Transplantation : un homme profite désormais d’un cœur de cochon génétiquement modifié
Dans le cadre d’une procédure historique, des chirurgiens américains ont, pour la première fois, transplanté un cœur de porc génétiquement modifié dans un être humain vivant. Le patient est actuellement toujours en vie, n’a pas rejeté l’organe de porc et il est suivi de près au centre médical de l’université du Maryland aux Etats-Unis.
Image d’entête : les chirurgiens lors de l’opération qui a duré environ 8 heures. (UMMS)
Cette étonnante opération est l’aboutissement de décennies de travail de la part de scientifiques du monde entier. Les progrès réalisés dans le domaine de l’édition génétique, qui ont permis le développement d’organes de porc qui ne sont pas rejetés par le système immunitaire humain, constituent peut-être les étapes récentes les plus significatives qui ont conduit à ce résultat décisif.
Le cœur de porc génétiquement modifié utilisé pour la transplantation a été fourni par la société de médecine régénérative Revivicor et provenait d’un porc qui avait subi une dizaine de modifications génétiques particulières, toutes visant à réduire les risques de rejet par le système immunitaire humain.
Le patient qui a reçu la greffe est un homme de 57 ans, David Bennett, atteint d’une maladie cardiaque en phase terminale. Trop malade pour bénéficier d’une transplantation cardiaque classique, David Bennett s’est vu proposer le traitement expérimental en dernier recours.
Pour David Bennett avant l’opération :
C’était soit mourir, soit faire cette transplantation. Je veux vivre. Je sais que c’est un coup dans le vide, mais c’est mon dernier choix.
Après mûre réflexion, l’Agence fédérale américaine des produits alimentaires et médicamenteux, la Food and Drug Administration (FDA) a autorisé l’opération dans le cadre du principe d’usage compassionnel, qui permet d’administrer des traitements expérimentaux à des patients dont la vie est menacée.
Selon Muhammad Mohiuddin, du programme de xénotransplantation cardiaque de la faculté de médecine de l’université du Maryland :
C’est l’aboutissement d’années de recherches très compliquées pour affiner cette technique chez des animaux dont la durée de survie a dépassé 9 mois. La FDA a utilisé nos données et celles du cochon expérimental pour autoriser la transplantation chez un patient souffrant d’une cardiopathie en phase terminale qui n’avait aucune autre option thérapeutique. La procédure réussie a fourni de précieuses informations pour aider la communauté médicale à améliorer cette méthode qui pourrait sauver la vie de futurs patients.
Depuis la découverte de l’édition génétique CRISPR il y a plus de dix ans, les chercheurs ont engagé une course pour développer des porcs génétiquement modifiés afin de créer un réservoir d’organes adaptés à la transplantation humaine. Après plusieurs études précliniques réussies de transplantation d’organes de porcs génétiquement modifiés sur des babouins, deux expériences importantes ont été menées l’année dernière pour étudier les réactions humaines à ces organes.
Les deux transplantations de l’année dernière, réalisées par des chercheurs du centre médical universitaire NYU Langone, ont été effectuées sur des patients fonctionnellement morts et maintenus en vie sous respirateur pendant plusieurs jours. Dans les deux cas, un rein de porc génétiquement modifié a été transplanté chez les sujets humains récemment décédés, qui ont ensuite été surveillés pendant plusieurs jours pour détecter les signes de rejet immunitaire.
Bartley Griffith, le chirurgien qui a réalisé l’intervention, fait preuve d’un optimisme prudent quant aux perspectives de son patient. Au cours des trois jours qui ont suivi l’intervention, l’organe n’a pas été rejeté par son système immunitaire, mais il est encore trop tôt.
Selon Griffith :
Il s’agit d’une opération révolutionnaire qui nous rapproche un peu plus de la résolution de la crise de la pénurie d’organes. Il n’y a tout simplement pas assez de cœurs humains de donneurs disponibles pour répondre à la longue liste de receveurs potentiels. Nous procédons avec prudence, mais nous sommes également optimistes et pensons que cette première mondiale constituera une nouvelle option importante pour les patients à l’avenir.
Il est évident que Bennett sera surveillé de près au cours des prochains jours et semaines, alors que les chercheurs étudieront les effets à long terme de cet extraordinaire jalon de la science médicale.
Annoncée sur le site du centre médical de l’Université du Maryland : University of Maryland School of Medicine Faculty Scientists and Clinicians Perform Historic First Successful Transplant of Porcine Heart into Adult Human with End-Stage Heart Disease.