Une impressionnante quantité de matériels de pêche est perdue dans l’océan chaque année, tuant au passage la vie sauvage
Selon une nouvelle étude (lien plus bas), environ 2 % de tous les équipements de pêche utilisés dans le monde finissent par polluer l’océan, suffisamment pour faire plus de 18 fois le tour de la Terre s’ils étaient tous attachés. Selon les chercheurs, cette importante quantité a des conséquences mortelles pour la vie marine et il est urgent de contrôler et de limiter la pollution due à la pêche.
Communément appelés « matériels/ Filets fantômes » ou “ghost gear” en anglais, les filets dérivants, les pièges abandonnés et autres équipements de pêche perdus peuvent rester dans l’océan pendant des siècles, empêchant, blessant et tuant de nombreuses créatures marines au passage. L’ampleur du problème a été difficile à quantifier, mais cette nouvelle étude fournit la première estimation mondiale de la quantité d’équipements perdus chaque année.
Selon les chercheurs à l’origine de l’étude :
Ces équipements de pêche perdus peuvent causer de lourds dommages sociaux, économiques et environnementaux. On estime que des centaines de milliers d’animaux meurent chaque année des suites de leur capture involontaire dans les filets de pêche. Les filets abandonnés peuvent continuer à pêcher sans discernement pendant des décennies. Si les taux de perte actuels se maintiennent, il y aura dans 65 ans suffisamment d’engins fantômes pour recouvrir la planète.
Pour leur étude, les chercheurs ont interrogé plus de 450 pêcheurs de sept des plus grands pays de pêche du monde, dont les États-Unis, le Maroc, l’Indonésie et le Pérou, afin de déterminer exactement combien d’engins de pêche se retrouvent dans les différents océans.
Ils ont demandé aux pêcheurs la quantité de matériels qu’ils utilisaient et perdaient chaque année, et quelles caractéristiques de ceux-ci et des navires pouvaient aggraver le problème. Il s’agissait notamment de la taille du navire et du matériel, de la quantité des équipements utilisés par le navire et du contact éventuel des équipements avec le fond marin. Ils ont ensuite associé les enquêtes aux données sur le volume de la pêche commerciale dans le monde.
Les pertes annuelles comprenaient :
- 740 000 kilomètres de lignes principales de palangre ;
- près de 3 000 kilomètres carrés de filets maillant ;
- 218 kilomètres carrés de chaluts ;
- 75 000 kilomètres carrés de filets à senne.
En outre, on estime que les pêcheurs perdent chaque année plus de 25 millions de pots et de pièges et près de 14 milliards d’hameçons de palangre, selon l’étude.
En réalité, le problème pourrait être encore plus important, car l’étude ne porte que sur la pêche commerciale et ne tient pas compte de la quantité de lignes de pêche et d’autres engins perdus par les pêcheurs récréatifs et artisanaux. Les chercheurs n’ont pas non plus pris en compte les activités de pêche illégale, non déclarée et non réglementée, qui sont également connues pour être un facteur et une cause importants des engins de pêche jetés.
Près de 700 espèces de la vie marine interagissent avec les débris marins, dont beaucoup sont menacées. Une étude de 2016 a révélé que les engins de pêche constituaient la principale menace d’enchevêtrement pour la faune marine, comme les tortues de mer et les mammifères marins. Les engins de pêche perdus ont également un impact économique sur les pêcheurs eux-mêmes, car chaque mètre de ligne perdu a un coût.
Les chercheurs ont appelé à de nouveaux efforts pour s’attaquer au problème, suggérant des mesures incitatives telles que des prêts réduits pour le remplacement des filets et des réceptacles portuaires pour encourager les pêcheurs à rapporter les engins de pêche usagés. Les améliorations technologiques peuvent également faire la différence, comme les exigences en matière de marquage et de suivi du matériel et l’entretien des équipements, mais il est de la plus haute importance d’insister sur des réformes de la pêche.
L’étude publiée dans Science Advances : Global estimates of fishing gear lost to the ocean each year et les chercheurs détaillent leurs recherches dans un article publié dans The Conversation : 740,000km of fishing line and 14 billion hooks: we reveal just how much fishing gear is lost at sea each year.