L’humain a atteint l’extrême ouest de l’Europe 5 000 ans plus tôt que prévu
De nouveaux indices continuent de démêler le mystère fascinant des mouvements des humains modernes du Paléolithique et de la transition de l’Homme de Néandertal, suggérant/ renforçant les théories actuelles que les deux groupes se sont croisés pendant plusieurs milliers d’années et qu’ils ont peut-être même interagi.
Image d’entête : l’excavation des couches humaines (premier plan) et néandertaliennes (arrière-plan) de la Lapa do Picareiro. (Jonathan Haws)
Les preuves archéologiques indiquent que les installations humaines modernes dans l’extrême ouest de l’Eurasie ont eu lieu environ 5 000 ans plus tôt que les estimations précédentes, ce qui réfute l’idée selon laquelle les Néandertaliens auraient empêché nos ancêtres de se disperser dans toute l’Europe.
Selon Jonathan Haws de l’université de Louisville, aux États-Unis, auteur principal de l’étude (lien plus bas) :
Cette découverte montre que l’homme moderne s’est déplacé rapidement à travers des paysages très divers et qu’il s’est adapté à différents climats et environnements.
Les populations de Néandertaliens n’étaient probablement pas très denses et donc incapables d’empêcher les modernes d’envahir leur territoire.
Cela soulève également la possibilité que les deux groupes étaient contemporains et interagissaient entre eux, ce qui a finalement conduit à l’assimilation des Néandertaliens.
L’équipe internationale, comprenant des chercheurs de toute l’Europe, a mis au jour des outils en pierre utilisés par nos ancêtres (anatomiques) il y a 41 000 à 38 000 ans dans la grotte de Lapa do Picareiro, au centre du Portugal, une zone que les Néandertaliens auraient occupée il y a 45 000 à 42 000 ans.
A partir de l’étude : carte de certains sites du Paléolithique supérieur (rouge et rose) et du Paléolithique moyen tardif (bleu) en Europe. (Jonathan A. Haws et Col./ Proceedings of the National Academy of Sciences)
Les outils étaient des objets de la période aurignacienne, une technologie associée aux premiers humains modernes en Europe. L’équipe les a trouvés alors qu’elle travaillait sur des restes bien conservés sur le site, datant de 50 000 ans.
Outils découverts à Lapa do Picareiro, dans le centre du Portugal. (Jonathan Haws)
Parmi les autres riches dépôts associés aux outils, on peut citer les milliers d’os laissés par des animaux qui ont été chassés, découpés et cuits, analysés par Sahra Talamo de l’Institut Max Planck d’Allemagne à l’aide de techniques modernes de datation au radiocarbone.
Des artefacts similaires ont été trouvés dans des couches d’âge comparable dans le nord de l’Espagne et le sud de la France. Plus au sud, les plus anciennes preuves de la présence d’êtres humains modernes proviennent de la grotte de Bajondillo, sur la côte sud de l’Espagne.
Selon Haws :
Bajondillo offrait des preuves alléchantes, mais controversées que les humains modernes étaient dans la région plus tôt que nous le pensions. Les preuves de notre rapport soutiennent définitivement les implications de Bajondillo pour une arrivée précoce de l’homme moderne.
La façon dont ils sont arrivés là n’est toujours pas claire, ajoute-t-il. Il est probable qu’ils ont suivi les rivières qui coulent d’est en ouest, mais ils pourraient aussi avoir migré le long de la côte.
Une grotte voisine contient des preuves de la survie de l’homme de Néandertal jusqu’à il y a 37 000 ans. Il n’y a encore aucune preuve d’interaction avec les humains modernes. Les outils utilisés par nos ancêtres, avec des silex et des petites lames probablement utilisés pour la chasse à l’arc, diffèrent nettement de la technologie des outils en pierre utilisée par les Néandertaliens.
Selon Michael Benedetti de l’Universidade do Algarve au Portugal, il aurait été difficile de faire face à des températures froides et sèches, comme en témoignent les sédiments des grottes paléoclimatiques, ce qui aurait pu perturber les habitats des Néandertaliens et de les libérer pour l’humain moderne.
Cette découverte ouvre certainement une mine d’or de matériaux pour une exploration plus approfondie, et après 25 ans d’excavation, ils n’ont toujours pas atteint le fond.
L’étude publiée dans The Proceedings of the National Academy of Sciences : The early Aurignacian dispersal of modern humans into westernmost Eurasia et présentée sur le site de l’université de Louisville : UofL researcher leads team that discovered modern humans and Neanderthals possibly lived in the same area concurrently.