S’il vous fallait une preuve supplémentaire que le fait marcher dans la nature réduit votre stress
La vie urbaine peut être stressante et intense, nous le savons tous. Alors que la moitié de la population mondiale vit déjà en ville (et que d’autres s’y installent chaque jour), les villes ne peuvent que devenir plus grandes, plus bruyantes et plus peuplées, ce qui signifie probablement beaucoup plus de stress pour beaucoup plus de gens. Mais il existe un antidote : selon une nouvelle étude, passer du temps dans la nature peut faire une grande différence, même si ce n’est que pour une heure de temps en temps.
Depuis des décennies, les chercheurs ont constaté des différences de santé mentale entre les personnes vivant en milieu rural et celles vivant en milieu urbain. Il est clair que passer du temps dans un environnement naturel peut être psychologiquement bénéfique, en réduisant le stress et les émotions négatives. Néanmoins, les fondements neuronaux de ces effets de la nature sont encore mal compris.
Sonja Sudimac, chercheuse en neurosciences à l’Institut Max-Planck de développement humain (Allemagne) et auteur principal de l’étude indique que de précédentes recherches ont montré que l’amygdale, une partie du cerveau impliquée dans le traitement du stress, était moins activée en cas de tension chez les personnes vivant en milieu rural que chez celles vivant en ville. Toutefois, on ne savait pas encore si la nature était à l’origine de ce phénomène ou si d’autres facteurs entraient en jeu.
Dans leur nouvelle étude, les chercheurs ont conçu une expérience originale pour déterminer si et comment le fait de passer du temps dans la nature réduit directement nos réactions au stress. Ils ont recruté une soixantaine de volontaires et leur ont demandé de passer un examen IRM. Les chercheurs ont ensuite suivi l’activité des amygdales au cours de plusieurs examens afin de mesurer leur niveau de stress.
Après avoir déterminé les données de référence, chaque personne a été répartie au hasard pour faire une promenade de 60 minutes soit en ville, soit dans une forêt. Le parcours urbain se situait dans une rue animée de Berlin, tandis que le parcours naturel se déroulait dans une forêt voisine. Une fois la promenade terminée, les participants sont retournés au laboratoire et ont répété les analyses d’imagerie IRM.
Tous ceux qui ont marché dans la forêt ont constaté une baisse de leur niveau de stress, tandis que ceux qui ont emprunté le parcours urbain n’ont constaté aucun changement dans l’activité des amygdales. Ces résultats, selon les chercheurs, indiquent que l’exposition à la ville n’augmente pas nécessairement les réponses au stress d’une personne, mais que le temps passé dans la nature peut réduire cette activité neuronale. Ils suggèrent également que ce n’est pas la marche elle-même qui produit l’amélioration, mais plutôt le temps passé dans la nature.
Selon les chercheurs dans leur étude :
Nous avons démontré que l’activation de l’amygdale diminuait pendant une tâche de stress après une exposition à la nature, alors qu’elle restait stable après une exposition en milieu urbain. Cela plaide fortement en faveur des effets salutaires de la nature, par opposition à une exposition urbaine provoquant un stress supplémentaire.
L’étude confirme une fois de plus l’importance des politiques d’aménagement urbain visant à créer des espaces verts accessibles dans les villes, de manière à stimuler la santé mentale et le bien-être général des gens. Les chercheurs ont indiqué qu’ils travaillent actuellement à une autre étude visant à comprendre comment une promenade de 60 minutes dans la nature par rapport à un environnement urbain affecte le stress des mères et de leurs bébés.
L’étude publiée dans la revue Molecular Psychiatry : How nature nurtures: Amygdala activity decreases as the result of a one-hour walk in nature et présentée sur le site de l’Institut Max-Planck de développement humain : How does nature nurture the brain?