Pour combien de temps ? réapparition à Bornéo d’un oiseau que l’on croyait disparu depuis 170 ans et d’une abeille australienne cachée depuis un siècle
Rares et bonnes nouvelles, à contrario de ce nous infligeons actuellement, deux créatures que l’on croyait disparues depuis fort longtemps, viennent de réapparaitre, mais pour combien de temps ?
L’Akalat à sourcils noirs fait son retour après presque 200 ans d’absence
Des habitants de Kalimantan, à Bornéo, en Indonésie, ont redécouvert cet oiseau, l’Akalat à sourcils noirs (Malacocincla perspicillata) que l’on croyait éteint depuis près de deux siècles. Il a été découvert et décrit en 1848 et, depuis, les tentatives pour le retrouver ont toutes échoué, nous laissant avec très peu de données sur les caractéristiques de l’espèce, comme l’écologie, la population et son comportement.
Image ci-dessus : l’Akalat à sourcils noirs récemment redécouvert. (BirdingASIA)
Cet oiseau est souvent appelé « la plus grande énigme de l’ornithologie indonésienne » selon Gusti Akbar, du groupe indonésien de protection des oiseaux Birdpacker et principal auteur de l’étude décrivant la découverte (lien plus bas), ajoutant que :
C’est hallucinant de penser qu’il n’a pas disparu et qu’il vit toujours dans ces forêts de plaine, mais c’est aussi un peu effrayant parce que nous ne savons pas si les oiseaux sont en sécurité ou combien de temps ils peuvent survivre.
Muhammad Suranto et Muhammad Rizky Fauzan ont redécouvert ces oiseaux en octobre 2020 lors d’un voyage hebdomadaire de recherche dans les forêts de la province du sud de Kalimantan, à Bornéo. Par chance, ils ont accidentellement capturé un oiseau qu’ils n’ont pas reconnu, l’ont pris en photo et l’ont laissé s’envoler. Une fois rentrés chez eux, ils ont envoyé les photos au groupe local d’observation des oiseaux BW Galeatus en espérant que quelqu’un puisse l’identifier.
Le groupe a soupçonné qu’il s’agissait d’un membre de l’espèce disparue depuis longtemps et a contacté les ornithologues qui ont rédigé le rapport. Ils ont comparé les photos à la description d’un guide de terrain et aux photos du seul spécimen d’Akalat à sourcils noirs connu au Centre de biodiversité Naturalis aux Pays-Bas.
Même à partir de ces quelques photos, nous avons déjà appris quelque chose de nouveau sur l’Akalat à sourcils noirs. Par exemple, nous avons maintenant une meilleure idée de son plumage, car plusieurs zones sur les plumes des oiseaux perdent leur teinte au cours du processus de taxidermie destiné à les préserver.
l’Akalat est actuellement inscrit sur la liste rouge des espèces menacées de l’Union internationale pour la conservation de la nature, et l’équipe prévoit de se rendre à Bornéo pour remédier à cette situation en interrogeant des habitants locaux, en déterminant l’aire de répartition de l’espèce et la population totale. Ces données devraient aider à déterminer l’état de conservation de l’oiseau de manière beaucoup plus fiable.
L’étude publiée dans BirdingASIA (PDF) : Missing for 170 years—the rediscovery of Black-browed Babbler Malacocincla perspicillata on Borneo.
L’abeille à cap australienne était portée disparue depuis 100 ans
Depuis 1923, les scientifiques n’ont plus jamais observé l’abeille australienne Pharohylaeus lactiferus. Jusqu’à récemment, lorsque des scientifiques ont localisé quelques populations dans la nature. Mais sa redécouverte est un succès mitigé en raison de sa situation potentiellement menacée.
Seuls six individus de cette espèce ont été observés jusqu’à récemment, et aucun depuis 1923, lorsque l’un de ces beaux spécimens a été repéré dans le Queensland, en Australie. Ces rares insectes sont communément appelés « abeilles à cape/ masquées » (Australian cloaked bee) en raison de leurs segments abdominaux en forme de cape.
La bonne nouvelle, c’est que trois populations d’abeilles masquées ont été trouvées en Nouvelle-Galles du Sud et dans le Queensland (Australie), en prélevant des échantillons de leurs espèces végétales préférées. La mauvaise nouvelle, c’est qu’elles sont probablement en très grande difficulté en raison de la perte importante de leur habitat.
L’Australie abrite 1 654 espèces d’abeilles indigènes. La perte potentielle de cette abeille masquée est cependant significative, car elle est la seule représentante d’un genre entier : Pharohylaeus.
L’entomologiste James Dorey, étudiant en doctorat à l’université Flinders (Australie), est le seul auteur d’une nouvelle étude décrivant la redécouverte de cette espèce, qui apparaît maintenant dans le Journal of Hymenoptera Research : Missing for almost 100 years: the rare and potentially threatened bee, Pharohylaeus lactiferus (Hymenoptera, Colletidae) et le chercheur décrit sa découverte dans un article de The Conversation : Phantom of the forest: after 100 years in hiding, I rediscovered the rare cloaked bee in Australia.
La question est maintenant de savoir comment étudier au mieux cette espèce lorsque les chercheurs sont bloqués chez eux ou qu’ils ne peuvent pas se rendre à l’étranger en raison de la pandémie.