La perte de glace du nord-est du Groenland pourrait être 6 fois plus importante que prévu
Il est récurent de constater, chaque année, que les pires prévisions concernant le climat et ses conséquences deviennent la norme l’année suivante… Ainsi, de nouvelles recherches publiées cette semaine (lien plus bas) montrent un amincissement plus important que prévu de la couche de glace du Groenland et une accélération du courant glaciaire du nord-est du Groenland (NEGIS pour Northeast Greenland Ice Stream), qui draine la glace des glaciers vers la mer.
Image d’entête : lac et rivière sur le glacier Zachariæ Isstrøm, au nord-est du Groenland. (Shfaqat Abbas Khan/ DTU Space)
La détérioration du flux de glace pourrait faire augmenter le niveau des mers de 15,5 mm, soit plus de 6 fois ce que les scientifiques avaient précédemment estimé.
Selon les recherches, l’accélération du NEGIS provoquera d’ici 2100 une élévation du niveau de la mer équivalente à la contribution de l’ensemble de la calotte glaciaire du Groenland au cours des 50 dernières années.
Selon Shfaqat Abbas Khan, glaciologue à l’Université technique du Danemark à Kongens Lyngby :
Ce n’est pas quelque chose que nous attendions. Les contributions du Groenland et de l’Antarctique à l’élévation du niveau de la mer au cours des 80 prochaines années seront nettement plus importantes que ce que nous avions prévu jusqu’à présent.
Lac et rivière sur le glacier Zachariae, au nord-est du Groenland. (Shfaqat Abbas Khan/ DTU Space)
Selon les auteurs du rapport, le NEGIS est un « principal contributeur à la perte de glace » et la recherche montre que :
L’accélération et l’amincissement étendus déclenchés par les changements frontaux en 2012 se sont déjà propagés sur plus de 200 km à l’intérieur des terres.
Au cours des deux dernières décennies, la perte de glace de la calotte glaciaire du Groenland a augmenté en rai/son de l’augmentation de la fonte de surface et de la décharge de glace dans l’océan.
Le NEGIS draine environ 12 % de l’intérieur de la calotte glaciaire du Groenland vers la mer par le biais de deux glaciers de sortie à écoulement rapide, ont indiqué les chercheurs. Au cours de la dernière décennie, il s’est rapidement accéléré. Les glaciers de sortie sont connus sous le nom de NG et ZI.
Animation des positions frontales modélisées de NG et ZI de 2007 à 2100. Une image du satellite Landsat-8 de 2017 est utilisée comme arrière-plan. La couleur indique la vitesse de la surface. (Shfaqat Abbas Khan, DTU Space, Danemark)
Selon les chercheurs :
Après avoir été presque stable de la fin des années 1970 au début des années 2000, ZI est entré dans une phase de recul vers 2004. Au cours des années 2000, ZI a continué à reculer. Un changement notable s’est produit en 2012, lorsque la plate-forme de glace s’est effondrée et que le flux de glace s’est accéléré.
Pour les scientifiques, les températures de l’air et de l’océan continuellement plus élevées, combinées à un lit marin en pente descendante, ont « conduit à une déstabilisation qui s’est poursuivie tout au long des années 2010 jusqu’en 2021. »
L’étude publiée dans Nature : Extensive inland thinning and speed-up of Northeast Greenland Ice Stream et présentée sur le site de l’Université technique du Danemark : Ice loss from Northeastern Greenland significantly underestimated.