La brulante Mercure pourrait héberger des glaciers à ses pôles
Cela ressemble peut-être à la découverte d’une station de ski en Amazonie, mais une équipe de scientifiques du Planetary Science Institute (Etats-Unis) affirme avoir trouvé des preuves que la planète Mercure, très chaude, possède des glaciers salés souterrains dans sa région polaire nord.
Image d’entête : Mercure par la sonde MESSENGER. (NASA)
S’il est une chose pour laquelle Mercure est connue, c’est qu’elle est chaude, très chaude. Étant la planète la plus proche du Soleil, sa température de surface atteint 230 °C pendant la journée. Elle n’a pas non plus d’atmosphère ni de champ magnétique, et devrait être aussi sèche et dépourvue de vie qu’il est possible de l’être.
Mais ce n’est peut-être pas le cas. Il pourrait y avoir des glaciers cachés au pôle nord de Mercure depuis plus d’un milliard d’années, dont l’existence aurait été révélée par des impacts d’astéroïdes ultérieurs.
Selon l’équipe, les glaciers sont plus répandus dans le système solaire qu’on ne le pensait, citant l’exemple des glaciers d’azote découverts sur Pluton par la sonde spatiale New Horizons de la NASA.
Zoom sur le “lobe” gauche du cœur d’azote de Pluton. (NASA/ New Horizons/ Tanguy Bertrand)
Les glaciers mercuriens auraient été produits dans le passé de Mercure par de l’eau qui s’est infiltrée dans le noyau de la planète alors qu’il y avait encore une activité volcanique. Lorsque l’eau a atteint la région polaire gelée sous la surface, elle a formé des mers peu profondes qui ont interagi avec des coulées de sel, formant des glaciers enfouis, selon des modèles informatiques basés sur les données de l’orbiteur MESSENGER de la NASA.
Vue du terrain chaotique polaire nord de Mercure (Borealis Chaos) et des cratères Raditladi et Eminescu où des traces de glaciers ont été identifiées. (NASA)
Les températures froides sous la surface sont un vestige de l’époque où Mercure à ses débuts avait encore une atmosphère, qui protégeait les pôles du soleil, permettant à l’eau liquide de se former et aux régions gelées de se stabiliser sous terre.
Selon l’équipe, ces couches riches en matières volatiles (VRL pour Volatile Rich Layers) ont produit des structures géologiques distinctes sous la forme de fosses de sublimation. Il s’agit de fosses laissées par la transformation en gaz de la glace salée exposée au vide de la surface de Mercure lors de l’impact d’un astéroïde. Ces fosses ont été trouvées à l’intérieur des cratères, mais pas à proximité de leurs bords, ce qui confirme l’idée qu’elles ont été mises au jour par des impacts.
A partir de l’étude : les reconstitutions stratigraphiques relient (1) Borealis Chaos à d’épaisses couches riches en matières volatiles (VRL) qui ne sont pas recouvertes et forment de vastes surfaces régionales et (2) les glaciers des cratères Raditladi et Eminescu à des zones de VRL exposées. Les reconstructions artistiques montrent la tête d’un glacier mercurien en train de s’écouler à partir des matériaux riches en matières volatiles exhumés et le terrain chaotique du pôle nord lorsque les matériaux régionaux riches en matières volatiles se brisent pour former des mesas et des bosses étendues (à gauche et à droite, respectivement, images générées par ChatGPT d’OpenAI). (J. P. Rodriguez et coll./ The Planetary Science Journal)
En 2020 :
Si cette théorie se confirme, elle aura également un effet sur la recherche de la vie hors de la Terre, car ces glaciers salés pourraient abriter une forme de vie microbienne. Ils seraient trop hostiles pour les microbes ordinaires, mais ils pourraient abriter certaines formes de vie extrêmophiles que l’on trouve sur Terre dans des niches comme le désert d’Atacama, la mer Morte et les sources d’eau chaude.
L’étude publiée dans The Planetary Science Journal : Mercury’s Hidden Past: Revealing a Volatile-dominated Layer through Glacier-like Features and Chaotic Terrains et présentée sur le site du Planetary Science Institute : Unveiling Mercury’s Geological Mysteries: Salt Glaciers, Primordial Atmosphere, and the New Frontiers of Astrobiology.