Panspermie : les bactéries peuvent survivre des années dans le vide de l’espace
Une nouvelle expérience consistant à placer des bactéries à l’extérieur de la Station spatiale internationale (ISS) a permis de découvrir que les micro-organismes peuvent survivre dans l’espace pendant des années, voire des décennies. L’étude donne du poids à l’idée que la vie pourrait voyager entre les planètes.
Image d’entête : l’installation contenant les bactéries exposées à l’extérieur de la station spatiale internationale. (JAXA/ NASA)
Les bactéries sont de petites créatures robustes. Elles se développent dans pratiquement tous les environnements de la Terre, des profondes glaces polaires aux déserts les plus arides, des kilomètres sous terre à la haute atmosphère. Mais l’espace est la dernière frontière, et la survie des microbes dans l’espace a des implications importantes pour la vie sur Terre, et sur les autres planètes.
Un astronaute japonais met en place l’expérience à bord de l’ISS. (JAXA/ NASA)
Une nouvelle étude a mis cela à l’épreuve. Des chercheurs de l’université de Tokyo ont placé des granulés secs d’une bactérie résistante appelée Deinococcus radiodurans dans des panneaux à l’extérieur de l’ISS, où ils ont été exposés au froid glacial, aux fortes radiations et au vide de l’espace. Ces granulés contenaient des « agrégats », c’est-à-dire de grandes colonies de bactéries de différentes épaisseurs, sans aucun bouclier de protection.
Ces agrégats ont été analysés après un, deux et trois ans d’exposition. À la fin, tous les granulés de plus de 0,5 mm d’épaisseur présentaient une survie au moins partielle, d’autant plus que leur épaisseur était élevée. En y regardant de plus près, les chercheurs ont constaté que les colonies ont survécu parce que les bactéries individuelles à l’extérieur sont mortes suite à l’exposition, formant une enveloppe protectrice pour le reste.
Les chambres d’expositions contenant les bactéries. (JAXA/ NASA)
En utilisant les données recueillies chaque année, l’équipe a pu extrapoler la durée de vie de colonies de différentes épaisseurs dans l’espace. Les colonies de plus de 0,5 mm d’épaisseur auraient pu vivre entre 15 et 45 ans à bord de l’ISS, tandis qu’une colonie de 1 mm d’épaisseur flottant librement dans l’espace pourrait potentiellement survivre jusqu’à 8 ans.
L’équipe affirme que cette découverte soutient l’hypothèse de la panspermie, dans laquelle la vie se propage entre les planètes. Le type de panspermie le plus plausible est la lithopanspermie, qui consiste en une migration des microbes sur des astéroïdes ou des comètes, protégés par un bouclier rocheux. Mais la nouvelle étude suggère qu’il est possible que des colonies bactériennes non protégées puissent également survivre, dans une nouvelle forme du phénomène appelée massapanspermie.
Selon Akihiko Yamagishi, coauteur de l’étude :
Les résultats suggèrent que des Deinocoques radiorésistants pourraient survivre pendant le voyage de la Terre à Mars et vice versa, c’est-à-dire plusieurs mois ou années sur l’orbite la plus courte.
Une précédente étude a donné des résultats similaires quelques années auparavant. Une équipe russe a placé un ensemble de bactéries, de champignons et d’autres organismes dans des capsules de l’ISS exposées à l’espace, et elle a constaté que bon nombre d’entre eux ont survécu, ce qui laisse espérer une vie microbienne sur Mars.
Bien qu’elle apporte des preuves supplémentaires pour appuyer l’hypothèse de la panspermie, l’équipe affirme qu’il reste encore quelques vides importants à combler dans cette histoire. D’autres travaux devront être effectués pour évaluer si les bactéries peuvent survivre aux pressions et à la chaleur intenses d’une éjection d’une planète ou d’un atterrissage en catastrophe sur une nouvelle planète.
L’étude publiée dans Frontiers in Microbiology : DNA Damage and Survival Time Course of Deinococcal Cell Pellets During 3 Years of Exposure to Outer Space et présentée dans cette même revue : Bacteria could survive the travel from Earth to Mars, and vice versa, when forming aggregates.
Fin juillet, deux autres études indiquaient que nos propres bactéries terrestres semblent encore mieux se développer en microgravité et que notre système immunitaire aura bien du mal à reconnaitre tous ces pathogènes de l’espace :
» Les colonies de plus de 0,5 mm d’épaisseur auraient pu vivre entre 15 et 45 ans à bord de l’ISS, tandis qu’une colonie de 1 mm d’épaisseur flottant librement dans l’espace pourrait potentiellement survivre jusqu’à 8 ans. »
Est ce que ce ne serait pas plutôt 80 ans pour les colonies de plus de 1mm d’épaisseur ?