Sur une petite île, des mille-pattes géants peuvent manger 3 700 poussins d’oiseaux marins par an
Sur la minuscule Phillip Island, située dans le groupe des îles Norfolk du Pacifique Sud, vit une population de mille-pattes géants, des centipèdes uniques en leur genre, capables de manger jusqu’à 3 700 poussins d’oiseaux marins en un an.
Image d’entête : Un mille-pattes géant endémique que l’on ne trouve que sur Phillip Island et l’île voisine de Nepean dans le groupe Norfolk, dans le Pacifique Sud. Cet individu mesurait environ 20,5 cm de long. (Dannelboyz/ Zoochat)
Ces créatures semblent sortir d’un livre de science-fiction, mais ils existent bel et bien. On les appelle les mille-pattes de la Phillip Island ou, scientifiquement, Cormocephalus coynei.
Leurs habitudes de prédation uniques ont attiré l’attention des scientifiques qui les étudient actuellement pour comprendre leur mode de vie et la façon dont ils aident l’écosystème, en particulier sur l’île.
Localisation de la Phillip Island au sud-sud-est de Melbourne, dans l’État de Victoria en Australie. (Google Map)
Des chercheurs de l’université Monash (Australie) ont décrit dans leur étude (lien plus bas), comment les centipèdes mangeurs d’oiseaux ont détrôné les oiseaux de mer qui se trouvent habituellement au sommet de la chaîne alimentaire. Ils ont démontré comment ces grands arthropodes prédateurs pouvaient jouer un rôle important dans le réseau alimentaire de l’écosystème insulaire.
Selon les chercheurs, ces mille-pattes peuvent atteindre les 30 cm en longueur. Ils utilisent leurs antennes pour localiser et rechercher leurs prochains repas. Ils disposent également de venin dans leurs « forcipules », des crochets à venin fixées sous la tête, pour immobiliser leurs proies.
Ils chassent une variété d’animaux, tels que des grillons, des poussins d’oiseaux marins, des geckos et des scinques. Les chercheurs ont également été étonnés de découvrir que ces mille-pattes géants chassent les poissons déposés par les oiseaux de mer.
De plus, le mille-pattes de Philip Island mange des oiseaux. Les chercheurs écrivent qu’ils ont découvert des poussins d’oiseaux de mer de pétrels à ailes noires (Pterodroma nigripennis) devenant la proie de ces centipèdes.
Poussin de pétrel à ailes noires juste avant d’être pesé sur l’île Phillip. (Trudy Chatwin)
Ils ont suivi les habitudes alimentaires des mille-pattes la nuit, enregistré le type de proie qu’ils chassent et surveillé les oisillons d’oiseaux de mer dans leur terrier à intervalles de quelques jours ou mois.
Au fil du temps, les chercheurs ont remarqué des blessures familières et récurrentes chez les poussins d’oiseaux marins morts. Ils ont même observé un cas où un mille-pattes a mangé un poussin d’oiseau marin.
Une vidéo accompagnant l’étude présentant l’envenimation d’un oisillon de pétrel à ailes noires (Pterodroma nigripennis) par un mille-pattes de Phillip Island (Cormocephalus coynei).
Sur la base des prédations enregistrées, ils ont estimé que les mille-pattes ont pu tuer et manger entre 2 109 et 3 724 poussins d’oiseaux marins chaque année. Heureusement, les oiseaux marins semblent être résistants à la prédation inhabituelle des mille-pattes de Phillip Island. Ces centipèdes ont été décrits pour la première fois en 1984.
Les chercheurs ont écrit dans leur étude que l’élimination de ces mille-pattes a contribué à la colonisation de l’île par les pétrels à ailes noires, qui sont maintenant devenus abondants avec 13 espèces d’oiseaux de mer. Cependant, cela a également permis à la population de centipèdes mangeurs d’oiseaux de se rétablir.
Une analyse plus approfondie de la relation prédateur-proie entre les deux espèces révèle que les mille-pattes pourraient piéger les nutriments apportés par les oiseaux marins depuis l’océan lorsque les mille-pattes s’attaquent aux oiseaux. Ces nutriments sont ensuite distribués autour d’eux sur l’île. Dans un certain sens, les experts pensent que les mille-pattes ont pris le rôle des mammifères prédateurs qui ne sont pas présents sur l’île.
L’étude publiée dans l’American Naturalist : Arthropod Predation of Vertebrates Structures Trophic Dynamics in Island Ecosystems et les scientifiques décrivent leurs recherches dans un article publié dans The Conversation : Giant bird-eating centipedes exist — and they’re surprisingly important for their ecosystem.
Très cher Guru, je t’écris pour te signaler une erreur concernant la localisation de Phillip Island sur la carte de Google Maps que tu as pris soin d’inséré au début de cet article.
En effet, d’après Wikipédia en langue française, il existe au moins trois îles se nommant Phillip Island dont deux appartenant à l’Australie: https://fr.wikipedia.org/wiki/Phillip_Island_(homonymie)
Google Maps a sélectionné par défaut celle située au sud de Melbourne, sans doute parce que Google Maps étant moins un site d’exploration géographique qu’un site de localisation d’adresse postale, a préféré indiquer une île habitée plutôt qu’une inhabitée où personne ne met les pieds hormis une poignée de scientifiques en mission (l’algorithme de Google Maps est plutôt bien fait pour le coup).
Pour en revenir à la Phillip Island qui nous intéresse ici, il s’agit donc de celle-ci: https://fr.wikipedia.org/wiki/Phillip_Island_(Norfolk) qui se trouve loin à l’est de l’Australie et à peu près à équidistance de la Nouvelle-Calédonie et de la Nouvelle-Zélande (cf. localisation de l’île Norfolk: https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%8Ele_Norfolk ).
Ce qui nous donne ceci: https://www.google.com/maps/place/Phillip+Island/@-27.0970165,151.6233639,4.5z/data=!4m5!3m4!1s0x6c4bd8eb9ea6ea91:0x3d0fa9b4d85f3b5d!8m2!3d-29.1201976!4d167.9524488
Ceci n’enlève rien à la qualité générale des articles que l’on prend plaisir à lire sur ce site 😉
Bonjour « Co Wad » et merci pour votre acuité visuelle 😉 !
En fait, il y a mieux encore, une carte mise à disposition par les chercheurs dans leur étude : journals.uchicago.edu/cms/10.1086/715702/asset/images/medium/fg2.gif. Il ne sait pour quelle raison, sans doute une question de taille, le Guru a décidé d’aller la chercher sur Google Map… il mettra son article bientôt à jour.
Merci encore !