Malgré une réglementation stricte, les pesticides continuent de nuire aux colonies de bourdons et d’abeilles
Des chercheurs européens alertent sur les effets néfastes des activités humaines et agricoles sur les populations de bourdon et donc d’abeilles.
Une équipe internationale a étudié 316 colonies de bourdons dans huit pays européens et elle a constaté qu’en dépit d’évaluations rigoureuses des risques, les abeilles européennes subissent toujours les effets néfastes de l’utilisation des pesticides.
Selon Charlie Nicholson, coauteur principal de l’étude (lien plus bas) et post-doctorant à l’université de Lund (Suède) :
Avec le plus grand déploiement expérimental sur le terrain de tous les pollinisateurs, nous constatons que les bourdons rencontrent de nombreux pesticides dans les paysages agricoles, ce qui entraîne une diminution de la descendance. En outre, les pesticides sont plus nocifs dans les paysages où l’habitat est réduit.
L’Union européenne a largement interdit les néonicotinoïdes, un pesticide controversé impliqué dans l’effondrement des colonies d’abeilles, en dehors des serres. Mais de nombreux autres types d’insecticides, ainsi qu’un type de néonicotinoïde considéré comme présentant un faible risque pour les abeilles, sont encore utilisés. Ces mesures sont plus strictes que dans d’autres pays, l’Agence américaine pour la protection de l’environnement a mis en place des mesures de gestion.
Les chercheurs européens ont placé 316 colonies à proximité de cultures de pommes et de graines oléagineuses dans les différents pays, puis ils ont prélevé du pollen à l’intérieur de la ruche et l’ont analysé pour déterminer les types de pesticides. Ils ont ensuite prélevé du pollen à l’intérieur de la ruche et l’ont analysé pour y détecter des types de pesticides. Ils ont pu établir une correspondance entre ces différents pesticides et le poids de la colonie avant, pendant et après la floraison. Un poids inférieur de la colonie signifie moins de descendants, moins de nourriture et moins d’abeilles en général.
Les résultats ne furent pas prometteurs. Ils ont constaté que des pesticides courants réduisaient le poids des colonies et que ces risques étaient plus importants dans les régions où l’agriculture est plus présente et où les plantes sauvages sont moins nombreuses.
Selon les chercheurs dans leur nouvelle étude (lien plus bas) :
L’hypothèse actuelle de la réglementation des pesticides, selon laquelle les produits chimiques qui passent individuellement les tests de laboratoire et les essais en semi-campagne sont considérés comme inoffensifs pour l’environnement, ne protège pas les abeilles et les autres pollinisateurs qui soutiennent la production agricole et la pollinisation des plantes sauvages. Ces résultats confirment la nécessité d’un suivi post-approbation de l’exposition aux pesticides et de leurs effets, afin de confirmer que le processus réglementaire est suffisamment protecteur pour limiter les dommages environnementaux collatéraux de l’utilisation des pesticides agricoles.
Cette recherche s’inscrit dans le cadre d’un projet européen plus vaste appelé PoshBee, qui surveille et tente d’améliorer les conditions de vie des abeilles.
Selon le coordinateur de PoshBee, le professeur Mark Brown, du Royal Holloway (université de Londres) :
Les bourdons, comme d’autres animaux, ne connaissent pas les frontières internationales et, pour les protéger, nous devons adopter une approche internationale similaire. L’ampleur de ce travail permet de franchir une étape dans notre compréhension de l’impact des produits agrochimiques sur la santé des pollinisateurs.
L’étude publiée dans Nature : Pesticide use negatively affects bumble bees across European landscapes et présentée sur le site de l’Université de Lund : Commonly used pesticides are still harming bees et de PoshBee.