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Une éruption volcanique en Alaska aurait contribué à la chute de la république romaine

25 Juin 2020 | 2 commentaires

chute empire romain 1 20

La montée de l’Empire romain a peut-être été favorisée par un événement inattendu : une colossale éruption volcanique qui a eu lieu de l’autre côté de la Terre. Cette éruption fut la plus importante de l’hémisphère nord au cours des 2 500 dernières années, et ses retombées ont pu modifier de façon spectaculaire le climat antique, déclenchant famine, maladies et troubles sociaux dans la période qui a suivi la mort de Jules César.

Image d’entête : « Le cours de l’Empire : Destruction » du peintre anglais Thomas Cole, 1836. (Wikimédia)

Les scientifiques soupçonnent depuis longtemps qu’une période de froid extrême, mentionnée dans des rapports historiques et des données climatiques indirectes après l’assassinat de Jules César en 44 avant J.-C., pourrait avoir été déclenchée par une puissante éruption volcanique. Cependant, jusqu’à présent, on ne savait pas où et quand ce volcan est entré en éruption.

Une étude publiée cette semaine (lien plus bas) a peut-être enfin trouvé les réponses à ces questions, et elle met également en lumière l’effet que les retombées ont pu avoir pendant cette période tumultueuse de bouleversements politiques. Pour les besoins de l’étude, l’équipe a entrepris une nouvelle analyse de six carottes de glace prélevées dans l’Arctique, ainsi que d’autres prélevées au Groenland et en Russie.

Des enregistrements détaillés des éruptions volcaniques explosives passées sont archivés dans cette calotte de glace du Groenland et accessibles par des opérations de forage en profondeur. (Dorthe Dahl-Jensen)

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À partir des dépôts de matériaux préservés dans les carottes, les chercheurs ont pu identifier deux événements volcaniques distincts. Le premier était une puissante, mais relativement courte, éruption qui aurait eu lieu en janvier ou février de l’an 45 avant Jésus-Christ. La seconde, beaucoup plus importante, a eu lieu au début de l’année 43 avant Jésus-Christ.

Ces carottes de glace montrent que la seconde éruption fut vraiment massive, et que les effets extrêmes des retombées volcaniques ont duré plus de deux ans.

L’équipe a ensuite effectué une analyse chimique des cendres volcaniques, connues sous le nom de téphra, qui se trouvaient dans les échantillons de glace, et les a comparées aux débris de l’éruption d’un volcan de l’Alaska appelé Okmok II. Cet événement volcanique qui forme une caldeira est considéré comme l’une des plus grandes éruptions ayant eu lieu au cours des 2 500 dernières années.

L’île d’Umnak en Alaska, dans les Aléoutiennes, montrant l’immense caldeira de 10 km de large (en haut à droite), en grande partie créée par l’éruption d’Okmok II en 43 avant J.-C., à l’aube de l’Empire romain. (Landsat-8 Operational Land Imager/ U.S. Geological Survey)

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Le volcan Okmok en Alaska (Christina Neal/ Alaska Volcano Observatory/ USGS)

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Selon l’un des auteurs de l’étude, Gill Plunkett, de l’université Queen’s de Belfast (Ireland) :

La concordance des téphras est sans appel. Nous avons comparé l’empreinte chimique du téphra trouvé dans la glace avec celle de téphras provenant de volcans que l’on pense être entrés en éruption à cette époque et il était très clair que la source des retombées de 43 av. J.-C. dans la glace était l’éruption d’Okmok II.

Le lieu et la date de l’éruption étant actuellement connus, les membres de l’équipe ont recueilli des données climatiques indirectes du monde entier, en partie sous la forme d’analyses des cernes des arbres et d’enregistrements climatiques de la formation des grottes. Ils ont ensuite introduit leurs données dans un modèle informatique de la Terre afin de déterminer l’effet que l’éruption a pu avoir sur l’ancien climat.

Les résultats ont indiqué que les deux années qui ont suivi l’éruption auraient été parmi les plus froides que l’hémisphère nord ait connues au cours des 2 500 dernières années. En outre, les dix années qui ont suivi l’événement ont été les quatre plus froides de cette période. Ces conclusions sont confirmées par les données historiques qui ont survécu jusqu’à ce jour.

Chronologie montrant les températures estivales européennes et les niveaux de soufre et de cendres volcaniques en relation avec l’éruption d’Okmok II et les événements historiques importants de la République romaine et du Royaume ptolémaïque de 59 à 20 av J-C. (Desert Research Institute )

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Les températures moyennes auraient pu chuter de 7 °C au total et les précipitations estivales auraient pu augmenter de 50 à 120 % par rapport aux niveaux normaux dans toute l’Europe du Sud. À l’automne suivant, il aurait pu y avoir 400 % de la quantité de pluie habituelle.

Ce changement extrême du climat et des conditions météorologiques aurait fait des ravages dans les anciennes exploitations agricoles, entraînant des mauvaises récoltes, des famines et des épidémies. Selon l’équipe, le changement de climat a également eu un impact important sur les crues saisonnières du Nil, un événement vital pour les agriculteurs égyptiens, sans lequel leurs cultures se faneraient pour mourir. Même avant cette calamité, la sécurité alimentaire en Égypte était un sérieux problème.

Relativement peu de temps après l’éruption d’Omok II, alors que le monde entier se débattait avec les retombées climatiques qui en découlaient, la République romaine et le royaume ptolémaïque égyptien tombèrent ensemble. À leur place s’est installé l’Empire romain, largement autocratique.

Selon l’auteur de l’étude, Joe McConnell, docteur du Desert Research Institute à Reno, Etats-Unis :

Trouver des preuves qu’un volcan de l’autre côté de la terre est entré en éruption et a effectivement contribué à la disparition des Romains et des Egyptiens et à l’essor de l’Empire romain est fascinant. Cela montre certainement à quel point le monde était interconnecté, même il y a 2 000 ans.

L’équipe pense que les retombées de l’éruption d’Okmok II ont joué un rôle important dans le démantèlement de ces anciens empires qui, bien qu’extrêmement avancés pour cette période de l’histoire de la Terre, n’étaient pas préparés à faire face au choc volcanique inattendu.

Les événements volcaniques qui ont directement précédé l’éruption d’Okmok II contribuent également à expliquer certains phénomènes atmosphériques et apparemment célestes qui ont été interprétés comme des présages dans le temps entourant la mort de Jules César. Il s’agit notamment de l’obscurcissement du Soleil dans le ciel et de l’apparition de halos solaires.

L’étude publiée dans The Proceedings of the National Academy of Sciences : Extreme climate after massive eruption of Alaska’s Okmok volcano in 43 BCE and effects on the late Roman Republic and Ptolemaic Kingdom et présentée sur le site du Desert Research Institute : Eruption of Alaska’s Okmok volcano linked to mysterious period of extreme cold in ancient Rome et sur le site de l’université Yale  : Climate change, the rise of the Roman Empire, and the fall of the Ptolemies.

 

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