Le tardigrade est l’une des créatures les plus résistantes de la nature, utilisant une forme unique d’hibernation pour supporter des circonstances autrement fatales telles que la chaleur et une pression extrêmes, ou même le vide de l’espace. Les scientifiques ont maintenant découvert une nouvelle espèce de tardigrade qui élargit cette gamme d’outils de survie, en utilisant une sorte de bouclier fluorescent pour se protéger contre les rayons ultraviolets mortels.
Image d’entête : le nouveau tardigrade décrit s’illumine en bleu sous la lumière UV. (H R. Suma et col./ Biology Letters)
Aussi connus sous le nom d’oursons d’eau, les tardigrades sont des créatures microscopiques qui en sont venues à étonner les scientifiques par leur incroyable résistance. On pense qu’ils sont l’une des seules espèces à avoir survécu aux cinq grands événements d’extinction, qu’ils peuvent résister aux forces d’écrasement/ aux pressions rencontrées au fond de l’océan et qu’ils peuvent se débrouiller sans nourriture, sans eau et sans oxygène.
Pour ce faire, ils compactent leur corps de manière à réorganiser leurs organes internes, entrant ainsi dans un profond état d’animation suspendue. Cet état les fige et les protège contre les menaces mortelles, jusqu’à ce que les conditions redeviennent favorables pour qu’ils puissent sortir de l’hibernation. Cette stratégie est si efficace qu’une étude menée par Harvard en 2017 (ci-dessous) a conclu que les tardigrades pourraient même vivre jusqu’à la mort de notre Soleil.
Les scientifiques de l’Institut indien des sciences ont étudié les mécanismes de survie utilisés par les tardigrades, en recueillant des spécimens dans la région et en les soumettant à des conditions extrêmes. Dans l’une des expériences, l’équipe a exposé les tardigrades à une lampe UV germicide à des doses suffisantes pour tuer les bactéries et les vers ronds (nématode) en quelques minutes.
Micrographie électronique à balayage d’un tardigrade. (Steve G Schmeissner/ Science Photo Library)
Une espèce de tardigrade appelée Hypsibius exemplaris a tenu un peu plus longtemps, survivant à environ 15 minutes d’exposition à la lumière UV, mais une autre mystérieuse espèce de tardigrade semblait être immunisée. Tous les spécimens de cette espèce brun rougeâtre ont survécu à la lumière, et ont même été traités avec une dose quatre fois plus forte, environ 60 % d’entre eux continuant à vivre pendant 30 jours de plus.
Cette nouvelle et intrigante espèce a été trouvée vivant sur un mur de béton recouvert de mousse et elle fait partie du genre Paramacrobiotus. Des recherches plus approfondies au moyen d’un microscope à fluorescence inversée ont révélé que ces ours d’eau brun rougeâtre devenaient en fait bleus lorsqu’ils étaient exposés à la lumière UV.
Les scientifiques ont découvert un ensemble de pigments fluorescents sous la peau qui agissent comme un bouclier, absorbant cette lumière UV autrement mortelle et la transformant en lumière bleue bénigne. Les chercheurs ont en fait réussi à extraire ces pigments et à les transférer aux tardigrades Hypsibius exemplaris et aux vers Caenorhabditis elegans pour doubler leur taux de survie sous une lumière UV.
L’équipe pense que cette nouvelle espèce de tardigrade pourrait avoir développé ce bouclier de survie aux UV pour faire face à l’implacable lumière du soleil dans le sud tropical de l’Inde.
L’étude publiée dans Biology Letters : Naturally occurring fluorescence protects the eutardigrade Paramacrobiotus sp. from ultraviolet radiation et présentée dans Science : New species of water bear uses fluorescent ‘shield’ to survive lethal UV radiation.