Voici quelques épines externes qui se développaient à partir des côtes du plus ancien ankylosaure
Un groupe de paléontologues a récemment annoncé la découverte du plus ancien ankylosaure connu, une espèce de dinosaure célèbre pour sa queue en forme de massue et sa cuirasse.
Image d’entête : quatre pointes fossilisées et fusionnées à une côte d’ankylosaure. (Natural History Museum de Londres)
Cependant, outre l’âge exceptionnel du dinosaure de plus de 160 millions d’années, l’ankylosaure présentait également une morphologie inhabituelle, puisque les pointes qui dépassent du dos de l’animal étaient fixées à ses côtes.
Comme précisé dans l’étude (lien plus bas), ces créatures étaient taillées pour la défense. Les crânes épais et les armures corporelles suggèrent que les animaux auraient pu creuser le sol pour se protéger.
Représentation d’un ankylosaure s’affairant à creuser une cavité protectrice. (Yusik Choi)
Néanmoins, l’espèce récemment identifiée, appelée Spicomellus Afer, se distingue parmi ces créatures robustes. Selon la paléontologue Susannah Maidment, du Musée d’histoire naturelle de Londres, « tous les ankylosaures avaient des pointes sur le dos », bien que chez les spécimens découverts, elles soient rattachées aux côtes.
L’étude, cosignée par l’Université de Fès, basée au Maroc, et l’Université de Zürich, basée en Suisse, précise qu’il s’agit d’une morphologie qui n’a pas été observée chez un autre ankylosaure, et certainement, chez aucun autre vertébré, éteint ou vivant.
L’armure des ankylosaures était très probablement un mécanisme défensif, explique Maidment, auteur principal de la récente étude. Il aurait certainement été désagréable pour les prédateurs de mordre « un animal couvert d’épines acérées » comme celles trouvées ici, ajoute l’auteur principal.
La section transversale de la côte présente une forme en « T », caractéristique des ankylosaures et des stégosaures. (Natural History Museum de Londres)
L’ensemble du fossile est constitué d’une série de pointes que le Musée d’histoire naturelle de Londres a acquis en 2018 auprès d’un marchand de fossiles.
La plus petite pointe mesure un peu plus de 5 cm et la plus grande fait près de 10 cm de haut, bien qu’il lui manque son extrémité. Pour les théropodes mangeurs de viande, ce ne serait peut-être pas la première option pour un repas.
L’équipe n’était pas certaine, au départ, du type de dinosaure dont provenaient les fragments de fossiles. Cependant, les restes proviennent de la chaîne de montagnes du Maroc, où les stégosaures ont déjà séjourné, et c’était donc une possibilité.
Ce n’est que lorsque les chercheurs ont examiné l’os sous un microscope et qu’ils ont découvert la structure distinctive des ostéodermes, une carapace ressemblant à une plaque qui protégeait les animaux, qu’ils se sont aperçus qu’ils avaient affaire à un ankylosaure, le premier jamais découvert en Afrique. C’est ce qui a donné à l’espèce son nom, « Spicomellus » signifiant collier de pointes et « afer » faisant référence à l’Afrique.
Selon la paléontologue Victoria Arbour, du Royal British Columbia Museum au Canada, spécialisée dans les ankylosaures, il s’agit certainement d’un spécimen « à l’aspect bizarre », bien que les ostéodermes d’ankylosaures se présentent dans des tailles et des formes assez bizarres.
Elle ajoute que de nombreuses espèces d’Europe, comme le Hungarosaurus, ont des pointes coniques semblables à celle-ci.
Les chercheurs précisent qu’il était en effet formidable d’avoir un autre ankylosaure potentiel du Jurassique moyen, car les archives fossiles d’ankylosaures de cette période sont très limitées. Cela pourrait apporter de nouvelles et intéressantes preuves contre l’idée que les stégosaures ont été supplantés par les ankylosaures à la fin de la période jurassique.
Il existe de nombreuses preuves de la présence d’ankylosaures au Crétacé, mais le S. Afer datant du Jurassique offre un séduisant aperçu des racines plus anciennes de ces animaux.
Maidment explique que son équipe espère retourner au même endroit d’où provient ce fossile pour voir si d’autres ankylosaures de cette période peuvent être découverts.
Si tel est le cas, cela aiderait les paléontologues à mieux cerner si la constitution du S. Afer était la norme ou l’exception, s’il s’agissait d’un “prototype” d’ankylosaures plus anciens ou d’un membre inhabituel de l’arbre généalogique du dinosaure à cuirasse.
L’étude publiée dans Nature Ecology & Evolution : Bizarre dermal armour suggests the first African ankylosaur et présentée sur le site de l’Université de Birmingham : Bizarre armoured spikes belong to oldest ankylosaur ever discovered.