Découverte d’une nouvelle espèce de coléoptère parfaitement conservée dans des excréments fossilisés de dinosaure
Des paléontologues ont trouvé une espèce de coléoptère vieille de 230 millions d’années, avec des pattes et des antennes intactes, conservée dans une crotte de dinosaure fossilisée.
Image d’entête : scan 3D du Triamyxa coprolithica, un coléoptère qui est maintenant la première espèce à être décrite à partir de fèces fossilisées (coprolite). (Qvarnström et Col./ Current Biology)
Cette découverte ouvre la possibilité que les excréments fossilisés de dinosaures, connus sous le nom de coprolithes, puissent constituer une nouvelle et riche source d’informations sur les anciens insectes, autrement inaccessibles à la science.
La source la plus courante d’informations sur ces insectes est l’ambre, la sève durcie des arbres qui peut conserver presque parfaitement les insectes et autres minuscules créatures.
Mais si les fossiles d’insectes provenant de l’ambre ne remontent qu’à environ 140 millions d’années, cette nouvelle recherche suggère que les coprolithes pourraient offrir aux chercheurs une vision encore plus profonde du passé.
Selon Martin Fikáček, entomologiste à l’Université nationale Sun Yat-sen de Taïwan, et coauteur de cette étude :
Nous ne savions pas à quoi ressemblaient les insectes au Trias et maintenant nous en avons la possibilité. Peut-être que, lorsque davantage de coprolithes seront analysés, nous découvrirons que certains groupes de reptiles en ont produit qui ne sont pas vraiment utiles, alors que d’autres ont des coprolithes remplis d’insectes bien conservés que nous pouvons étudier.
Nous devons simplement commencer à regarder à l’intérieur des coprolithes pour avoir au moins une idée.
Le coprolithe a été analysé par microtomographie synchrotron à l’Installation européenne de rayonnement synchrotron (ESRF) de Grenoble, en France.
Un rendu de l’emplacement des fragments de coléoptères à l’intérieur du coprolithe, ainsi qu’un dessin du Siléaurus qui l’a probablement laissé. (Qvarnström et Col./ Current Biology)
Cette méthode fonctionne de la même manière qu’un scanner, mais avec de puissants faisceaux de rayons X qui permettent d’imager en haute résolution les structures internes des fossiles.
Scan 3D du Triamyxa coprolithica. (Qvarnström et Col./ Current Biology)
Selon l’auteur principal, Martin Qvarnström, paléontologue à l’université d’Uppsala, en Suède :
J’ai été vraiment étonné de voir à quel point les coléoptères étaient bien conservés, lorsqu’on les modélisait sur l’écran. C’était comme s’ils vous regardaient droit dans les yeux.
L’équipe a nommé la nouvelle espèce de coléoptère Triamyxa coprolithica, en référence à sa présence à l’ère du Trias et à sa découverte dans des coprolithes.
Le coléoptère vivait probablement dans des environnements semi-aquatiques ou humides, et il était très probablement consommé par le Silesaurus opolensis, un ancêtre de dinosaure à bec d’environ deux mètres de long qui vivait dans ce qui est aujourd’hui la Pologne.
Représentation du Silesaurus opolensis. (Szymon Górnicki/ Wikimedia)
Qvarnström estime que ce nouvel axe de recherche pourrait aider les scientifiques à mieux comprendre l’écologie et les chaînes alimentaires des anciens écosystèmes, ajoutant :
Il y a des tas de choses que l’on peut étudier à partir d’excréments fossilisés, mais il avait été difficile de comprendre ce qu’il fallait en faire, de reconnaître ce qu’il y avait à l’intérieur et d’en tirer des conclusions, mais maintenant il y a des tonnes de données.
L’objectif ultime est d’utiliser les données sur les coprolithes pour reconstituer les anciens réseaux alimentaires et voir comment ils ont évolué au fil du temps.
L’étude publiée dans Current Biology : Exceptionally preserved beetles in a Triassic coprolite of putative dinosauriform origin et présentée sur le site de l’Université d’Uppsala : New beetle found in fossil faeces attributed to dinosaur ancestor.