Les satellites de SpaceX apparaissent désormais sur 1 image crépusculaire sur 5 des télescopes
Les aspirations de la société SpaceX à doter la Terre d’un accès Internet à haut débit grâce à une constellation de satellites en orbite se poursuivent, et une nouvelle étude démontre la marque significative qu’ils laissent déjà sur le monde de l’imagerie astronomique. Le nombre de satellites en orbite terrestre basse ayant augmenté rapidement au cours des deux dernières années, les chercheurs ont constaté qu’ils affectent désormais près d’un cinquième des observations crépusculaires importantes, bien qu’ils décrivent les impacts scientifiques globaux comme étant faibles, pour l’instant.
Image d’entête : un satellite Starlink traverse une image crépusculaire de la galaxie d’Andromède prise par le Zwicky Transient Facility. (Caltech Optical Observatories/ IPAC)
SpaceX a commencé à lancer ses satellites Starlink en orbite en 2019, et la même année, les astronomes remarquaient déjà l’apparition de bandes lumineuses sur leurs images.
Observé par un astronome depuis la Terre, le convoi de satellites Starlink passant au-dessus de Leiden, aux Pays-Bas, environ 22,5 heures après le lancement. (Marco Langbroek)
Une image du groupe de galaxies NGC 5353/4 réalisée à l’observatoire Lowell en mai 2019. Les lignes diagonales sont des traînées de lumière réfléchie laissées par les satellites Starlink récemment lancés. (Victoria Girgis/ Observatoire Lowell)
Depuis lors, les préoccupations se sont accrues sur la façon dont ces satellites pourraient compromettre le ciel sombre et tranquille sur lequel les scientifiques comptent pour étudier l’univers, ou même empêcher la détection d’astéroïdes géocroiseurs dangereux.
En décembre 2021, selon Samantha Lawler, professeure adjointe d’astronomie à l’université de Regina :
Aujourd’hui, près de 1 800 d’entre eux gravitent autour de la Terre à une altitude d’environ 550 km, et une analyse des images d’archives recueillies par le Zwicky Transient Facility (ZTF) à l’observatoire Palomar de Caltech, près de San Diego, entre novembre 2019 et septembre 2021, montre comment ils font sentir leur présence. Cet instrument scrute le ciel nocturne tous les deux jours, recueillant des observations d’objets cosmiques tels que des supernovæ et des astéroïdes géocroiseurs.
Cette analyse a révélé un total de 5 301 traînées créées par les satellites Starlink, affectant près d’un cinquième des observations crépusculaires. Ces dernières, effectuées à l’aube ou au crépuscule, sont essentielles pour détecter les astéroïdes qui voyagent près du Soleil et traversent le voisinage de la Terre.
Selon Przemek Mróz, auteur principal de l’étude :
En 2019, 0,5 % des images crépusculaires étaient affectées, et maintenant près de 20 % le sont.
Malgré cette augmentation rapide des images striées, les chercheurs affirment que les opérations scientifiques ne sont pas fortement impactées, chaque strie affectant moins d’un dixième de pour cent des pixels de chaque image, et les conditions météorologiques constituant une plus grande menace en l’état actuel des choses.
Selon Tom Prince, coauteur de l’étude :
Il y a une petite chance que nous manquions un astéroïde ou un autre événement caché derrière une traînée de satellite, mais comparé à l’impact de la météo, comme un ciel nuageux, ce sont des effets plutôt faibles pour ZTF.
SpaceX prévoyant de mettre en orbite jusqu’à 10 000 satellites d’ici 2027, les scientifiques quant à eux prévoient que presque toutes les images crépusculaires prises au ZTF contiendront au moins une traînée à l’avenir. Les scientifiques s’attendent à ce qu’un logiciel les aide à éviter la pollution potentielle de leurs images. Ce logiciel pourrait prédire la trajectoire des satellites et leur permettre de programmer des observations qui les évitent ou qui pourraient masquer leurs effets.
Simulation du futur “maillage” des satellites Starlink. (Mark Handley/ University College London)
SpaceX prend ses propres mesures pour réduire l’impact de ces satellites sur l’astronomie. Il s’agit notamment d’ajouter des pare-soleil aux satellites pour réduire leur réflectivité, le premier prototype étant lancé en juin 2020. Dans le cadre de leur analyse, les auteurs de l’étude ont également examiné l’efficacité de ces visières, et ont constaté qu’elles réduisent effectivement la luminosité des satellites par un facteur d’environ 5, bien que cela reste un peu plus lumineux que les niveaux exigés par l’atelier Satellite Constellations 1 (SATCON1), composé d’astronomes, de décideurs et d’experts en 2020.
Selon Mróz :
Nous ne nous attendons pas à ce que les satellites Starlink affectent les images non crépusculaires, mais si la constellation de satellites d’autres entreprises passe à des orbites plus élevées, cela pourrait poser des problèmes pour les observations non crépusculaires.
L’étude publiée dans The Astrophysical Journal Letters : Impact of the SpaceX Starlink Satellites on the Zwicky Transient Facility Survey Observations et présentée sur le site du California Institute of Technology (Caltech) : Palomar Survey Instrument Analyzes Impact of Starlink Satellites.