Le bruit sismique de la distanciation sociale : la Terre entière a moins vibré en raison du confinement
Le manque d’activité pendant le confinement du à la COVID-19, entre mars et mai, a fait chuter de 50 % les vibrations/ le bourdonnement de fond constant de bruits sismiques à haute fréquence, liées à l’activité humaine sur la Terre.
Selon une recherche menée par l’Observatoire royal de Belgique, l’effet direct des mesures d’éloignement social, de la fermeture des services et de l’industrie, et de la baisse du tourisme fut la période de calme la plus longue et la plus prononcée de l’histoire des bruits sismiques.
En conséquence, les scientifiques ont pu écouter des signaux sismiques auparavant masqués et faire la distinction plus clairement que jamais entre le bruit sismique humain et celui naturel.
La diminution du bruit humain était plus évidente dans les zones urbaines densément peuplées, mais l’étude a également trouvé des signes du confinement sur des capteurs enterrés à des centaines de mètres sous terre et dans des zones plus éloignées.
Selon Stephen Hicks de l’Imperial College London, coauteur de cette étude :
C’est la première étude mondiale de l’impact de l’anthropause du coronavirus sur la Terre solide sous nos pieds.
Le projet a rassemblé plus de 70 chercheurs de 66 institutions du monde entier. Ils ont examiné les données sismiques de 268 stations sismiques dans 117 pays et ils ont constaté une réduction significative du bruit dans 185 d’entre elles.
Les 268 stations sismiques avec des données utilisables. Les effets du confinement sont observés en rouge à 185. La taille des symboles est mise à l’échelle par l’inverse de la densité de population pour mettre en évidence les stations situées dans des zones éloignées. (Thomas Lecocq et Coll./ Science)
Débutant en Chine fin janvier 2020, ils ont suivi une phase d’accalmie entre mars et mai, alors que les mesures de confinement se mettaient en place dans le monde entier.
A partir de l’étude : l’évolution de l’amplitude du bruit ambiant sismique pour chaque station indiquée sous forme de barres à hauteur variable. Les dates de confinement (LD1) pour chaque pays apparaissent sur le côté gauche. (Thomas Lecocq et Coll./ Science)
Les plus grands changements dans les secousses ont été constatés dans des régions comme Singapour et New York, mais des baisses ont également été observées dans des régions reculées comme la Forêt noire en Allemagne et Rundu en Namibie. Dans des pays comme la Barbade, où le confinement coïncide avec la saison touristique, on a constaté une baisse de 50 %.
Les sismomètres appartenant à des particuliers, qui mesurent des vibrations plus localisées, ont noté des baisses autour des universités et des écoles en Cornouailles, au Royaume-Uni, et à Boston, aux États-Unis, qui étaient de 20 % supérieures à celles enregistrées pendant les vacances scolaires.
Les chercheurs affirment que cette période unique a permis d’écouter les vibrations naturelles de la Terre sans les distorsions dues à l’intervention humaine.
Les signaux sismiques auparavant dissimulés étaient beaucoup plus clairs sur les sismomètres des zones urbaines, en particulier pendant la journée, et les scientifiques pouvaient faire la différence entre les bruits d’origine humaine et les signaux naturels qui pouvaient avertir de catastrophes naturelles à venir.
Et c’est important, déclare l’auteur principal, Thomas Lecocq, de l’Observatoire royal de Belgique.
Avec l’urbanisation croissante et l’augmentation de la population mondiale, de plus en plus de personnes vivront dans des zones géologiquement dangereuses. Il sera donc plus important de différencier les bruits naturels des bruits d’origine humaine, afin de pouvoir écouter et mieux surveiller les mouvements du sol sous nos pieds. Cette étude pourrait contribuer à lancer ce nouveau domaine d’étude.
L’étude publiée dans Science : Global quieting of high-frequency seismic noise due to COVID-19 pandemic lockdown measures et présentée sur le site de l’Observatoire royal de Belgique : La pandémie de COVID-19 entraîne une réduction du bruit sismique sans précédent.