En Inde, la découverte de presque 100 œufs de dinosaures fossilisés laisse supposer que les titanosaures nichaient en colonies
En Inde, la découverte de dizaines de nids fossilisés laisse présager de l’existence de plusieurs dinosaures encore inconnus appartenant au groupe des titanosaures, et il fournit des indices sur la façon dont ces animaux se reproduisaient.
C’est ainsi que 92 nids et 256 œufs, mesurant jusqu’à 20 centimètres de long, ont été découverts dans la formation de Lameta dans La vallée de la Narmada en Inde, au nord et à l’est de Mumbai. Cette formation est une succession de couches rocheuses bien connue pour contenir des fossiles d’immenses dinosaures au long cou appelés titanosaures. Les paléontologues avaient déjà identifié trois espèces de titanosaures à partir d’ossements trouvés dans cette région.
Image d’entête, à partir de l’étude : (A) Œuf non éclos de la ponte. (B) Contour circulaire d’un œuf indiquant probablement qu’il n’est pas éclos. (C) Œuf comprimé montrant la fenêtre d’éclosion (flèche présentant l’espace) et quelques coquilles d’œufs recueillies juste autour de la fenêtre d’éclosion (encerclées) qui représentent peut-être les restes de la fenêtre d’éclosion. (D) Œuf présentant un contour incurvé. (E) Œuf déformé. (Dhiman et col./ PLOS ONE)
Ci-dessous, à partir de l’étude : carte de l’Inde montrant la répartition des œufs et des sites de nidification des dinosaures du Crétacé supérieur. (Dhiman et col./ PLOS ONE)
Selon Harsha Dhiman, de l’Université de Delhi et auteur principal de l’étude (lien plus bas) :
Cette recherche offre de nouvelles perspectives sur les conditions de préservation des nids et les stratégies de reproduction des dinosaures sauropodes titanosaures juste avant leur extinction.
Les chercheurs ont identifié des œufs des genres Megaloolithus et Fusioolithus, des groupes de titanosaures connus pour avoir vécu en Inde.
Les éléments du grès dans lequel les œufs ont été préservés suggèrent aux chercheurs que, lorsque les œufs ont été pondus, l’environnement marécageux comportait de l’eau courante. Le site de nidification se trouvait peut-être près d’un étang ou d’un lac du Crétacé (Voir dernier schéma en bas de page).
A partir de l’étude : photographies de terrain montrant les caractéristiques des affleurements où ont été trouvées les pontes. (Dhiman et col./ PLOS ONE)
Les œufs étaient de formes et de tailles diverses. Certains étaient complets. D’autres étaient brisés sous forme de coquilles d’œufs fossilisées, vieilles d’environ 67 millions d’années. D’autres encore étaient déformés, comprimés, ou de simples contours d’œufs dans le grès.
A partir de l’étude : photographies de terrain montrant des œufs dont la préservation est variable. (A) Contours d’œufs fragmentés et morcelés. (B) Surface d’un œuf partiellement écrasé. (C) Coquilles d’œufs étroitement associées les unes aux autres. (D) Surface altérée oblitérant le matériau de la coquille d’œuf (voir flèche). (Dhiman et col./ PLOS ONE)
Parmi ces spécimens, certains correspondaient à des œufs pathologiques, une variété anormale produite lorsque les animaux sont stressés. L’équipe a notamment découvert des œufs présentant plusieurs couches de coquille ou des œufs se formant à l’intérieur d’autres œufs. Ces types d’anomalies se retrouvent également chez les oiseaux modernes. Ces œufs anormaux indiquent que les titanosaures ont peut-être produit des œufs de manière séquentielle/ cyclique, comme les oiseaux modernes.
Malgré l’abondance de coquilles et de nids fossilisés, l’équipe n’a trouvé aucun dinosaure. Cela signifie que pour tous les œufs, aucun corps de dinosaure, des jeunes éclos jusqu’aux titanosaures de taille normale, n’a été trouvé à proximité des sites de nidification.
D’un point de vue théorique, les chercheurs pensent qu’il serait possible que cette zone ne serve qu’à la nidification et non à l’habitation. D’un point de vue taphonomique (préservation), les os n’ont pas pu être préservés, ou sont profondément enterrés ou encore non exposés et doivent encore être découverts.
Même sans os de titanosaure, les sites font la lumière sur la biologie de la reproduction des dinosaures, un domaine encore mal connu. L’équipe prévoit ensuite de revisiter les sites de nidification et de rechercher des dents de titanosaures. Ils feront également des tomodensitométries des œufs les plus complets pour voir si des squelettes embryonnaires sont préservés.
Concernant le lieu, à l’époque des dinosaures, cette partie de l’Inde occidentale était une plaine humide et marécageuse parsemée de petits lacs. Les plaines offraient des sites proches de sources d’eau, un sol mou pour l’enfouissement des nids et la possibilité de trouver de la nourriture pour les juvéniles, expliquent les chercheurs, autant d’éléments qui auraient rendu la région attrayante pour ces dinosaures.
A partir de l’étude : schéma représentant l’environnement de dépôt présumé de la formation de Lameta dans les zones d’étude. On en déduit que certains clusters ont été déposés près des berges des corps aquatiques (lacs/étangs) tandis que d’autres ont été déposés loin des lacs ou des étangs. Les couvées déposées près des marges étaient sujettes à de fréquentes submersions par l’eau et ont donc été enterrées sous les sédiments et sont restées non écloses, tandis que les couvées déposées loin des marges ont pu éclore et ont donc montré plus de coquilles brisées. (Harsha Dhiman et col./ PLoS One)
Ces sédiments humides contribuent également à expliquer pourquoi tant de nids de dinosaures ont été préservés en Inde occidentale. Lorsque les cours d’eau, les marais et les étangs se sont élevés, les nids voisins ont été inondés et enterrés.
L’étude publiée dans PLoS One : New Late Cretaceous titanosaur sauropod dinosaur egg clutches from lower Narmada valley, India: Palaeobiology and taphonomy.