Un ADN datant d’un million d’années découvert en Antarctique
En tant qu’espèce dont la durée d’attention ne cesse de diminuer, il peut être difficile d’appréhender l’ancienneté de la vie sur Terre. Cependant, essayez de vous faire une idée de ce qui se passe maintenant : des scientifiques ont déterré des fragments d’ADN datant d’un million d’années.
Image d’entête : Un iceberg dans la mer de Scotia où ce sont déroulées les recherches. (Michael Weber)
Trouvés sous le fond de la mer de Scotia, au nord de l’Antarctique, ces fragments de matière organique peuvent être d’une valeur inestimable pour retracer l’histoire de la région, c’est-à-dire déterminer ce qui a vécu dans l’océan et sur quels laps de temps.
Techniquement appelés sedaDNA, pour sedimentary ancient DNA (ancien ADN sédimentaire), les échantillons récupérés devraient s’avérer utiles dans les recherches en cours pour comprendre comment le changement climatique pourrait affecter l’Antarctique dans le futur.
Selon Linda Armbrecht, écologiste marine de l’université de Tasmanie, en Australie :
Il s’agit de loin du plus ancien ADN sédimentaire marin authentifié à ce jour.
On trouve de l’ADN sédimentaire dans de nombreux environnements, notamment dans des grottes terrestres et dans le pergélisol subarctique, qui ont fourni de l’ADN sédimentaire datant respectivement de 400 000 et 650 000 ans.
Le froid, le faible taux d’oxygène et l’absence de rayonnement UV font des environnements marins polaires comme la mer de Scotia des sites privilégiés pour que l’ADN sédimentaire reste intact, attendant simplement d’être trouvé.
L’ADN récupéré a été extrait du fond de l’océan en 2019 et il a été soumis à un processus complet de contrôle de la contamination pour s’assurer que les marqueurs d’âge intégrés dans le matériau soient fiables.
Parmi les autres résultats, l’équipe a découvert des diatomées (organismes unicellulaires) datant de 540 000 ans. Tout cela nous aide à mieux comprendre comment cette partie du monde a évolué sur de vastes étendues de temps.
L’équipe a pu établir un lien entre l’abondance des diatomées et les périodes plus chaudes, dont la dernière dans la mer de Scotia remonte à environ 14 500 ans. Cela a conduit à une augmentation de l’activité globale de la vie marine dans toute la région de l’Antarctique.
Selon le géologue Michael Weber de l’université de Bonn en Allemagne :
Il s’agit d’un changement intéressant et important qui est associé à une augmentation mondiale et rapide du niveau des mers et à une perte massive de glace en Antarctique en raison du réchauffement naturel.
Cette dernière étude prouve que ces techniques d’ADN sédimentaire peuvent être utiles pour reconstituer des écosystèmes sur des centaines de milliers d’années, ce qui nous donne une toute nouvelle idée de la façon dont les océans ont changé.
Les scientifiques s’améliorent constamment dans l’extraction de ces anciens fragments d’ADN du sol et dans l’élimination du « bruit » et des interférences laissés par tout l’ADN moderne présent depuis lors, afin d’obtenir un aperçu authentique du passé. Une meilleure connaissance des changements climatiques passés et de la façon dont l’écosystème océanique a réagi permet d’élaborer des modèles et des prévisions plus précis sur ce qui pourrait se passer autour du pôle Sud.
Selon les chercheurs dans leur étude :
L’Antarctique est l’une des régions les plus vulnérables au changement climatique sur Terre, et il est urgent d’étudier les réponses passées et présentes de cet écosystème marin polaire aux changements environnementaux.
L’étude publiée dans Nature Communications : Ancient marine sediment DNA reveals diatom transition in Antarctica et présentée sur le site de l’université de Bonn : 1 million-year-old marine DNA found in Antarctic sediment.