Sur le projet d’une sonde interstellaire qui ira plus loin dans l’espace que toute autre sonde avant elle
Une nouvelle sonde spatiale interstellaire, actuellement en phase de planification, ira audacieusement là où aucune sonde n’est allée auparavant, selon un nouveau document qui doit être présenté à l’assemblée générale de l’Union européenne des géosciences (EGU) de cette année.
La sonde de la NASA, actuellement baptisée « Interstellar Probe« , ira plus loin dans l’espace interstellaire (la zone de l’espace située entre les étoiles/ systèmes stellaires) que les deux sondes Voyager, les premières à atteindre l’espace interstellaire en 2012 et 2018, qui ont été lancées il y a plus de trente ans.
Cette illustration montre la position des sondes Voyager 1 et Voyager 2 de la NASA, à l’extérieur de l’héliosphère, une bulle protectrice créée par le Soleil qui s’étend bien au-delà de l’orbite de Pluton. (NASA/ JPL-Caltech)
Lorsqu’elle y parviendra, à quelque 1 000 unités astronomiques du Soleil, elle tournera son regard vers la Terre et entamera un voyage de découverte de notre héliosphère, la bulle d’espace qui englobe le système solaire et qui est affectée par les vents solaires provenant du Soleil.
Selon Elena Provornikova, responsable de l’héliophysique de la sonde interstellaire au Johns Hopkins Applied Physics Lab (APL) dans le Maryland, aux États-Unis :
La sonde interstellaire se rendra dans l’espace interstellaire local inconnu, là où l’humanité n’est encore jamais allée. Pour la première fois, nous prendrons une photo de notre vaste héliosphère depuis l’extérieur pour voir à quoi ressemble notre foyer du système solaire.
Un schéma (clic pour agrandir) présentant les distances relatives des objets dans notre héliosphère et au-delà. (Johns Hopkins APL)
Cela nous ramène au moment, le 14 février 1990, lorsque l’astronome Carl Sagan a demandé aux ingénieurs de la NASA de faire demi-tour avec la sonde Voyager 1 et de prendre une dernière image de la Terre, un point bleu pâle qui est apparu comme un « grain de poussière en suspension dans un rayon de soleil », et qui a changé notre perspective sur notre place dans le cosmos.
Désignée par un cercle bleu, la Terre observée dans un rayon de Soleil à une distance de 6,4 milliards de kilomètres. (NASA)
Cette fois-ci, l’équipe espère dévoiler les mystères de l’interaction du Soleil avec l’espace qui l’entoure, à savoir comment le plasma du Soleil réagit avec le gaz interstellaire pour créer l’héliosphère, ce qui se trouve au-delà et à quoi elle ressemble.
La sonde prendrait des images de l’héliosphère à l’aide d’atomes neutres énergétiques, et cherchera même à « observer la lumière de fond extragalactique des premiers temps de la formation de notre galaxie, quelque chose qui ne peut être vu depuis la Terre », explique Provonikova.
L’héliosphère est importante pour comprendre comment notre système solaire interagit avec l’espace qui l’entoure. Elle est particulièrement importante, car elle protège notre système solaire des rayons cosmiques galactiques de haute énergie.
À l’heure actuelle, le système solaire se trouve dans ce que l’on appelle le nuage interstellaire local, mais, selon Mme Provornikova, des recherches récentes suggèrent qu’il se rapproche de la limite du nuage et qu’il finira par se retrouver dans une nouvelle région de l’espace interstellaire, dont nous ne savons rien.
Ces mouvements pourraient faire changer la taille de notre héliosphère, ou modifier la quantité de rayons cosmiques entrant dans le système solaire et contribuer aux niveaux de rayonnement de fond sur Terre.
À la fin de cette année, l’équipe remettra à la NASA un rapport décrivant la conception potentielle de la mission. Elle pourrait être lancée au début des années 2030 et elle est conçue pour durer au moins 50 ans. La sonde mettrait environ 15 ans pour atteindre la limite de l’héliosphère, contre 35 ans pour les deux sondes Voyager.
Sur le site de l’Union européenne des géosciences : Probing deep space with Interstellar.