Le changement climatique entraîne une prolifération d’algues à la surface de la neige de l’Antarctique
La péninsule Antarctique est l’une des régions de la planète qui se réchauffe le plus rapidement. Les températures ont déjà augmenté de 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels et cette tendance devrait se poursuivre, ce qui entraînera un large éventail de conséquences.
Localisation de la péninsule Antarctique. (Wikimédia)
Parmi celles-ci, et l’une des plus visibles, il y a ce que l’on appelle la “neige verte”. La prolifération d’algues à la surface de la péninsule fait que la neige devient verte. Ce phénomène peut être lié au changement climatique et devrait s’étendre à tout le continent glacé à mesure que les températures augmentent, selon une nouvelle étude.
Image d’entête : une photographie montrant une efflorescence d’algues de neige dominée par des algues vertes commençant à se détacher de la couverture neigeuse saisonnière le 26 janvier 2018, sur l’île d’Anchorage. ((AFP PHOTO/ Matthew Davey/ Université de Cambridge)
Un groupe de chercheurs a créé la première carte à grande échelle des algues microscopiques de la péninsule Antarctique, en utilisant des mesures sur le terrain et des données satellitaires recueillies entre 2017 et 2019. Selon les chercheurs, les températures plus chaudes créent des conditions plus » propices » aux algues.
Selon leur étude :
Avec la surface disponible pour la colonisation végétale sur la péninsule qui va probablement tripler en raison de ce réchauffement, comprendre comment les algues des neiges s’intègrent dans la biosphère de l’Antarctique et leur réaction probable au réchauffement est essentiel pour comprendre l’impact global du changement climatique sur la végétation de l’Antarctique.
La carte sera utilisée comme référence pour comprendre la vitesse à laquelle la péninsule Antarctique se verdit en raison de la crise climatique, offrant ainsi de la nourriture à d’autres espèces. Les chercheurs ont déjà constaté que les algues peuvent former des liens avec des spores fongiques et des bactéries.
(AFP PHOTO/Dr Matt Davey/ Université de Cambridge)
Pour Matt Davey, l’un des chercheurs :
C’est le début de nouveaux écosystèmes.
On peut maintenant voir de grandes zones de neige verte le long du littoral de la péninsule Antarctique, principalement dans les zones plus chaudes où les températures dépassent 0 °C pendant les mois d’été, qui vont de novembre à février. Des températures inhabituellement élevées ont été enregistrées en février, comprenant quelques vagues de chaleur.
(AFP PHOTO/Dr Matt Davey, Université de Cambridge)
Les chercheurs ont identifié 1 679 efflorescences distinctes d’algues vertes sur la surface de la neige, couvrant une superficie de 1,9 km2. Cela représente un puits de carbone d’environ 479 tonnes par an. Un puits de carbone est un réservoir qui absorbe plus de carbone qu’il n’en libère. Près des deux tiers des efflorescences d’algues ont été trouvées sur de petites îles autour de la péninsule.
Selon le Pr Andrew Gray, auteur principal de l’étude et chercheur à l’université de Cambridge (Royaume-Uni) :
Avec le réchauffement de l’Antarctique, nous prévoyons que la masse globale d’algues des neiges augmentera, car la propagation vers les terres plus élevées compensera largement la perte de petites parcelles d’algues sur les îles.
Les chercheurs avaient remarqué par le passé des changements dans les lichens verts et les mousses de la péninsule Antarctique. Mais ceux-ci poussent extrêmement lentement par rapport aux algues.
À l’avenir, l’équipe se concentrera sur la mesure des algues rouges et orange afin de déterminer comment leur présence pourrait affecter la qualité de l’albédo de la neige qui réfléchit la chaleur.
L’étude publiée dans Nature Communications : Remote sensing reveals Antarctic green snow algae as important terrestrial carbon sink et présentée sur le site de l’université de Cambridge : Climate change will turn coastal Antarctica green.