pour rendre leur venin efficace, elles doivent en faire un cocktail, en reconvertissant les molécules de leurs victimes vers de nouveaux emplois.

Alors que tout vertébré forme un caillot de sang pour arrêter une plaie de saignée, il faut décomposer ce caillot une fois que la plaie est guérie. Une enzyme appelée activateur tissulaire du plasminogène crée une réserve de molécules appelées plasmine qui “coupe en morceaux” les caillots (la croute). Les chauves-souris vampire produisent des activateurs du plasminogène dans le sang à cette fin. Mais ils en produisent, également, un apport supplémentaire dans leurs glandes buccales. Lorsque les activateurs du plasminogène pénètrent dans une blessure, ils utilisent le propre plasminogène de la victime pour garder le sang liquide. Une fois que les chauves-souris ont emprunté les activateurs du plasminogène pour les utiliser dans leur venin, les molécules s’adaptent beaucoup mieux à ce nouvel emploi.

Les activateurs du plasminogène normaux sont évacués de la circulation sanguine par d’autres enzymes. C’est important pour notre survie, parce que sinon ils continueraient à empêcher la formation de nouveaux caillots qui évite à tout mammifère de se vider de son sang. Les activateurs du plasminogène des chauves-souris vampire ont une forme légèrement différente qui les protège des enzymes de leur victime.

Ensemble, ces molécules sont si efficaces qu’une vache saignera longtemps après l’envol du petit Dracula. Alors que les scientifiques ont étudié le venin des chauves-souris vampire depuis des décennies, ils sont toujours en recherche de nouvelles molécules dans le cocktail.

Les auteurs de l’étude ont appliqué une nouvelle méthode pour leur recherche. Ils ont attrapé deux chauves-souris vampires et ils ont catalogués tous les gènes qui étaient très actifs dans leurs glandes buccales. Les scientifiques les ont ensuite identifiés et ont étudié les propriétés des protéines qu’elles encodent. Ils ont découvert des dizaines de nouvelles protéines. Certaines d’entre elles tuent les microbes, en gardant propre l’approvisionnement alimentaire de la chauve-souris. Certaines dilatent les vaisseaux sanguins, augmentant ainsi le débit dans la plaie.

Quand une vache est attaquée par une chauve-souris vampire, elle n’est pas tout à fait impuissante. Les éleveurs ont remarqué que lorsque les chauves-souris se nourrissent encore et encore sur leurs troupeaux, les vaches saignent beaucoup moins longtemps. Pour les scientifiques, cela se produit parce que le système immunitaire des animaux apprend à reconnaître certaines des molécules du venin et les attaque. Dans la nouvelle étude, les chercheurs ont découvert des molécules de venin qui peuvent leurrer le système immunitaire. Le venin lui-même évolue pour échapper à la reconnaissance par le système immunitaire, en prenant de nouvelles formes qui peuvent leur permettre de passer inaperçus.

L’étude publiée cette semaine sur Science : Dracula’s children: Molecular evolution of vampire bat venom.

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