Un amphibien ressemblant à un ver produit du lait pour ses petits
Une créature ressemblant à un ver sécrète un lait nutritif à partir de son arrière-train pour nourrir ses petits, ce qui constitue le premier exemple connu d’un amphibien nourrissant sa progéniture de cette manière.
Image d’entête : une jeune cécilie, un siphonops annelé, lové dans/ par sa mère sa mère. (Carlos Jared/ Musée de Floride)
La lactation est considérée comme une caractéristique essentielle aux mammifères. Mais une poignée d’autres animaux, dont des oiseaux, des poissons, des insectes et même des araignées, peuvent produire un liquide riche en nutriments pour leur progéniture.
Cette liste comprend également les cécilies (Gymnophiona), un groupe d’environ 200 espèces d’amphibiens sans membres, ressemblant à des vers, mais avec une ossature comme les serpents, que l’on trouve dans les régions tropicales, dont la plupart vivent sous terre et sont totalement aveugles. On sait qu’une vingtaine d’espèces nourrissent leur progéniture à naître (née à l’intérieur du système reproducteur) d’une sorte de lait. Mais cette nouvelle étude (lien plus bas) décrit pour la première fois un amphibien pondeur d’œufs qui le fait pour sa progéniture née à l’extérieur de son corps.
Une mère cécilie, siphonops annelé, et ses petits. (Carlos Jared/ Musée de Floride)
Le liquide est « fonctionnellement similaire » au lait des mammifères, explique Carlos Jared, coauteur de l’étude et naturaliste à l’Institut Butantan de São Paulo, au Brésil.
Dans les années 2000, des chercheurs ont montré que chez certains cécilies, les petits naissaient avec des dents et qu’ils se nourrissaient d’une couche riche en nutriments de la peau de leur mère tous les 7 jours environ et pour Marta Antoniazzi, naturaliste à l’Institut Butantan, au Brésil et coauteure de l’étude :
Cela paraissait un peu étrange : des bébés qui ne mangent qu’une fois par semaine. Ce n’est pas suffisant pour que les petits se développent comme ils le font.
Antoniazzi, Jared et leurs collègues ont voulu étudier plus en détail les étranges habitudes alimentaires de ces jeunes amphibiens. Ils ont donc recueilli 16 cécilies nicheuses de l’espèce Siphonops annulatus et leurs petits dans des plantations de cacao de la forêt atlantique au Brésil. Les chercheurs ont ensuite filmé les animaux et analysé plus de 200 heures de leur comportement.
(Carlos Jared, Pedro Luiz Mailho-Fontana/ Institut Butantan)
Les images ont révélé qu’en plus de manger la peau de leur mère, les petits du S. annulatus pouvaient l’inciter à éjecter un liquide riche en graisses et en hydrates de carbone de son cloaque (l’ouverture arrière combinée des systèmes reproducteur et digestif) en émettant des bruits de clics aigus. Les jeunes introduisaient également leur tête dans le cloaque pour se nourrir.
Marvalee Wake, biologiste de l’évolution à l’université de Californie à Berkeley (États-Unis), estime que la découverte selon laquelle le S. annulatus est « à la fois un mangeur de peau et un producteur de lait est tout à fait étonnante ». Il ne s’agit probablement que de l’une des nombreuses bizarreries biologiques des gymnophiones.
Marvalee conclut sur cette question :
La plupart des espèces n’ont pas été étudiées à ce niveau de détail. Alors, qui sait ce qu’ils font d’autre ?
L’étude publiée dans Science : Milk provisioning in oviparous caecilian amphibians et présentée sur le site de l’Institut Butantan : Filhotes de cobras-cegas são alimentados com “leite materno”, mostra estudo de pesquisadores do Butantan publicado na Science.