Pourquoi l’échidné dispose t’il d’un pénis à 4 têtes ?
L’échidné est une très étrange créature, comme on peut en trouver pas mal en Australie. Parmi ces étranges particularités physiques, que le Guru vous décrira par la suite, des biologistes de l’université de Melbourne se sont concentrés sur ses parties intimes.
Image d’entête : un jeune échidné à nez court (Tachyglossus aculeatus). (PerthZoo)
Ce sont des animaux le plus souvent solitaires, mais les rares fois où on les voit collectivement, c’est lorsqu’ils forment un “train”, lorsqu’une femelle est en chaleur et que jusqu’à 20 mâles la suivent sur de grandes distances, tous se disputant son attention.
Un “train” d’échidnés. (université de Melbourne)
La plupart du temps, les échidnés mâles gardent leur flamboyant organe bien rangé dans leur corps. Cela permet à leur appendice reproducteur de rester propre et protéger pendant qu’ils sont occupés à remuer d’énormes quantités de terre avec leurs pattes à griffes acérées, à chercher des fourmis et des termites.
Les échidnés rangent leur pénis à l’intérieur lorsqu’ils ne l’utilisent pas. (Jane Fenelon)
Son pénis est équipé de 4 extrémités/ têtes qui ne produisent pas toutes des spermatozoïdes en même temps. Ils utilisent deux des têtes à la fois pour éjaculer le sperme.
Pénis d’échidné déployé. (Jane Fenelon)
De précédentes recherches ont suggéré que les échidnés alternent les extrémités de leurs pénis, un comportement étrange pour un mammifère. Ils agissent comme s’ils avaient deux pénis fusionnés qu’ils peuvent utiliser indépendamment selon Jane Fenelon, biologiste du développement à l’université de Melbourne.
Précédemment :
En étudiant des échidnés à nez court (Tachyglossus aculeatus) blessés qui, malheureusement, n’ont pas survécu à l’hôpital du Currumbin Wildlife Sanctuary, ainsi que des résidents apprivoisés de ce sanctuaire, Fenelon et ses collègues ont constaté que le flux sanguin peut être dirigé vers un côté ou l’autre de leur pénis. Cela pourrait correspondre à la façon dont ils contrôlent quelle moitié se met en érection.
Ils ne connaissent pas précisément la raison pour laquelle ces animaux n’utilisent que les deux extrémités de leur pénis à la fois, mais les chercheurs pensent que cela serait dû à la compétition des mâles pour les femelles.
Selon les chercheurs :
En alternant l’utilisation de chaque côté, notre échidné apprivoisé peut éjaculer 10 fois sans pause significative, ce qui lui permet potentiellement de surpasser les mâles moins efficaces.
Comme si l’animal essayait d’être aussi obstinément unique que possible, une fois éjaculés, des paquets allant jusqu’à 100 spermatozoïdes d’échidnés travaillent ensemble pour essayer d’atteindre un ovule et se développer.
Toujours selon les chercheurs :
Chez la plupart des autres espèces, les spermatozoïdes nagent individuellement et c’est chacun pour soi.
Sans oublier que les échidnés sont les seuls mammifères à pondre des œufs en Australie.
Les marsupiaux comme les koalas ont également des pénis à plusieurs dents, mais les leurs ne sont qu’en deux fourches. Cela serait utile pour faire pénétrer leur sperme dans les utérus jumeaux de la femelle.
Mais cette utilité ne semble pas expliquer le caractère bizarre du pénis de l’échidné. Lorsqu’il s’agit d’accéder à l’utérus de la femelle, les échidnés sont plus proches des oiseaux et des reptiles que des autres mammifères.
Toujours selon Fenelon :
Tous les échidnés ont un cloaque qui est le seul trou par lequel l’urine, les excréments et la ponte ont lieu. Ils ont des tubes séparés pour tous ces éléments, mais ils se rejoignent près de la sortie.
Nous pensons que le pénis de l’échidné est assez long pour atteindre l’endroit où l’utérus se ramifie.
Les chercheurs ont en fait trouvé un précédent au pénis de forme étrange de l’échidné ailleurs dans le règne animal.
Les seuls autres animaux que j’ai pu trouver qui sont similaires à cela sont certaines espèces de tortues. Il y a des preuves que le pénis de tous les amniotes (oiseaux, reptiles et mammifères) a la même origine évolutive et les monotrèmes sont la partie manquante de cette énigme.
Cette hypothèse est logique étant donné que les échidnés et le seul autre monotrème qui survit encore aujourd’hui (l’ornithorynque) partagent un étrange mélange de génétique mammalienne, aviaire et reptilienne. Les monotrèmes se sont séparés de nous autres, mammifères, il y a 187 millions d’années.
Selon Fenelon :
Nous savons qu’ils n’utilisent leur pénis que pour s’accoupler, et non pour uriner. Comme ils n’en ont pas besoin pour uriner, ils avaient la liberté de le rendre beaucoup plus sophistiqué et c’est quelque chose que l’on voit chez d’autres espèces qui ne l’utilisent que pour l’accouplement.
Comme un trop grand nombre d’espèces sauvages australiennes, ces animaux uniques sont menacés en grande partie par la destruction de leur habitat, ce qui est inquiétant compte tenu de l’énorme service écosystémique qu’ils fournissent grâce à leurs habitudes de brassage du sol, qui améliorent la qualité de ce dernier, favorisent la croissance des plantes et piègent le carbone.
Heureusement, pour l’instant, les échidnés d’Australie sont encore très répandus, mais les trois espèces d’échidnés à long bec de Papouasie-Nouvelle-Guinée sont en voie de disparition, et de nouvelles connaissances sur leur système de reproduction pourraient contribuer à leur conservation.
L’étude publiée dans la revue Sexual Development : The Unique Penile Morphology of the Short-Beaked Echidna, Tachyglossus aculeatus et présentée sur le site de Université de Melbourne : Solving the mystery of the four-headed echidna penis.