La pollution par l’ozone cause des milliards de dollars de dégâts aux cultures d’Asie de l’Est
Une équipe de chercheurs dirigée par des Chinois a découvert que la pollution par l’ozone endommageait chaque année les cultures en Asie de l’Est pour un montant estimé à 87 milliards de dollars australiens, avec des conséquences majeures pour la sécurité alimentaire future.
Tout le monde sait que l’ozone est un élément important de la stratosphère, qui protège notre planète des rayons ultraviolets. Mais l’ozone est également présent au niveau le plus bas de l’atmosphère, où il est beaucoup plus problématique.
Connu sous le nom d’ozone troposphérique, il est créé par des réactions chimiques entre des oxydes d’azote et des composés organiques volatils en présence de la lumière du soleil. Ces deux substances sont émises par la combustion de combustibles fossiles dans les transports et l’industrie.
L’ozone troposphérique est considéré comme un gaz à effet de serre qui contribue directement au réchauffement de la planète. Mais c’est aussi un polluant, connu pour causer des problèmes de santé respiratoire chez l’homme ainsi que des dommages à la végétation et aux cultures.
Les concentrations d’ozone troposphérique ont augmenté dans l’hémisphère nord depuis la première révolution industrielle. Mais si les réglementations récentes ont permis de réduire les niveaux en Europe et en Amérique du Nord, ils continuent d’augmenter dans les pays en développement, notamment en Asie du Sud et de l’Est.
La nouvelle étude (lien plus bas), a examiné comment l’ozone de surface endommage les cultures dans ces régions.
Selon les chercheurs dans leur étude :
L’Asie de l’Est est un point chaud de la pollution par l’ozone troposphérique (O3), qui entrave la croissance des cultures et réduit les rendements. L’O3 constitue une menace pour la sécurité alimentaire en raison de ses effets délétères sur la production agricole.
Mais en raison du manque d’observation et de données expérimentales, ces effets n’ont pas été pleinement appréhendés. L’équipe de recherche a donc mis en place 3 072 sites de surveillance à travers le Japon, la Chine et la Corée du Sud pour surveiller les cultures de base, à savoir le blé, le riz et le maïs.
Ils ont ensuite comparé les observations aux données expérimentales et ils ont établi une relation exposition-réponse à l’ozone pour ces trois cultures. Ils ont ainsi pu quantifier les pertes de récolte.
Toujours selon les chercheurs :
La Chine présente la perte de rendement relative la plus élevée, soit 33 %, 23 % et 9 % pour le blé, le riz et le maïs, respectivement. La perte de rendement relative est beaucoup plus importante pour le riz hybride que pour le riz consanguin, étant proche de celle du blé.
Au total, ils estiment que la valeur annuelle des pertes de récoltes s’élève à 55 milliards d’euros (63 milliards de dollars).
Cette étude fait suite à une étude de 2017 prédisant que si le réchauffement climatique et la pollution par l’ozone ne sont pas enrayés, les États-Unis peuvent s’attendre à une baisse de la production de blé, de maïs et de soja de 13 %, 43 % et 28 %, respectivement. Cette étude a montré que la régulation de l’ozone peut compenser ce déclin, dans une certaine mesure, ce qui est confirmé par cette nouvelle étude.
L’équipe appelle à la lutte contre la pollution par l’ozone troposphérique dans toute l’Asie, en particulier dans les pays d’Asie du Sud et du Sud-Est comme l’Inde et le Pakistan, où le riz provient en grande partie de la production nationale plutôt que des importations. Ils appellent également à la mise en place de réseaux de surveillance pour recueillir davantage de données, et éventuellement fournir des alertes précoces aux agriculteurs.
Pour les chervchrues :
Dans la perspective d’une pénurie alimentaire persistante en Asie du Sud pour les décennies à venir, la tendance à la baisse des niveaux d’O3 troposphérique au-dessus de l’Inde nous incite à quantifier les pertes de production agricole et les avantages éventuels de la lutte contre la pollution atmosphérique.
En développant des réseaux de surveillance de l’O3 dans toute l’Asie du Sud, nous pourrions démontrer les risques de la pollution par l’O3 de manière plus convaincante que les études précédentes.
L’étude publiée dans la revue Nature Food : Ozone pollution threatens the production of major staple crops in East Asia.