L’orbite dérivante de l’astéroïde Apophis pourrait avoir des répercussions sur ses chances de collision avec la Terre en 2068
Il y a beaucoup de roches qui flottent autour du système solaire, mais Apophis a attiré plus que sa part d’attention en raison de plusieurs prévisions de rapprochement avec la Terre dans les prochaines décennies. Bien que la plupart des impacts soient désormais exclus, un facteur précédemment négligé a ouvert une petite fenêtre pour une éventuelle collision en 2068.
Image d’entête : trajectoire d’Apophis comme estimée en 2019. (NASA/ JPL-Caltech)
Découvert en 2004, Apophis mesure environ 370 m de large, ce qui est assez grand pour causer de sérieux dégâts s’il entrait en collision avec la Terre. C’est pourquoi il a fait la une des journaux peu après sa découverte, les estimations de son orbite future lui donnant la plus forte probabilité de collision avec la Terre parmi tous les astéroïdes découverts jusqu’alors.
La roche avait une chance sur 300 de heurter la Terre en 2029, ce qui en fait le premier objet à atteindre le niveau 2 sur l’échelle de Turin, qui mesure la probabilité et le potentiel de dommages des objets spatiaux sur une échelle de zéro à 10. Plus tard, elle a été brièvement reclassée au niveau 4, un record qu’elle détient encore aujourd’hui, avec une probabilité de 1 sur 60 seulement.
En 2017, l’astéroïde Apophis n’avait qu’une chance sur 100 000 de frapper la Terre :
Comme c’est généralement le cas, d’autres observations ont permis d’exclure une collision en 2029, ainsi que lors de la rencontre suivante en 2036 et d’une autre en 2068. Mais aujourd’hui, une nouvelle étude suggère que les astronomes pourraient avoir besoin de revoir leurs calculs pour cette dernière date.
Davide Fanocchia du Jet Propulsion Laboratory de la NASA et Dave Tholen de l’Université d’Hawaï affirment avoir détecté une force connue sous le nom d’effet Yarkovsky agissant sur Apophis, qui pourrait modifier son orbite de façon très légère.
Lorsqu’un objet orbite autour du Soleil et tourne, sa surface est chauffée et refroidie. Les photons thermiques impliqués sont porteurs d’un momentum, d’une quantité de mouvement, de sorte que les changements de chaleur peuvent lentement mais sûrement modifier l’orbite d’un objet. Alors qu’il faut des millions d’années pour observer un changement majeur dans sa trajectoire, les astéroïdes ont le luxe du temps.
De nouvelles observations de l’astéroïde au moyen du télescope Subaru au début de cette année ont permis de détecter l’effet Yarkovsky en action sur Apophis. Cela n’a pas été pris en compte dans les précédentes estimations de son orbite.
Selon Tholen :
Les nouvelles observations que nous avons obtenues avec le télescope Subaru plus tôt cette année ont été assez bonnes pour révéler l’accélération Yarkovsky d’Apophis, et elles montrent que l’astéroïde s’éloigne d’une orbite purement gravitationnelle d’environ 170 m par an, ce qui est suffisant pour maintenir le scénario d’impact de 2068 en jeu.
Cela ne signifie pas qu’Apophis frappera la Terre en 2068. En fait, cela ne signifie même pas nécessairement que les chances sont plus élevées. Tout ce que cela signifie, c’est que les prévisions actuelles de son orbite doivent être réexaminées. D’autres calculs seront effectués pour déterminer l’importance de l’effet Yarkovsky sur l’astéroïde, ainsi que la manière dont il pourrait affecter son orbite.
Quoi qu’il en soit, Apophis continuera à attirer l’attention pendant les prochaines décennies. Son approche de 2029 sera la plus proche pour un astéroïde de cette taille dans l’histoire humaine, passant à moins d’un dixième de la distance de la Lune. C’est plus proche que certains de nos satellites, et il sera même visible à l’œil nu dans certaines régions du monde.
Ces résultats ont été présentée lors de la dernière réunion de la Division for Planetary Sciences en octobre et présentée sur le site de l’Université d’Hawaii : Massive asteroid subject of new findings.