Une preuve fossile vient d’alimenter le débat sur l’utilité du cou des girafes
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Avant que Charles Darwin n’identifie la sélection naturelle comme le processus par lequel les espèces évoluent, le naturaliste français Jean-Baptiste de Lamarck a proposé sa propre théorie de l’évolution. Lamarck a suggéré que les caractéristiques acquises étaient héritables.
Image d’entête : une illustration du Discokeryx xiezhi (au premier plan) et de girafes (Giraffa camelopardalis) (à l’arrière-plan). (WANG Yu et GUO Xiaocong)
Il cite le célèbre exemple des girafes. Selon Lamarck, ces animaux étiraient leur cou pour se nourrir en hauteur, et la poursuite de cette habitude a entraîné un allongement progressif des membres et du cou, des caractéristiques qui étaient ensuite transmises à la génération suivante. Et voilà ! Les girafes ont un long cou.
À l’inverse, et plus correctement, l’évolution darwinienne propose que les ancêtres des girafes aient eu de légères variations de la longueur de leur cou. Celles qui avaient un cou plus long ont peut-être mieux réussi à se procurer de la nourriture, d’où la « sélection » de cet attribut par les girafes au cou plus long, en meilleure santé et à la durée de vie plus longue.
Mais au-delà des discussions sur le lamarckisme et le darwinisme, nous continuons à apprendre sur l’évolution des girafes. Et de nouvelles recherches publiées cette semaine (lien plus bas) suggèrent que les longs cous ont peut-être plus à voir avec la parade nuptiale qu’avec l’obtention d’un repas.
Lors des rituels d’accouplement, les girafes mâles rivales balancent leur long cou, projetant leurs lourds crânes sur leurs concurrents. Les mâles ciblent les points faibles de leurs adversaires avec leur armement crânien : les ossicônes (structure osseuse recouverte de peau au sommet de la tête de la girafe) et les ostéomes (excroissances osseuses sur le crâne de l’animal). Un cou plus long signifie une force et des dommages plus importants pour le rival.
Des chercheurs de l’Institut de paléontologie des vertébrés et de paléoanthropologie (IVPP) de l’Académie chinoise des sciences ont étudié les fossiles d’une étrange girafe primitive, le Discokeryx xiezhi.
Des fossiles, dont un crâne complet et quatre vertèbres cervicales, appartenant au Discokeryx xiezhi ont été analysés. Les fossiles, vieux de 17 millions d’années, ont été découverts dans le bassin de Junggar au Xinjiang, en Chine.
Discokeryx xiezhi vivait à l’époque géologique du Miocène, qui s’étendait de 23 à environ 5 millions d’années. Le Miocène a vu l’émergence des premières forêts de varech et des premières prairies.
La communauté fossile du bassin de Junggar, il y a environ 1 700 millions d’années. Les Discokeryx xiezhi sont au milieu. (GUO)
Plus de 40 millions d’années après l’extinction des grands dinosaures, l’ère des mammifères battait son plein. Les premiers chiens, ours, hyènes et chats à dents de sabre de la famille des Smilodons sont apparus. De même, des antilopes primitives, des cerfs, des éléphants et des girafes ont fait leur apparition.
Selon le professeur Deng Tao de l’IVPP, coauteur de cette étude :
Discokeryx xiezhi présentait de nombreuses caractéristiques uniques parmi les mammifères, notamment le développement d’un grand osselet en forme de disque au milieu de sa tête.
Pour Deng, l’ossicône unique ressemble à celui du xiezhi, une créature à une corne de l’ancienne mythologie chinoise qui a donné son nom à l’ancien mammifère.
Selon les chercheurs, les articulations de l’animal entre la tête et le cou, et entre les vertèbres cervicales très robustes, sont les plus complexes de tous les mammifères. L’équipe a découvert que ces articulations étaient adaptées aux chocs tête contre tête à grande vitesse. Ils ont constaté que cette structure était bien plus efficace que celle des animaux actuels qui se battent de front, comme les bœufs musqués. En fait, le Discokeryx xiezhi pourrait avoir été le vertébré le mieux adapté de tous les temps pour utiliser l’impact frontal.
Selon l’auteur principal Wang Shiqi :
Les girafes vivantes et le Discokeryx xiezhi appartiennent tous deux à la superfamille des Giraffoidea. Bien que la morphologie de leur crâne et de leur cou soit très différente, elles sont toutes deux associées aux luttes de cour des mâles et ont toutes deux évolué dans une direction extrême.
A partir de l’étude : le nombre accumulé de “couvre-chefs” dans divers groupes de pécoran au cours de leur évolution. Notez que les giraffomorphes ont développé davantage de types de casques que les autres groupes de pécoran, ce qui peut être en partie attribuable à leurs différents styles de combat. (WANG Yu et GUO Xiaocong)
En comparant les cornes des girafes, des bovins, des moutons, des cerfs et des Antilopes d’Amérique, l’équipe a constaté une plus grande diversité chez les girafes. Ils ont également trouvé des extrêmes plus importants chez les Giraffoidea, indiquant des luttes de cour plus intenses.
Selon Men Jin, coauteur de l’étude :
Les isotopes stables de l’émail des dents ont indiqué que le Discokeryx xiezhi vivait dans des prairies ouvertes et pouvait migrer de façon saisonnière.
Les chercheurs suggèrent que les prairies moins habitables peuvent avoir poussé des animaux comme le Discokeryx xiezhi à adopter un comportement de combat en tant que stress lié à la survie causé par l’environnement. Le genre Giraffa, auquel appartient la girafe moderne, est apparu il y a environ 7 millions d’années dans des environnements similaires. Les auteurs suggèrent qu’une lutte extrême similaire et une sélection sexuelle sont à l’origine de l’allongement rapide du cou des girafes.
L’étude publiée dans Science : Sexual selection promotes giraffoid head-neck evolution and ecological adaptation et présentée sur le site de l’Académie chinoise des sciences : Strange Fossil Solves Giraffe Evolutionary Mystery.