Monkeydactyle : un ptérosaure volant avec les plus anciens pouces véritablement opposables
Il volait dans le ciel avec des ailes d’un mètre de large, mais ce ptérosaure récemment découvert, vieux de 160 millions d’années, partageait avec les primates une particularité évolutive inattendue : des pouces opposables.
Surnommé « Monkeydactyl », le dinosaure Kunpengopterus antipollicatus, décrit dans une nouvelle étude par une équipe internationale de chercheurs, a été découvert dans la formation Tiaojishan de Liaoning, au nord-est de la Chine. Cette formation géologique est un lit de fossiles qui s’étend sur 2 420 mètres de dépôts pyroclastiques et de sédiments, connu pour ses fossiles richement préservés de la fin du Jurassique.
Image d’entête : représentation artistique du K. antipollicatus. Le pouce opposé aurait pu être utilisé pour saisir des objets alimentaires, ainsi que pour s’accrocher et se suspendre aux arbres. (Chuang Zhao)
Le Monkeydactyl avait une envergure estimée à 85 cm et un pouce opposé sur chaque patte, une bizarrerie anatomique que l’on retrouve le plus souvent chez les mammifères et les grenouilles arboricoles, mais rarement chez les reptiles, comme le caméléon. Le pouce, notamment chez l’Humain, est le doigt de la main qui permet la préhension : il est opposé aux autres doigts, ce qui transforme la main en pince, en support ou en griffe mobile, par exemple. Ce qui est important, c’est que ce pouce fossilisé est le plus ancien actuellement connu dans l’histoire de la Terre et qu’il montre que la créature ailée menait une vie arboricole.
L’équipe a scanné le Monkeydactyl à l’aide d’une microtomographie aux rayons X assistée par ordinateur (micro-CT) pour radiographier le fossile et analyser la morphologie et la musculature de son membre antérieur de préhension.
Fossile de K. antipollicatus, découvert dans la formation de Tiaojishan en Chine. Il est conservé au Musée des Ptérosaures de Beipiao en Chine. (Zhou et col./ Current Biology)
Fion Waisum Ma, coauteur de l’étude et chercheur à l’université de Birmingham, explique :
Les doigts du ‘Monkeydactyl’ sont minuscules et partiellement enfoncés dans la dalle. Grâce au scanner micro-CT, nous avons pu voir à travers les roches, créer des modèles numériques et dire comment le pouce opposé s’articule avec les autres os des doigts.
Photo et modèle numérique de la patte gauche du K. antipollicatus, présentant le pouce opposé. (Zhou et col./ Current Biology)
D’autres ptérosaures trouvés dans le même contexte n’étaient pas arboricoles, ce qui suggère que la zone était un habitat forestier complexe dans lequel des espèces étroitement apparentées se répartissaient dans différentes niches et évitaient ainsi la concurrence.
Le Monkeydactyl est un type de Darwinopterus. Ce groupe de fossiles de la période jurassique en Eurasie a été nommé d’après Darwin parce que le développement de leur anatomie au fil du temps illustre la façon dont l’évolution par sélection naturelle modifie le corps. On a également trouvé des œufs fossilisés, ce qui révèle des indices utiles sur leur processus de reproduction.
Selon Rodrigo V. Pêgas, coauteur de l’étude à l’Université fédérale ABC de Sao Bernardo, au Brésil :
Ils ont toujours été considérés comme des fossiles précieux pour ces raisons, et il est impressionnant que de nouvelles espèces de darwinoptères continuent de nous surprendre.
L’étude publiée dans Current Biology : A new darwinopteran pterosaur reveals arborealism and an opposed thumb et présentée sur le site de l’Université de Birgmingham : New Jurassic flying reptile reveals the oldest opposed thumb.