Du domestique au nuisible : la plus grande menace parmi les animaux de compagnie relâchés dans la nature
Ils vous ont trompé avec leurs yeux globuleux et leur joli ventre potelé, mais les poissons rouges sont involontairement l’une des plus grandes menaces pour la nature. Comment ? En étant relâchés dans la nature par leurs propriétaires.
Le commerce des animaux de compagnie est responsable d’un tiers de toutes les espèces aquatiques envahissantes, car les particuliers relâchent des animaux indésirables dans la nature. Bien que les propriétaires pensent généralement qu’il s’agit d’une solution humaine pour leur animal, il s’avère que cela peut avoir des conséquences catastrophiques pour la biodiversité indigène.
Pour mieux comprendre la nature de la réaction de ces espèces envahissantes dans la nature, une étude s’est penchée sur deux poissons couramment commercialisés : le poisson rouge (Carassius auratus) et le Cardinal (Tanichthys albonubes). Le poisson rouge a été domestiqué il y a plus de 1000 ans et sa propagation invasive est très étendue à travers le monde, tandis que le Cardinal n’a été commercialisé qu’au cours des dernières décennies et sa propagation invasive est relativement limitée.
Le Cardinal ou Néon du pauvre (Tanichthys albonubes). (Sci AP)
Le poisson rouge et le Cardinal appartiennent à la famille des carpes Cyprinidae, qui est un groupe très performant originaire d’Europe et d’Asie, mais un parasite envahissant dans certaines parties de l’Afrique, de l’Australie et des États-Unis.
Afin d’évaluer les caractéristiques favorisant la dispersion, trois comportements ont été comparés entre les deux espèces, ainsi qu’avec deux espèces indigènes similaires, la Loche franche (Barbatula barbatula) et le vairon commun (Phoxinus phoxinus). Ces comportements concernaient la fréquence d’alimentation par individu, les interactions de recherche de nourriture (être nourri ensemble) et le niveau d’audace.
Les poissons rouges présentaient les taux d’alimentation maximum les plus élevés des quatre espèces, tandis que les Cardinaux présentaient les taux les plus bas. Dans les expériences de recherche de nourriture, des interactions neutres ont été observées pour les quatre espèces, les poissons rouges présentant toujours les taux d’alimentation les plus élevés, quel que soit le poisson avec lequel ils partagent l’environnement. Ils ont également fait preuve de la plus grande audace, ont été plus actifs pendant les essais et plus enclins à s’approcher des nouveaux objets.
À partir de ces trois comportements, les risques d’invasion relatifs (RIR) ont été évalués. Le poisson rouge a été considéré comme présentant le risque le plus élevé, nécessitant une gestion prioritaire, en raison de l’historique d’invasion de ce poisson.
Selon l’auteur principal, le Dr James Dickey, de l’université Queen’s de Belfast, en Irlande du Nord :
Nos recherches suggèrent que les poissons rouges représentent une triple menace. Non seulement ils sont facilement disponibles, mais ils combinent un appétit insatiable avec un comportement audacieux.
Alors que les climats d’Europe du Nord sont souvent un obstacle à la survie des espèces non indigènes dans la nature, les poissons rouges sont connus pour leur tolérance à ces conditions et pourraient constituer une réelle menace pour la biodiversité indigène dans les rivières et les lacs, en consommant les ressources dont dépendent les autres espèces.
Notre recherche souligne que les poissons rouges sont à haut risque, mais nous espérons que les méthodes développées ici pourront être utilisées pour évaluer d’autres espèces dans le commerce des animaux de compagnie en Irlande et ailleurs.
Les espèces facilement disponibles sont les plus susceptibles d’être libérées, donc limiter la disponibilité des espèces potentiellement dangereuses, ainsi qu’une meilleure éducation des propriétaires d’animaux de compagnie, est une solution pour empêcher l’établissement d’envahisseurs nuisibles à l’avenir.
Les poissons rouges géants découverts dans les cours d’eau représentent un énorme problème pour la faune indigène. (Université Murdoch)
L’étude publiée dans NeoBiota : Threats at home? Assessing the potential ecological impacts and risks of commonly traded pet fishes et présentée sur le site de l’Université Queen’s de Belfast : Pets or threats? Goldfish might be harmful for biodiversity.