Classement des villes européennes où la mortalité due à la pollution de l’air est la plus élevée
Quand on pense à la pollution de l’air de nos jours, on pense probablement à la Chine. Pour la seule année 2017, on estime que la pollution atmosphérique a causé environ 1,24 million de décès en Chine. Mais qu’en est-il ailleurs ?
Pour la première fois, une étude d’impact sur la santé a estimé le taux de mortalité dû à la pollution de l’air dans plus de 1 000 villes européennes.
L’étude portait sur deux polluants atmosphériques : les particules fines (PM2,5 –> de diamètre inférieur à 2,5 µm), qui comprennent un mélange d’éléments solides et liquides tels que la poussière, les métaux, le ciment et les matières organiques, et le dioxyde d’azote (NO2), un gaz toxique associé principalement à la circulation automobile.
L’étude, publiée cette semaine (lien plus bas), a révélé que 51 000 et 9 000 décès prématurés, respectivement, pourraient être évités chaque année si toutes les villes analysées pouvaient atteindre les niveaux de qualité de l’air recommandés par l’Organisation mondiale de la santé.
Au minimum, si toutes les villes égalaient les niveaux de qualité de l’air de la ville la moins polluée identifiée, un nombre encore plus important de décès pourrait être évité.
Selon l’auteur principal, Sasha Khomenko, de l’Institut de santé mondiale de Barcelone (ISGlobal), en Espagne :
Nous avons observé une grande variabilité dans les résultats des différentes villes analysées.
Les taux de mortalité dus au NO2 les plus élevés ont été observés dans les grandes villes de pays comme l’Espagne, la Belgique, l’Italie et la France. Les villes où la mortalité due aux PM2,5 est la plus élevée se trouvent dans la vallée du Pô en Italie, dans le sud de la Pologne et dans l’est de la République tchèque.
Les 10 villes où la charge de mortalité attribuable aux PM2,5 est la plus élevée :
1. Brescia (Italie) 6. Ostrava (République tchèque)
2. Bergame (Italie) 7. Jastrzębie-Zdrój (Pologne)
3. Karviná (République tchèque) 8. Saronno (Italie)
4. Vicenza (Italie) 9. Rybnik (Pologne)
5. Métropole silésienne (Pologne) 10. Havířov (République tchèque)
Toujours selon Khomenko :
Cela s’explique par le fait que les particules en suspension sont émises non seulement par les véhicules à moteur mais aussi par d’autres sources de combustion, notamment l’industrie, le chauffage domestique et la combustion de charbon et de bois.
Le pourcentage le plus élevé de mortalité naturelle pouvant être attribué aux particules fines était de 15 %, dans la ville de Brescia. En ce qui concerne le dioxyde d’azote, le pourcentage le plus élevé, jusqu’à 7 % de mortalité naturelle, a été constaté dans la zone métropolitaine de Madrid.
Les 10 villes où la charge de mortalité attribuable au NO2 est la plus élevée :
1. Madrid (région métropolitaine) (Espagne) 6. Barcelone (région métropolitaine) (Espagne)
2. Anvers (Belgique) 7. Mollet del Vallès (Espagne)
3. Turin (Italie) 8. Bruxelles (Belgique)
4. Paris (région métropolitaine) (France) 9. Herne (Allemagne)
5. Milan (région métropolitaine) (Italie) 10. Argenteuil-Bezons (France)
Alors qu’en général, personne ne souhaite voir sa ville en bas du classement, les auteurs affirment que les villes d’Europe du Nord occupaient une « position privilégiée », avec les taux de mortalité les plus faibles dans les classements PM2,5 et NO2.
Les 10 villes où la charge de mortalité imputable aux PM2,5 est la plus faible :
1. Reykjavík (Islande) 6. Uppsala (Suède)
2. Tromsø (Norvège) 7. Trondheim (Norvège)
3. Umeå (Suède) 8. Lahti (Finlande)
4. Oulu (Finlande) 9. Örebro (Suède)
5. Jyväskylä (Finlande) 10. Tampere (Finlande)
Les 10 villes où la charge de mortalité imputable au NO2 est la plus faible :
1. Tromso (Norvège) 6. Linköping (Suède)
2. Umeå (Suède) 7. Galway (Irlande)
3. Oulu (Finlande) 8. Jönköping (Suède)
4. Kristiansand (Norvège) 9. Alytus (Lituanie)
5. Pula (Croatie) 10. Trondheim (Norvège)
Selon l’auteur principal Mark Nieuwenhuijsen, d’ISGlobal :
C’est la première étude à estimer la charge de mortalité imputable à la pollution de l’air au niveau des villes en Europe.
Si la législation européenne actuelle sur les niveaux maximums de pollution atmosphérique pour le NO2 répond aux directives de l’OMS (40 µg/m3), ce n’est pas le cas pour les PM2,5. La législation actuelle des États membres de l’UE est de 25 µg/m3, alors que les lignes directrices de l’OMS recommandent 10 µg/m3.
Toujours selon Nieuwenhuijsen :
Nos résultats confirment les éléments qui suggèrent qu’il n’existe pas de seuil d’exposition sûr en dessous duquel la pollution atmosphérique est sans danger pour la santé. Elles suggèrent également que la législation européenne actuellement en vigueur ne protège pas suffisamment la santé des personnes.
L’étude publiée dans The Lancet Planetary Health : Premature mortality due to air pollution in European cities: a health impact assessment et présentée sur le site de l’ISGlobal : Study Identifies European Cities with Highest Mortality Due to Air Pollution.