Il y a pas mal de planètes errantes sans étoile au centre de notre galaxie
Une équipe de scientifiques a réussi à repérer une population entière d’exoplanètes de la taille de la Terre, flottant librement dans l’espace sans être en orbite autour d’une étoile.
Image d’entête : représentation artistique d’une planète errante dans l’espace sans étoile. (Wikimedia/ Université de Manchester)
En repérant les minuscules fluctuations de la lumière d’une étoile lorsqu’une planète passe devant elle, ce qu’on appelle un phénomène de microlentille gravitationnelle parce que la gravité de la planète déforme légèrement la lumière de l’étoile, les chercheurs ont pu repérer des dizaines d’exoplanètes flottant librement dans notre galaxie, des objets libres de masse planétaire ou encore appelés « planètes errantes, orphelines »… dont certaines n’avaient jamais été repérées auparavant.
Cette découverte est également remarquable parce que c’est la première fois que le télescope spatial Kepler est capable de détecter des phénomènes de microlentille aussi brefs, selon une étude publiée cette semaine (lien plus bas), qui contribuera à définir les priorités des astronomes à mesure que des télescopes plus sophistiqués seront lancés et prendront le relais.
Kepler n’a jamais été conçu pour effectuer des études de microlentille gravitationnelle ou pour observer les régions densément peuplées du centre de la Voie lactée où se trouvent ces exoplanètes. Les chercheurs ont donc dû développer de toutes nouvelles techniques pour analyser les données du télescope orbital et repérer la signature révélatrice d’une exoplanète flottant librement et déformant la lumière d’une étoile proche.
Inutile de dire que cela exige une extrême précision. Ces signaux sont particulièrement minuscules et, étant donné la densité de population au centre de la Voie lactée, il y a beaucoup de bruit de fond à filtrer. Les chances de réussite sont si faibles que même Einstein pensait que les scientifiques n’observeraient jamais directement des événements de lentille aussi petits.
Selon l’auteur principal de l’étude, Lain McDonald, qui travaillait à l’Université de Manchester (Royaume-Uni) au moment où l’étude a été menée :
Ces signaux sont extrêmement difficiles à trouver. Nos observations ont pointé un télescope âgé, souffrant de troubles de la vision, vers l’une des parties du ciel les plus densément peuplées, où il y a déjà des milliers d’étoiles brillantes dont la luminosité varie, et des milliers d’astéroïdes qui frôlent notre champ.
De cette cacophonie, nous essayons d’extraire de minuscules éclats caractéristiques causés par des planètes et nous n’avons qu’une seule chance de voir un signal avant qu’il ne disparaisse. C’est à peu près aussi facile que de chercher le seul clignement d’une luciole au milieu d’une autoroute, en utilisant uniquement un téléphone portable.
L’étude publiée dans The Monthly Notices of the Royal Astronomical Society : Kepler K2 Campaign 9 – I. Candidate short-duration events from the first space-based survey for planetary microlensing et présentée sur le site de l’Université de Manchester : Kepler telescope glimpses a free-floating planet population.