Le sérum d’ours noir en hibernation stimule la masse musculaire dans des cellules humaines
L‘incroyable capacité des ours à hiberner pendant des mois a donné lieu à d’intéressantes recherches sur la façon dont leurs secrets pourraient profiter à la santé humaine, notamment en ce qui concerne la perte musculaire. Des scientifiques japonais ont fait une découverte fascinante dans ce domaine, démontrant comment les cellules musculaires humaines peuvent recevoir une perfusion de sérum d’ours noir en hibernation pour non seulement prévenir l’atrophie, mais aussi promouvoir activement une augmentation de la masse.
Image d’entête : ours noir (Ursus thibetanus japonicus) étudié ici. (Wikimedia)
Alors que les humains peuvent commencer à perdre leur masse musculaire en quelques semaines d’inactivité, les ours hibernants peuvent rester immobiles jusqu’à 7 mois sans manger ni boire, sans que cela ait de graves conséquences sur leur santé. Ils y parviennent après s’être gavés de nourriture en été et en automne pour accumuler des réserves de graisse et passer l’hiver sans faire grand-chose, tout en résistant à des maladies comme les problèmes cardiaques, le diabète et le cancer.
Les scientifiques ont étudié ce phénomène dans l’espoir de découvrir de nouveaux traitements contre l’obésité et l’atrophie musculaire, tandis que des études sur d’autres créatures hibernantes, comme le poisson zèbre, ont laissé entrevoir comment nous pourrions être capables de supporter des environnements inhospitaliers. Cela pourrait s’avérer crucial dans le cas des voyages dans l’espace lointain, dont les niveaux élevés de rayonnement sont connus pour présenter une série de risques pour la santé humaine.
Cette nouvelle étude s’est concentrée sur les muscles squelettiques, qui sont sensibles à la perte de masse causée par l’immobilité. Dirigée par des scientifiques de l’université de Hiroshima et de l’université d’Hokkaido (Japon), l’équipe de recherche a pris des cellules de muscle squelettique humain en culture et les a infusées avec du sérum prélevé dans le sang d’ours noirs (Ursus thibetanus japonicus) en hibernation. Fait important, le sérum prélevé pendant la saison estivale active des ours n’a pas induit ces mêmes effets.
Les scientifiques pensent que cela est dû à un facteur présent dans le sérum de l’ours hibernant qui supprime un « mécanisme de destruction » à l’origine de la dégradation des muscles, qui entre normalement en action lorsque nous ne les utilisons pas. Les ours sont capables de résister à ce phénomène de « l’utiliser ou le perdre » en ce qui concerne leur masse musculaire, ce que les scientifiques attribuent à la suppression d’une protéine appelée MuRF1 qui active le déchiquetage des muscles inutilisés. Leurs prochaines étapes consistent à identifier les hormones et les voies qui suppriment cette protéine clé.
Selon le premier auteur de l’étude, Mitsunori Miyazaki :
Nous avons indiqué qu’un « facteur » présent dans le sérum de l’ours hibernant pouvait réguler le métabolisme des protéines dans les cellules musculaires squelettiques humaines en culture et contribuer au maintien de la masse musculaire. Cependant, l’identification de ce ‘facteur’ n’a pas encore été réalisée.
Cette identification pourrait ouvrir des possibilités intéressantes pour protéger les humains lors de voyages dans les profondeurs de l’espace ou pour prévenir la fonte musculaire chez les personnes immobiles en raison du vieillissement ou d’une maladie.
En identifiant ce « facteur » dans le sérum d’ours hibernant et en clarifiant le mécanisme inexploré à l’origine des « muscles qui ne s’affaiblissent pas même sans utilisation » chez les animaux hibernants, il est possible de développer des stratégies de réhabilitation efficaces chez l’homme et d’éviter de devenir grabataire à l’avenir », selon Miyazaki.
L’étude publiée dans PLOS One : Supplementing cultured human myotubes with hibernating bear serum results in increased protein content by modulating Akt/FOXO3a signaling et présentée sur le site de l’Université d’Hiroshima : Bears got hibernation power in their blood but identity of ‘superhero’ components still a mystery.