Des scientifiques trouvent un moyen de modifier génétiquement des chats pour qu’ils ne provoquent pas d’allergies
Les humains aiment les chats. Cependant, jusqu’à 15 % de la population y est allergique, en grande partie grâce à un allergène particulier appelé Fel d 1, qui est produit par les glandes salivaires, sébacées, périanales et lacrymales de votre chat. Les niveaux de production naturelle de Fel d 1 varient selon les chats, certains produisant plus de 100 fois ce que font les autres.
Si vous êtes allergique aux chats, cette substance est probablement responsable de 60 à 90 % de votre réponse immunitaire et des crises d’asthme qui en découlent. Ce fait est connu depuis longtemps. En effet, il y a 18 ans, une société américaine appelée Allerca prétendait élever des chats spécifiquement pour sélectionner des niveaux faibles de cette protéine. Allerca a fait faillite en 2015, à la suite d’un reportage plutôt accablant d’ABC News, qui a découvert que ces « chats hypoallergéniques » n’étaient non seulement ni plus ni moins allergéniques que n’importe quel autre chat, mais qu’il s’agissait en fait de chats achetés au hasard dans des refuges et vendus à des clients le lendemain.
Pourtant, l’idée d’un chat hypoallergénique persiste, et la société de biotechnologie InBio, dont le siège est en Virginie aux Etats-Unis, a réalisé une étude de preuve de principe (lien plus bas) en utilisant l’édition génétique CRISPR-Cas9. Elle a découvert que « Fel d 1 est un candidat rationnel et viable pour la délétion du gène, ce qui pourrait être très bénéfique aux personnes souffrant d’allergies aux chats en éliminant l’allergène principal à la source ».
Les chercheurs ont identifié deux régions cibles de l’ADN, qu’ils ont baptisées CH1 et CH2, qui semblaient être de bons candidats pour l’édition CRISPR. Ils ont testé le processus CRISPR-CAS9 sur des cellules épithéliales félines et ils ont constaté des efficacités d’édition génétique comprises entre 52,2 et 77,6 %, sans aucun signe d’édition hors cible sur quatre sites d’ADN qui avaient été prévus comme des endroits possibles où des erreurs d’édition pourraient se produire.
L’analyse génétique de 8 espèces différentes de chats a révélé des quantités naturelles très variables de ces deux séquences génétiques, ce qui pourrait expliquer la variabilité naturelle des niveaux de Fel d 1 et amener les chercheurs à conclure qu’il n’est probablement pas essentiel à la survie des chats et qu’il constitue donc une bonne cible pour la suppression génétique.
À partir de là, les chercheurs prévoient de poursuivre leur travail sur cette idée. Dans un premier temps, ils essaieront de reproduire les modifications CRISPR dans des cellules primaires félines qui expriment Fel d 1, puis ils passeront à des essais sur des chats vivants. À terme, l’équipe espère mettre au point un traitement permettant de rendre les chats adultes hypoallergéniques, tout en étudiant la protéine Fel d 1 là où elle est présente chez d’autres animaux, à la recherche de son but évolutif et de ses fonctions biologiques.
Il s’agit donc d’une nouvelle prometteuse pour les amoureux des chats asthmatiques qui éternuent, mais il reste encore du chemin à parcourir. En attendant, les chercheurs notent que le vaccin HypoCat semble pouvoir contribuer à réduire le Fel d 1 et la réponse immunitaire associée chez les propriétaires de chats allergiques, et qu’un traitement par anticorps monoclonal pour les humains a permis de réduire la gravité des symptômes d’allergie d’environ 60 % chez la moitié des patients testés. Il existe donc de multiples approches en cours.
Présentation du document de recherche. (InBio)
L’étude publiée dans The CRISPR Journal : Evolutionary Biology and Gene Editing of Cat Allergen, Fel d 1.